Photographe

Benoit Geers est coordinateur du Festival international Next depuis 2009. Ce Festival de théâtre, de danse et de performance propose une programmation pluridisciplinaire et internationale. Il a pour particularité de couvrir un territoire transfrontalier de la Région des Hauts-de-France à la Belgique qui correspond à l’Eurométropole Lille – Kortrijk – Tournai et Valenciennes. La nouvelle saison commencera le 10 novembre 2022. Pour une durée de trois semaines, quarante spectacles sont au programme sur douze villes françaises et belges. Le Festival Next, porteur de valeurs et d’ouverture, soutient des artistes émergents et rassemble des acteurs culturels.

Portrait de Benoit Geers © Festival international Next
Portrait de Benoit Geers © Festival international Next

Pouvez-vous présenter le Festival Next et ses particularités ?

Cette saison sera la quinzième édition du festival organisé par cinq structures qui travaillent sur le territoire transfrontalier qu’on appelle l’Eurométropole Lille – Kortrijk -Tournai et Valenciennes : le Schouwburg Kortrijk, le Centre d’arts BUDA, La Rose des Vents Scène nationale de Lille Métropole, L’Espace Pasolini Théâtre international de Valenciennes et Le Phénix Scène nationale de Valenciennes. Nous travaillons aussi avec des partenaires associés dans les villes de Tourcoing, Dunkerque…

Street art

Le festival est né il y a quinze ans du constat d’un paysage artistique très riche aux offres intéressantes mais qui était segmenté car séparé par des frontières et les barrières de la langue. Nous avons créé un festival unique et transfrontalier en réunissant les expertises de toutes ces structures pour permettre un regard plus libre et ouvert. Le Festival Next est une traversée de découvertes à partir de collaborations qui associent des contextes différents de géographies, d’urbanismes, de langues et de perspectives artistiques. Nous encourageons les publics à la mobilité par un système de navettes gratuites à travers les territoires.

Les artistes investissent une vingtaine de lieux auprès des publics, sur un grand territoire riche d’une offre foisonnante. Les salles, les lieux culturels invitent aussi leurs publics par ce Festival. Dans Next, on dépasse les frontières et on travaille ensemble. Pour la question de la langue, tous les spectacles bénéficient d’un sous-titrage. Nous avons aussi une billetterie commune pour la France et la Belgique. Par exemple de Valenciennes, on peut choisir un spectacle pour Kortrijk ou Waregem. Nous facilitons cette notion de circulation entre les artistes, les publics, dans ce territoire transfrontalier sur différents espaces culturels qui ont au départ chacun leurs spécificités.

Pour cette nouvelle saison, la programmation semble élargie. Le Festival Next se centre sur le théâtre, la danse et la performance, mais il y aura aussi une conférence, des films, une exposition-installation.

Exactement. La richesse du réseau du Festival Next s’est créée grâce à la diversité des programmations des structures, certaines sont des lieux de résidences d’artistes et de création. D’autres offrent une programmation de cinéma Art et Essai. Cette année, nous programmons des films réalisés par des chorégraphes et des metteurs en scène qui sont invités au festival.

En parallèle au spectacle d’ouverture Phoenix d’Eric Minh Cuong Castaing et Shonen, le court-métrage L’âge d’Or est proposé avant et après cette première pièce. Il y a aussi un documentaire autour du projet participatif Set the table de Raquel André et Cristina Carvalhal sur leur processus de création. Le film Composer les mondes sera un support pour un débat d’idées et précèdera la conférence de l’anthropologue Philippe Descola qui sera axée sur l’écologie et la culture.

Vous souhaitez développer de nouvelles approches ?

Oui, inviter à la réflexion notamment dans ce territoire élargi. Comme autre nouveauté cette année, ce sera le lancement de Circulations, c’est un projet de recherche artistique mené par les étudiants de SEAP (Sciences Po Formation en Arts Politiques). Ces étudiants vont étudier les pratiques artistiques, les attentes des publics, les défis de nos territoires notamment urbains, économiques, culturels, écologiques et politiques. Ils s’interrogeront sur ce qui réunit les habitants et sur les domaines qui pourraient être partagés.

Nous sommes dans une région qui connaît de nombreuses connexions et en même temps nous manquons de connaissances sur ce qui se passe dans les territoires voisins. Dans Next, nous voulons faire circuler les idées, les regards. Next rassemble des acteurs culturels flamands, wallons et français et soutient des artistes émergents de cette région. Nous souhaitons que ces artistes se connaissent et développent un réseau. Par le festival, nous soutenons la création et la diffusion.

« In your head » de Pol Pi – Cie NO DRAMA & SOLISTENENSEMBLE KALEIDOSKOP © Valentina Benigni
« In your head » de Pol Pi – Cie NO DRAMA & SOLISTENENSEMBLE KALEIDOSKOP © Valentina Benigni

Le Festival Next est novateur, il a réuni des acteurs et des artistes de cette région transfrontalière et des artistes venus de la scène internationale. C’est aussi un festival qui par sa programmation rapproche le public des artistes et des spectacles.

Exactement, oui.

Il y a des moments proposés au public pour rencontrer les artistes, pour échanger après les représentations, des moments de convivialité sont également prévus. Il y a aussi du participatif.

Ce sont les organisateurs et les partenaires associés qui sont à l’initiative de toutes ces actions auprès du public. Next a pour objectif de faire se rencontrer les gens dans le contexte d’expériences artistiques. Il y a plusieurs actions proposées grâce à la mobilisation de toutes ces équipes. Ça demande une forte collégialité, une générosité et un engagement de toutes les équipes sur différents niveaux, depuis quinze ans.

Pour revenir au public, un partenaire associé, Le Théâtre du Grand Bleu de Lille, est à l’initiative d’un projet qui réunit des étudiants européens qui ont entre seize et vingt et un ans, et qui sont accueillis au festival pour des thèmes comme la pratique artistique et les actions de reportages, de médias. Ce sont des expériences extraordinaires pour ces jeunes. Pour cette année, nous avons aussi fait un partenariat avec des universités. Des sujets d’études ont été proposés. Des groupes d’étudiants vont investir le festival par des ateliers, s’impliquer dans des projets artistiques, sociétaux, en relations internationales…

« 10 000 gestes » de Boris Charmatz © Laurent Philippe
« 10 000 gestes » de Boris Charmatz © Laurent Philippe

Pour les artistes, il y a des têtes d’affiche et des artistes émergents. Comment procédez-vous au choix des artistes, c’est en partenariat aussi ?

Depuis le début, la collaboration est à la base de notre travail de programmation. Le Festival Next s’appuie sur cinq lieux co-organisateurs et nous travaillons avec des partenaires associés. Toutes les structures travaillent ensemble, c’est un partage d’expériences, d’études de dossiers. Ce n’est pas du tout un collage de spectacles, chaque projet est discuté et validé ensemble. C’est un choix, ce n’est pas toujours simple car chaque structure a ses réalités organisationnelles, financières, politiques aussi. C’est pourquoi notre travail demande une collégialité, une écoute et une entente pour renforcer nos collaborations.

Votre rôle consiste à tisser des liens.

Dans Next, nous sommes dans le spectacle vivant et la création contemporaine internationale. Le regard sur l’altérité est important. Nous créons de la rencontre entre les gens, les acteurs culturels, et entre les langues. C’est une période de bouleversements. Nous sommes convaincus que l’autre est essentiel. On ne va pas changer le monde mais nous avons besoin de liberté culturelle pour avancer et progresser.

Propos recueillis par Fatma Alilate

Programmation du Festival Next du 10 novembre au 2 décembre 2022

Les cinq co-organisateurs du Festival NEXT :

Schouwburg Kortrijk appartient au réseau des grands centres culturels en Flandre et a une vaste programmation : 200 représentations en théâtre, humour, musique pop et classique, théâtre musical et une programmation de danse contemporaine.

Le Centre d’arts BUDA est un lieu de création où chaque année 150 artistes créent leurs nouveaux spectacles dans des studios et salles de théâtre équipés. Ces productions sont présentées au public lors de divers festivals et représentations. BUDA a aussi un cinéma d’art et d’essai avec la projection d’au moins trois films par jour.

La Rose des Vents, Scène nationale de Lille Métropole – Villeneuve d’Ascq, fait partie du réseau français des Scènes nationales. Ses missions principales sont la présentation de productions de théâtre et de danse nationales et internationales, le soutien à la création artistique et une forte relation au public.

L’Espace Pasolini, Théâtre international de Valenciennes, est un lieu de recherche et de création pour la danse et la performance contemporaine. La structure est reconnue pour son soutien à la jeune création et son rôle dans l’action culturelle.

Le Phénix, Scène nationale de Valenciennes est un lieu unique qui dispose de deux salles de spectacle, d’un espace de répétition, d’un restaurant et d’un espace d’exposition. Toute la saison, Le Phénix s’attache à mettre en avant une programmation pluridisciplinaire (théâtre, danse, musique, performances…) où se côtoient artistes confirmés et émergents.

Rédaction de contenus

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