Avant les superproductions pyrotechniques que l’on connaît aujourd’hui, il a fallu inventer les premiers feux d’artifice. De mélanges chimiques hasardeux à la Poudre Noire, ils sont devenus une tradition. Mais comment sommes-nous passés des petits feux de Bengale aux productions enflammées d’aujourd’hui ? Retour sur un phénomène qui illumine les yeux des petits et des grands.

Une invention orientale

Les origines exactes des feux d’artifice font encore débat. On situe les premiers d’entre eux entre le VIIè et IXè siècle. Les Chinois utilisaient des mélanges de bitume, de résine, de salpêtre et de soufre, pour produire des pluies de flammes dans le but d’impressionner et de maintenir à distance leurs ennemis dans les combats. C’est entre le Xe et XIe siècle que la Poudre Noire (ou poudre à canon) va faire son apparition. Toujours une invention chinoise, cette poudre est un mélange déflagrant de salpêtre, de charbon de bois et de soufre.

Il faudra attendre deux siècles avant de voir cette invention introduite en Europe. Elle est rapportée par le célèbre navigateur Marco Polo après l’un de ses voyages en Extrême-Orient.

Les premiers feux d’artifice - © Livresetscience.com
Les premiers feux d’artifice – © Livresetscience.com

Balbutiements, popularité et abandon

L’utilisation festive des feux d’artifice va prendre du temps. En Europe, la Poudre Noire va d’abord servir l’art de la guerre. En effet, la fameuse poudre va être utilisée pour fabriquer des armes ou des bombardes. La France va alors s’en servir une première fois lors de la bataille de Crécy en 1346. Au Moyen-Âge, les feux d’artifice rendent la population superstitieuse. Ils sont alors utilisés pour mimer l’Enfer, ou pour reproduire les flammes crachées par un dragon. Le divertissement lié aux feux d’artifice ne fait son apparition qu’au début du XVIIè siècle.

C’est lors du mariage de Louis XIII avec Anne d’Autriche, qu’est tiré le premier vrai feu d’artifice en France, place des Vosges à Paris.

À partir de là, des écoles de pyrotechnie se développent en Italie, en Prusse et surtout en France. Les feux d’artifice connaissent leur apothéose sous le règne de Louis XIV, où les jardins du château de Versailles accueillent de grandes fêtes ponctuées de tirs de feux d’artifice. Rapidement, ils deviennent une attraction grandiose et populaire. On tire des feux d’artifice à tous les événements historiques, qu’ils soient militaires ou civils. Batailles remportées, mariages, nouvel an, toutes les occasions sont bonnes pour un spectacle de pyrotechnie. À chaque événement, les décors et les feux d’artifice deviennent de plus en plus fastueux. Cependant, les explosions ne sont pas encore totalement maîtrisées et on recense beaucoup d’incendies.

Fête donnée par Louis XIV pour célébrer la reconquête de la Franche-Comté, à Versailles, en 1674. Cinquième journée. Feu d'artifice sur le canal de Versailles, par Jean Le Pautre (1618-1682). Tiré de l’ouvrage en 1 volume avec les fêtes « Les plaisirs de l’Isle enchantée », Ex-libris  Grosseuvre. © Paris, musée du Louvre/RMN-GP/Thierry Le Mage
Fête donnée par Louis XIV pour célébrer la reconquête de la Franche-Comté, à Versailles, en 1674. Cinquième journée. Feu d’artifice sur le canal de Versailles, par Jean Le Pautre (1618-1682). Tiré de l’ouvrage en 1 volume avec les fêtes « Les plaisirs de l’Isle enchantée », Ex-libris  Grosseuvre. © Paris, musée du Louvre/RMN-GP/Thierry Le Mage

Mais la ferveur liée aux explosions pyrotechniques va s’essouffler. Jugés trop coûteux, la France rompt avec les feux d’artifice sous la Ière République. 

Retour en force et exaltation

C’est pendant le Premier et le Second Empire que la France renoue avec la tradition des spectacles pyrotechniques. C’est à cette époque que les feux d’artifice se diversifient. L’alchimie s’est modernisée, les feux ne sont alors plus uniquement blancs ou jaunes mais aussi colorés. Car c’est en mélangeant des composés métalliques portés à haute température que l’on obtient des couleurs. Bleu, blanc, rouge, chandelles, feux de Bengale, fusées, il y en a pour tous les goûts.

En 1880, sous la IIIème République, la fête nationale adopte les feux de Bengale pour sa célébration. Depuis, il ne se passe plus un 14 juillet sans feux d’artifice.

Photo by Arthur Chauvineau on Unsplash
Photo by Arthur Chauvineau on Unsplash

Aujourd’hui les spectacles pyrotechniques se sont imposés comme un art à part entière et une vraie discipline

La ville de Compiègne, en Picardie (berceau des feux d’artifice pendant des années) accueille depuis 2016, les Masters de feu. Ce festival international met en compétition trois artificiers internationaux dans une compétition d’art pyrotechnique avec une thématique imposée. Chaque année, jurés et public en prennent plein les yeux. Et cocorico, en 2018, c’est l’équipe française qui a remporté le concours.

Du moment où les spectacles pyrotechniques ont été réintroduits dans la culture française, ils n’ont cessé d’évoluer. Des petites fusées lancées sur les champs de bataille aux superproductions enflammées et colorées d’aujourd’hui, les feux d’artifice n’ont jamais cessé d’impressionner et d’émerveiller le public. Depuis quelques années, les spectacles pyrotechniques sont devenus des productions de haut-vol mettant en scène sons et lumières. Aujourd’hui, les feux d’artifice se renouvellent encore, avec des spectacles de drones… Mais beaucoup vous diront, que ceux-là, ne sont en rien comparables aux feux d’artifice.

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Par  Clara Lefevre-Manond ,

Née à Lille, passée par les Deux-Sèvres, Clara est revenue dans la capitale des Flandres pour ses études. Danseuse classique, elle a aussi fait du tennis. Sportive, elle ne laisse pas un challenge lui saper le moral. Souriante et généreuse, voilà comment la qualifier. Mais attention, sous ses yeux bleus, se cache un sacré caractère : qui s’y frotte s’y pique !

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