La mort de Pablo Escobar signe la fin du cartel de Medellín, mais pas du mythe qui l’entoure.
Des années après la mort de Pablo Escobar le 2 décembre 1993, certains lui vouent encore un culte. Sans compter la frénésie visuelle qu’inspire celui que l’on a surnommé le Robin des Bois de la Colombie. C’est qu’en regardant Narcos, on le trouverait presque cool Pablo. Pourtant, le baron de la drogue n’a pas hésité à mettre son pays à feu et à sang pour son empire de cocaïne. De la poudre à la poussière, retour sur le parcours du plus célèbre narcotrafiquant…
Identité : Pablo Emilio Escobar Gaviria, profession : roi de la coke
Né le 1er décembre 1949 à Rionegro (Antioquia), Pablo Escobar grandit dans une Colombie gangrénée par la guerre civile. Adolescent, il commet ses premiers larcins avant de rapidement gravir les échelons de sa nouvelle carrière criminelle.
Il profite ensuite de l’engouement naissant des Américains pour la cocaïne pour mettre sur pied son propre réseau de distribution en 1975. Ses tueurs à gages, les fameux sicarios, éliminent sans scrupule ses concurrents.

Quiconque refuse ses pots-de-vin se fait cribler de balles (plata o plomo : l’argent ou le plomb). Désormais seul maître du jeu, il établit dans la jungle ses propres laboratoires de production pour raffiner la pâte de coca en provenance du Pérou et de la Bolivie.
Mieux :
Son associé Carlos Lehder achète une île aux Bahamas, Norman’s Cay. Ensemble, ils y aménagent une zone de transit entre la Colombie et la Floride, flanquée d’un entrepôt réfrigéré pour stocker leur précieuse marchandise.
Et ça roule plutôt pas mal à Escobar Land : au début des années 1980, le baron de la drogue est au sommet de sa gloire. Il fournit 80 % de la cocaïne sniffée aux 4 coins du monde, avec près de 20 tonnes expédiées par jour.
Pablo Escobar : dealer au grand cœur ?

Devenu milliardaire, Pablo Escobar ne se refuse rien. En guise de provocation, il installe à l’entrée de sa demeure, l’Hacienda Nápoles, une réplique de l’avion utilisé pour sa première livraison aux États-Unis.
Pour s’assurer une paix royale, il propose d’effacer la dette publique de la Colombie et s’attire la sympathie de la plèbe en construisant des routes, des hôpitaux, des terrains de foot et tout un quartier à Medellín : le bario Pablo Escobar.

Évidemment, la générosité n’est pas sa seule motivation. Le Robin des Bois de la Colombie attend en retour une loyauté à toute épreuve.
Il était extrême dans la générosité et l’amour, comme dans la violence et la destruction
Juan Pablo Escobar
Même de nos jours, il n’est pas rare dans certaines maisons de Medellín qu’une photo de Pablo Escobar trône à côté d’une statue de la Vierge. Parce qu’il a offert aux plus démunis ce qu’ils n’attendaient plus : l’espoir d’une vie meilleure.
Un rêve de présidence…
En 1982, Pablo Escobar se lance à la conquête d’une nouvelle forme de pouvoir. Il est élu délégué suppléant sous les couleurs du Parti libéral. Ses pratiques douteuses ne sont pourtant pas au goût de tous.
Elles attirent notamment l’attention du ministre de la Justice, Rodrigo Lara. De fil en aiguille, le roi de la coke est évincé de la scène politique.
Vexé, il fait assassiner ses détracteurs et réplique par une campagne de terreur. Une vague d’attentats déferle alors sur le pays. Plus de 600 policiers sont tués, mais aussi des journalistes, des juges et 3 candidats à la présidence. La Colombie, déjà secouée par l’éruption du Nevado del Ruiz , plonge dans une spirale de violence. Si la fortune de Pablo Escobar continue de prospérer, le vent commence malgré tout à tourner pour le baron de la cocaïne.
Il prend les devants en 1991, en acceptant de se rendre aux autorités. Non sans négocier un traitement de faveur, afin d’échapper à sa plus grande crainte : l’extradition.
Plutôt une tombe en Colombie qu’une cellule aux États-Unis
Pablo Escobar réalise un coup de génie, en obtenant d’être détenu dans une prison tout confort, qu’il fait lui-même construire. Baptisée la Catedral, elle ferait pâlir d’envie les plus grands criminels de tous les temps.
Piscine, jacuzzi, discothèque… Dans son nouveau QG du banditisme, el Patrón se paie même le luxe de faire venir des prostituées quand bon lui chante, ainsi que les traîtres de son cartel pour les torturer et les assassiner.
Je tuerai quiconque me volera le moindre peso
Pablo Escobar
Cette fois la justice réagit. Le président César Gaviria lui annonce en personne son transfert dans une prison digne de ce nom. Ni une, ni deux, Pablo Escobar prend la poudre d’escampette, le 22 juillet 1992.
Sa tête est mise à prix pour 6 millions de dollars. Son évasion marque le début d’une traque infernale, qui ne durera pas moins de 18 mois et mobilisera des milliers de policiers et de militaires colombiens et américains.
De la cavale à la mort de Pablo Escobar le 2 décembre 1993
Poursuivi par le Bloc de Recherche et la DEA, Escobar se terre un temps dans les montagnes, ne restant jamais plus de 48 heures au même endroit. Entre-temps, il a perdu de sa popularité.
Les rangs d’un groupe paramilitaire qui a juré sa perte, Los Pepes, ne cessent de grossir. Sans compter ses rivaux du Cartel de Cali, ravis de la tournure des choses, et des mercenaires alléchés par la récompense…
Reste que c’est le sort de sa famille qui préoccupe le plus Escobar. En tentant de s’enfuir du pays, ses proches se sont fait cueillir à l’aéroport. Depuis, ils vivent reclus à l’hôtel Tequendama à Bogota, sous surveillance policière.
Après avoir tristement célébré son 44e anniversaire, Pablo Escobar téléphone à leur résidence. Fou d’inquiétude, celui qui avait pourtant l’habitude de brouiller les pistes commet l’erreur que les autorités n’attendaient plus.
L’appel durera plus de 2 minutes. Juste assez pour que les troupes armées puissent lui tomber dessus. Acculé, il tente de s’enfuir par le toit avant d’être touché par 3 balles.

En bref
Après la mort de Pablo Escobar le 2 décembre 1993, 25 000 personnes affluent au cimetière d’Itagüí. Certains pleurent leur héros national. D’autres célèbrent la disparition du plus grand narcotrafiquant, abattu par la police colombienne. Une version remise en cause par ses proches. L’ennemi public numéro 1 leur avait toujours soutenu qu’il se suiciderait plutôt que de se faire coincer…
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Par Sandra Dall’Acqua,