Depuis 1964, la Fondation François Sommer œuvre pour la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité. Par son mécénat, l’institution participe à des actions en faveur de la nature et de la culture. Ce vendredi 20 janvier, le Prix littéraire François Sommer a été attribué à Sibylle Grimbert pour Le Dernier des siens, paru aux éditions Anne Carrière.

Six essais et deux romans concouraient à ce Prix, en lien avec les engagements de François Sommer (1904-1973).

Jacqueline et François Sommer - Avion Mélanie, années 1950 © Fondation François Sommer
Jacqueline et François Sommer – Avion Mélanie, années 1950 © Fondation François Sommer

Amoureux de la nature et chasseur

Ce grand industriel qui a beaucoup voyagé est considéré comme un précurseur de l’écologie humaniste. Il a œuvré pour le respect du monde animal et de l’environnement. Engagé dans la résistance dès 1940, il est un héros de l’aviation et Compagnon de la Libération. Amoureux de la nature et chasseur, François Sommer a été un visionnaire sur la fragilité des écosystèmes. Dans son domaine des Ardennes, il a réintroduit des animaux en voie de disparition. En Afrique, il a ouvert une importante réserve pour protéger la faune sauvage.

Ami du président de la République Georges Pompidou (1911-1974), il est intervenu pour la création du premier ministère en charge de l’environnement. Il a aussi agi pour l’encadrement réglementé de la chasse. Avec son épouse Jacqueline Sommer (1913-1993), ils ont fondé en 1967 le fascinant Musée de la Chasse et de la Nature dans le quartier du Marais. Bibliophile passionné, c’est pour lui rendre hommage que Jacqueline Sommer a créé le Prix François Sommer.

Doté de 15 000 euros, ce Prix littéraire récompense chaque année une œuvre qui explore les rapports de l’homme à l’animal et à la nature. Avant la remise du Prix, Xavier Patier, président du jury et écrivain, a rappelé les sujets des différents livres retenus. Il a notamment salué Les veilleurs du vivant de Vanessa Manceron, un essai savant et élégant sur la ruralité anglaise.

Xavier Patier - Cérémonie du Prix littéraire Fondation Sommer 2023 © Fatma Alilate
Xavier Patier – Cérémonie du Prix littéraire Fondation Sommer 2023 © Fatma Alilate

Un message optimiste

La lauréate Sibylle Grimbert a partagé son enthousiasme à propos du Prix littéraire François Sommer : « Les livres qu’il a couronnés et la diversité des champs qu’il récompense, en font un Prix passionnant. Il prouve que ce qui touche à la nature est aujourd’hui entré de plain-pied dans le champ littéraire et intellectuel. » Pour la romancière, ce Prix qui peut à la fois récompenser un essai ou un roman est un gage d’indépendance et d’intelligence.

Elle le perçoit comme étant un message optimiste car elle n’est pas une militante de la cause animale. Elle s’est intéressée aux animaux et il y a eu une maturation. Pour la rédaction de son roman qui s’étend de 1835 à 1840, Sibylle Grimbert s’est basée sur des recherches. Le Dernier des siens raconte une relation privilégiée entre Gus, un jeune scientifique, et Prosp, un Grand Pingouin. L’animal très attachant est le dernier de son espèce. Il a survécu au massacre de toute une colonie par des marins-pêcheurs.

Avant leur extinction définitive, les Grands Pingouins étaient convoités pour leurs plumes, leurs chairs… Même les musées souhaitaient des spécimens morts ou vifs. Gus dont les idées sont d’abord étriquées considère Prosp comme un simple objet d’étude. Mais par des gestes affectueux, il le sauve – Prosp a été gravement blessé. Très rapidement, Gus évolue et prend conscience de l’irrémédiable. Il s’interroge sur ses sentiments pour cet animal voué à disparaître.

Couverture du livre "Le Dernier des siens" de Sibylle Grimbert
Couverture du livre « Le Dernier des siens » de Sibylle Grimbert

Le Prix littéraire François Sommer initié dès 1980 est très actuel

Face aux défis de l’urgence climatique et de ses conséquences, toute une génération se mobilise. Cette tendance est également forte chez les auteurs. En quarante ans, il y a eu une nette progression d’ouvrages qui traitent de la nature et de la cause animale. Le sujet est une préoccupation des artistes (arts plastiques, danse contemporaine…).

Chaque année, la Fondation François Sommer valorise et soutient un auteur. Pour le président du jury Xavier Patier, Le Dernier des siens propose une présentation subtile de l’animal, en résonance avec la disparition de l’humanité.

Fatma Alilate

Prix François Sommer 2023 : Le Dernier des siens de Sibylle Grimbert

Editions Anne Carrière, 182 pages

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