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Qu’il s’agisse de reprise complète ou de simple sample, les artistes s’inspirent les uns et les autres depuis la nuit des temps. Aujourd’hui, on chante, on danse, on scande les paroles de nos musiques préférées et des plus gros tubes de l’histoire, mais il ne s’agit pas toujours des versions originales … Alors rendons à César ce qui lui appartient avec un tour d’horizon des 20 hits les plus connus mais qui sont en fait des reprises.

Vous voyez votre musique préférée, celle que vous écoutez en boucle, celle dont vous ne vous lassez jamais, celle où vous pouvez danser des nuits entières dessus ? Et bien si je vous disais qu’il ne s’agissait pas d’une création originale de l’artiste, mais d’une reprise, ne seriez-vous pas déçu ? Si, un peu (voire beaucoup), car vous avez passez tant de temps à adorer cette musique et d’un coup une vérité crue vous éclate au visage. Je vous comprends, je l’ai vécu, je me suis même sentie trahie, c’est pour dire. Alors avant de commencer la lecture, tenez-vous prêts. Et ne dites pas que vous n’avez pas été prévenu.

Street art

1 – « Hallelujah » de Jeff Buckley, 1994

Mondialement connue, cette chanson a elle aussi été reprise maintes et maintes fois. Sauf qu’en réalité, c’est le poète, romancier, auteur-compositeur-interprète, Léonard Cohen, qui se cache derrière cette mélodie. L’artiste canadien l’a écrite, composée et proposée dans son album Various Positions sorti en 1984. Une version différente, plus grave accompagnée d’un chœur de gospel alors que celle de Jeff Buckley est plus intimiste.

Versions originales

2 – « Somewhere Over the Rainbow » d’IZ, 1993

Ukulélé, fredonnement, cette chanson de l’hawaïen Israel Kamakawiwo’ole est incontournable (et indétrônable). Si bien qu’elle a complètement éclipsé la version originale de Judy Garland dans le film Le Magicien d’Oz (1939). Cette version originale est malgré tout revenue sur le devant de la scène avec le biopic Judy sorti en 2019 avec Renée Zellweger dans le rôle principal.

Versions originales

3 – « I will always love you », de Whitney Houston, 1992

Bande originale du film « Bodyguard », cette chanson est un succès mondial qui en fait la bande originale la plus vendue de tous les temps, avec 45 millions d’album vendus dans le monde. La chanson comme son interprète sont devenues des légendes. Pourtant, une autre légende, Dolly Parton est à l’origine de cette déclaration d’amour, qu’elle a écrite et chantée en 1974 dans son célèbre album Jolene.

Versions originales

4 – « DJ » de Diam’s, 2003

Ô comme la déception fût grande. Le fabuleux, que dis-je, l’iconique « Laisse-moi kiffer la vibes avec mon mec » est une reprise plus ou moins camouflée de « Sway » de Norman Gimbel, interprétée par Dean Martin ; elle-même une adaptation d’un mambo mexicain des années 50 : « Quien sera » composé par Pablo Beltran Ruiz. Autant dire que le mambo a été sacrément revisité.

Versions originales

5 – « L’homme à la moto », Edith Piaf, 1956

Rien qu’en écrivant le titre, la voix d’Edith Piaf résonne dans ma tête. Pourtant, celle qui serait la première à chanter du rock’n’roll en français, n’est pas la première à nous conter l’histoire de ce diable à moto. L’originale (« Black denim trousers and motorcycle boots ») est attribuée au trio The Cheers, inspiré par Marlon Brando pétaradant sur sa moto dans le film L’Équipée Sauvage (1953). Piaf, qui habitait aux États-Unis à cette époque, a repéré le morceau et a demandé à ce qu’on adapte cette chanson pour elle. Le parolier Jean Dréjac s’est alors chargé de cette mission, en restant très fidèle à au texte d’origine.

Versions originales

6 – « Tainted Love » des Soft Cell, 1981

Si le nom de la chanson ne vous dit rien, les premières notes feront le job pour vous. Impossible de ne pas s’être déjà déhanché sur ce hit des années 80. Mais pourtant le duo Soft Cell n’est pas à l’origine de ce tube. L’originale est signée Gloria Jones avec une chanson plutôt rhythm’n’blues qui, dans les années 60 avait enflammée les pistes de danse du nord de l’Angleterre. Cette version plus soul est une vraie pépite assez méconnue du grand public.

Versions originales

7 – « Famous », de Kanye West ft. Rihanna, 2016

Vous entendez cette petite voix à l’arrière, mais si celle qu’on chantonne tous, « Bam bam, ey, What a bam bam, Bam bam dilla, bam bam, Bam bam dilla, bam bam ». Et bien je suis aux regrets de vous dire qu’il ne s’agit nul autre que du sample de « Bam Bam » de Sister Nancy.

Cette musique jamaïcaine sortie en 1982, Bam Bam a été samplé presque plus d’une centaine de fois ! La phrase hypnotique accrocheuse « bam bam », a conduit à sa longévité qui a dépassé la popularité du reggae roots et a été incorporée dans le genre dancehall, où de nombreux chanteurs ou DJs utilisent les paroles et/ou la phrase populaire. Kat DeLuna a même complètement réinterprété le titre dans sa chanson « Bum Bum » en 2015.

Le comble pour l’artiste originale ? Sister Nancy a peiné à recevoir des royalties. Pendant presque 34 ans, l’artiste jamaïcaine a expliqué ne pas avoir touché ses droits d’auteur, car elle n’avait pas été créditée. Un fait commun, pour les artistes noirs à l’époque, où de nombreux producteurs et maisons de disques gardaient les droits et redevances si les chansons étaient samplées ou utilisées par d’autres artistes ou médias. Il a fallu qu’elle attende 2014 pour enfin toucher ce qui lui revient de droit, à la suite de l’utilisation d’un sample dans une publicité Rebook.

Versions originales

8 – « I Love Rock’n’roll », de Joan Jett & The Blackhearts, 1981

On l’a tous crié au moins une fois dans notre vie, c’est comme un rite de passage cette musique. Mais figurez-vous qu’il ne s’agit pas d’une version originale. Ce titre a d’abord vu le jour grâce au groupe britannico-américain The Arrows en 1975. Bien qu’ayant eu peu succès, The Arrows se retrouveront un temps avec leur propre show télé. C’est par ce biais que Joan Jett, en tournée avec les Runaways en 1976, découvre la chanson. Elle ne l’oubliera pas et produira deux versions, dont celle sortie en 1981, la propulsant au rang d’icône rock.

Versions originales

9 – « Beggin’ » de Madcon, 2007

Le rythme endiablé de la version de Madcon nous fait encore tous danser aujourd’hui, pourtant on devrait remercier le groupe The Four Seasons pour cette mélodie. Sortie pour la première fois en 1965, ce sont les compositeurs Bob Gaudio et Peggy Farina qui ont écrit la chanson pour le groupe The Four Seasons. La version originale s’est même classée 16e au Billboard Hot 100 (classement hebdomadaire des 100 chansons les plus populaires aux USA). Plus récemment, c’est le groupe italien Måneskin qui en fait une reprise.

Versions originales

10 – « Respect » d’Aretha Franklin, 1957

La reine de la soul n’est pas à l’origine de cette chanson, mais c’est pourtant cette musique qui a fait d’elle une diva planétaire. L’originale, on la doit au grand Otis Redding.

Aretha Franklin, en reprenant « Respect » en a fait un hymne féministe. Au départ, en 1955, Redding nous chantait une version un brin macho, où l’homme désire que sa femme le respecte, l’estime. Mais c’est sans compter sans Aretha qui en enregistrant sa version le 14 février 1957 à New-York transforme le message. Le coup de sang macho devient alors un cri féministe et émancipateur. Elle réalise quelques arrangements afin d’appuyer la portée engagée du morceau remasterisé. Le magazine Rolling Stone la classera cinquième « chanson de tous les temps« . Elle ajoute un couplet dans lequel elle épèle le mot « R.E.S.P.E.C.T » et chaque lettre chantée s’affiche dans nos esprits en lettres capitales. Avec cette épellation, la reine de la soul ne demande pas le respect, elle l’exige. 

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11 – « My Way » de Frank Sinatra, 1969

Notre Cloclo national a fait chavirer le grand Sinatra avec son titre « Comme d’habitude » sorti en 1967. L’originale de Claude François s’inspire largement de sa rupture avec France Gall. Frank Sinatra, tombe raide dingue de cette chanson, il l’a lui faut en anglais. David Bowie (alors au début de sa carrière) sera d’abord sollicité, mais de son propre aveu, les paroles n’étaient pas d’une qualité suffisante. C’est donc Paul Anka qui va se charger de l’adaptation avant de la présenter à son ami Sinatra. Sa version se classera en 27e position au hit-parade américain en mars 1969.

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12 – « All by Myself » de Céline Dion, 1996

Comment ? La reine Céline n’en est pas à l’origine ?! Cet hymne officiel des personnes tristes sous la pluie lui est souvent attribué, mais que nenni. All by Myself est une reprise d’Eric Carmen. Vocalement moins puissante, sa version est bien moins connue… pourtant, l’originale est émotionnellement plus forte. Écoutez.

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13 – « Dream a Little Dream of Me » The Mamas and the Papas, 1967

Il va y avoir des déçus, mais cette douce et tendre musique, n’est pas celle du groupe de rock The Mamas and the Papas. À l’origine de ce standard des chansons d’amour, il y a Ozzie et Harriet Nelson. En 1931, accompagnés d’un orchestre, ils enregistrent la chanson chez Brunswick Records. Cette première version est inspirée du jazz Nouvelle-Orléans/Early Jazz. Ce classique sera repris par à peu près tout le monde… Ella Fitzgerald, Nat King Cole, Louis Armstrong, Billie Holiday,… Mais c’est la reprise des Mamas and the Papas qui est la plus connue. Elle atteindra le 12e place du Billboard Hot 100 et la 11e place dans les charts britanniques.

Versions originales

14 – « Killing Me Softly with His Song » de Fugees, 1996

Il suffit de lire le titre pour entendre la voix de Lauryn Hill dans ce tube incontournable alors je ne vous cache pas ma stupéfaction en découvrant que les Fugees n’en sont pas à l’origine ! C’est Lori Lieberman qui en est l’interprète originale, inspirée par un de ses poèmes Killing Me Soflty with His Blues, en 1971.

Versions originales

15 – « Bette Davis Eyes » de Kim Carnes, 1981

De sa voix mythique, Kim Carnes nous livre son tube planétaire (le seul malheureusement), Bette Davis Eyes en 81. Cette chanson est elle aussi une reprise de l’originale sortie en 1975 sur l’album New Arrangements de Jackie DeShannon. Cette dernière, pionnière de la folk a écrit ce titre alors totalement passé inaperçu à l’époque. Le coup de  génie revient alors à Kim Carnes (enfin plutôt son claviériste, Bill Cuomo) qui a modifié les arrangements pour en faire un hit imparable, qui rend l’original presque méconnaissable. Fun fact ? L’actrice Bette Davis remerciera même Kim (et ceux qui l’ont écrite tout de même) pour cette chanson dont elle est fan… normal c’est à  son effigie !

Aujourd’hui encore ce morceau est ancré dans nos mémoires, alors merci M. Bill et merci Kim pour cette pépite.

Versions originales

16 – «  You’re in the Army Now » de Status Quo, 1986

La génération Top 50 se trémoussait sur la piste au rythme de «  You’re in the Army Now » pensant que cette chanson originale était signée Status Quo. Loupé ! Cinq ans avant, les frères Bolland enregistraient la première version de ce tube passé quasiment inaperçu (sauf pour le groupe Status Quo apparemment). Vendu à près de 80 millions de copies dans le monde, « You’re in the Army Now » est le plus gros carton du groupe Status Quo.

Versions originales

17 – « Ready or Not » des Fugees, 1995

Encore un coup des Fugees ! Et à nouveau avec un morceau emblématique de leur discographie, le toupet ! L’originale c’est celle de The Delfonics, avec un titre un peu plus long : Ready or Not Here I Come (Can’t Hide From Love) sortie en 1968. Mais la version des Fugees est une reprise à leur sauce : la bande reprend le refrain et quelques couplets, introduit des parties rap et pour finir, donne un petit coup de jeune à l’arrangement. L’histoire de ce morceau est cocasse d’une part parce que le groupe a aussi samplé un morceau de la chanteuse Enya (Song of Boadicea), sans son autorisation… Autant dire qu’elle s’est légèrement agacée de voir sa mélodie associé à des propos plutôt osés tel que « defecating on your microphone » (déféquer sur ton micro)…

Et d’autre part, que ce morceau soul convient parfaitement à la voix de Lauryn Hill, qui enregistre la chanson en pleine détresse émotionnelle : sa relation extra-conjugale avec Wyclef Jean amène son petit lot de tension au sein du groupe.

Versions originales

18 – Valerie, Amy Winehouse et Mark Ronson, 2007

L’incroyable Amy a collaboré avec producteur et DJ Mark Ronson pour cette chanson, Valerie, une musique très jazzy qui colle parfaitement à la voix de la chanteuse. Pourtant il s’agit d’une reprise du groupe de rock The Zutons, sortie juste un an avant. Là aussi la reprise a totalement dépassé l’originale, en même temps, la qualité n’est pas la même (je suis peut-être un peu biaisée étant fan d’Amy Winehouse), à vous de juger…

Versions originales

19 – « Skinny Love » de Birdy, 2011

À sa sortie, les plus jeunes pensaient qu’il s’agissait d’une œuvre originale et pourtant, c’est à Bon Iver que l’on doit cette chanson. Quatre ans avant la reprise de Birdy, le groupe Bon Iver sortait cette chanson dans leur premier album studio For Emma, Forever Ago. Mais pourtant, Birdy a totalement éclipsé l’originale de sa voix douce, il suffit de taper le nom du titre dans la barre de recherche YouTube pour le constater.

Versions originales

20 – The Man Who Sold the World, Nirvana, 1994

Comment ne pas citer cette mythique reprise. Pour ceux qui étaient convaincu de l’originalité de cette chanson par Nirvana, vous risquez d’être déçus… mais un fan incontestable connaît très probablement l’histoire de cette musique. L’originale ? C’est à David Bowie qu’on l’a doit qui l’a diffusé en 1970. Nirvana a repris cette chanson lors d’un MTV Unplugged en 1993. Fun fact ? Il s’agit d’un des titres préférés de Kurt Cobain.

Versions originales

Et vous, connaissez-vous des chansons qui ne sont pas les originales ? Partagez-les nous en commentaire, que l’on tombe des nues un peu plus !

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Article concocté par Clara Lefevre-Manond,

Rédaction de contenus

Née à Lille, passée par les Deux-Sèvres, Clara est revenue dans la capitale des Flandres pour ses études. Danseuse classique, elle a aussi fait du tennis. Sportive, elle ne laisse pas un challenge lui saper le moral. Souriante et généreuse, voilà comment la qualifier. Mais attention, sous ses yeux bleus, se cache un sacré caractère : qui s’y frotte s’y pique !

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