Le premier festival de Woodstock accueille près d’un demi-million de personnes pour « trois jours de paix et de musique » voués à entrer dans la légende.

Du 15 au 18 août 1969, le festival de Woodstock réunit la crème du rock en pleine cambrousse. Sur scène, une trentaine d’artistes se succèdent. Face à eux, plus de 400 000 hippies. Soit dix fois plus que prévu. Dopés à l’amour, mais pas que, tous célèbrent le flower power et protestent à leur manière contre la guerre au Vietnam. Retour sur ce festival considéré comme le point d’orgue de la contre-culture américaine !

Make love, not war

L’engouement autour du festival de Woodstock se comprend à la lueur du contexte historique des sixties. C’est qu’il s’en passe des choses dans les années 1960 aux États-Unis ! On marche sur la lune, mais aussi sur la tête avec le meurtre de Sharon Tate par la Manson Family.

L’assassinat politique est également devenu habituel, de Kennedy à Malcom X, en passant par Martin Luther King. Sans compter les manifestations contre le racisme qui se multiplient et la guerre du Vietnam en toile de fond.

La jeunesse étudiante quant à elle rejette les valeurs conservatrices et le bonheur illusoire de la société de consommation américaine. Cette fracture générationnelle favorise l’émergence d’une contre-culture.

If you’re going to San Francisco , be sure to wear some flowers in your hair

Scott Mckenzie

La vague hippie déferle d’abord sur San Francisco, puis sur le reste du monde occidental. Ivres de liberté, ses adeptes prônent la vie en communauté, l’usage de psychotropes en tout genre et le retour à la nature.

Tous sont en quête d’un idéal. Un Éden, dénué de matérialisme et de violence, pour bâtir sur les cendres d’une société malade une ère nouvelle. Un espoir que le festival de Woodstock s’apprête à leur offrir…

Crédit : Peter Kraayvanger – Pixabay
Crédit : Peter Kraayvanger – Pixabay

Woodstock 1969 : trois jours de paix, d’amour et de musique

Tout part du rêve d’un homme. Le jeune Michael Lang, qui a déjà organisé le Miami Pop Festival en 1968, souhaite créer un studio d’enregistrement. Il choisit Woodstock pour fonder Media Sounds avec Artie Kornfeld, John Roberts et Joel Rosenman.

Le quatuor, inspiré par le succès du Festival Monterey deux ans plus tôt, décide finalement d’organiser un rassemblement musical en plein air : The Woodstock Music & Art Fair.

« Trois jours de paix et de musique. Des centaines d’hectares à parcourir. Promène-toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge. Fais voler un cerf-volant. Fais-toi bronzer. Cuisine toi-même tes repas et respire de l’air pur. »

La promesse, si alléchante soit-elle, n’est pas au goût des habitants. Beaucoup craignent en effet d’être envahis par une horde de hippies chevelus. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à le faire savoir à coup de pétitions.

Un nouveau lieu s’impose, et vite ! Les organisateurs trouvent un plan B grâce à un certain Max Yasgur. Ce fermier leur propose de louer son terrain de 243 hectares à Béthel, une bourgade située 70 km plus loin, dans l’État de New York.

Affiche du festival
Affiche du festival

Un joyeux bordel

À quelques heures du jour J, des milliers de hippies convergent vers Béthel des étoiles plein les yeux. Des embouteillages monstrueux se forment sur les routes. Certains festivaliers prennent leur mal en patience. D’autres abandonnent carrément leur voiture pour poursuivre à pied. Les artistes censés se produire sur scène se retrouvent eux-mêmes bloqués dans les bouchons.

Crédit : Txemari (domaine public)
Crédit : Txemari (domaine public)

L’espoir que le festival se déroule comme prévu fond plus vite qu’un buvard d’acide sur la langue. L’affluence pousse les organisateurs dépassés à déclarer les concerts gratuits. Plutôt cool non ?

Sauf que rien n’a été prévu pour accueillir autant de festivaliers. Les toilettes, l’eau et la nourriture manquent cruellement. L’armée devra même venir en renfort en hélicoptère pour apporter des vivres. Un comble !

S’il vous reste quelque chose à manger, le gars à votre droite est votre frère et la fille à votre gauche votre sœur, alors partagez en toute fraternité.

Janis Joplin

Pour ne rien arranger, la pluie est aussi de la partie. Elle transforme le site en une immense pataugeoirede boue. Sans compter les fils électriques sortis de terre. Bref, du grand n’importe quoi.

La révolution… en musique

Woodstock 1969 réunit toutes les conditions pour tourner au fiasco. Grâce à l’esprit d’entraide, exacerbé par le LSD,  le festival se déroule malgré tout sans accroc majeur. Et puis, c’est bien connu, la musique adoucit les mœurs !

Janis Joplin, Jimi Hendrix, The Who, Canned Heat, Crosby, Stills, Nash and Young… La programmation a de quoi faire planer. Même sans substances. Certes, certains mastodontes comme Bob Dylan, les Doors ou encore les Beatles manquent à l’affiche. 

Mais plus d’une trentaine d’artistes sont présents pour électriser la foule. Certains au firmament. D’autres encore inconnus du grand public, comme Joe Cocker et Santana, mais qui brilleront lors de leur passage.

Bref, des concerts légendaires qu’on aurait voulu ne pas louper. Certaines interprétations sont même devenues cultes :

  • Freedom  (Richie Havens) ;
  • White Rabbit (Jefferson Airplane) ;
  • My Generation (The Who) ;
  • etc.

Prévu du 15 au 17 août 1969, le festival de Woodstock est prolongé jusqu’au lundi 18 août en raison de nombreux retards.

Il ne reste plus « que » 30  000 spectateurs lorsque Jimi Hendrix monte enfin sur scène et revisite l’hymne américain. Sa performance tout en distorsion et vibrato, évoquant les bombardements au Vietnam, fera sensation.

Le festival de Woodstock 1969 : du mythe à la réalité

À chaque édition anniversaire de Woodstock, c’est la même rengaine. On se repaît des anecdotes croustillantes autour du festival. On mentionne volontiers les couples qui s’y sont formés et les naissances qui y ont eu lieu. Moins la zone déclarée sinistrée après le festival…

Sans compter les interventions médicales liées aux bad trips et les 2 morts qui ont endeuillé l’événement (un par overdose, l’autre écrasé par un tracteur).

Pire : la nouvelle ère chantée au festival n’a pas eu lieu. Les États-Unis se sont embourbés dans le conflit vietnamien. Janis Joplin et Jimi Hendrix ont rejoint le Club des 27. Et des milliers d’idéalistes ont dû troquer leur pantalon patte d’eph’ pour une tenue de travail.

Les hippies sont les derniers porteurs de la grande illusion. La génération suivante est celle de la crise : les punks revendiquent le désespoir. 

Pierre Delannoy

Pourtant, les photos qui montrent à quel point Woodstock était dément continuent de nous fasciner. Parce que du 15 au 18 août 1969, en dépit des conditions désastreuses, les festivaliers ont démontré une force générationnelle sans précédent.

La foule lors du festival de Woodstock
La foule lors du festival de Woodstock

En bref

Chant du cygne des sixties, Woodstock 69 clôt une décennie tourmentée. De son héritage psychédélique, il nous reste les souvenirs embrumés de quelques festivaliers et des sons qui ont fait le tour du monde. Si ce festival alimente encore l’imaginaire collectif, le reste relève surtout du mythe. Mais pendant une poignée de jours, la musique et la fraternité auront su s’élever plus haut que le chaos.

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Article concocté par Sandra Dall’Acqua ,

Diplômée en Histoire, Sandra a pris le virage du digital pour cultiver son amour des mots et mettre en lumière l'expertise de ses clients. C'est en freelance depuis La Réunion qu'elle exerce son activité de rédactrice web SEO. Une île intense, qu'elle a d'ailleurs à cœur de valoriser et de préserver. Sa plume agile aime explorer une grande variété de sujets. Surtout s'ils sortent des sentiers battus !

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