5 choses à savoir sur la Création d’Adam de Michel-Ange

Connaissez-vous véritablement La Création d’Adam de Michel-Ange ? Ce chef d’œuvre de la Renaissance, universellement admiré et sans cesse réinventé n’a pourtant pas encore dévoilé tous ses secrets.

Réalisé entre 1508 et 1512, il fait partie d’un ensemble de neuf fresques représentant des épisodes de la Genèse. C’est l’un des motifs du décor commandé par le pape Jules II pour orner la voûte de la Chapelle Sixtine. Un travail titanesque confié à l’un des plus grands artistes de la Renaissance : le sculpteur Florentin Michel-Ange. La Création d’Adam a connu une postérité sans précédent dans l’histoire de l’art et la culture populaire. Etudiée sous toutes les coutures, elle ne cesse susciter de nouvelles interrogations. De sa genèse douloureuse à sa postérité publicitaire, voici 5 choses à (re)découvrir sur le chef d’œuvre de Michel-Ange !

1/ Un travail de titan

Le décor de la voûte de la Chapelle Sixtine est le fruit de 4 années de travail. Un véritable exploit physique et créatif pour Michel Ange. Environ 300 personnages, bibliques et mythologiques, se pressent sur le plafond de la chapelle. L’artiste les a peints « à fresque », en appliquant des couches de peinture sur du plâtre humide. Une technique difficile, qui ne laisse place à aucune bavure. La Création d’Adam, réalisée vers la fin du chantier en 1511, aurait nécessité, à elle seule, 16 journées de travail !

Les conditions de travail de Michel-Ange sont exigeantes : il peint debout, la tête en l’air et les bras levés. Ces 4 ans de labeur le laisseront, selon ses propres mots « recourbé comme un arc ». Aujourd’hui, ce sont les nombreux touristes qui visitent la Chapelle Sixtine qui tordent le cou pour contempler son œuvre.

2/ Un chef-d’œuvre de la Renaissance

À la Renaissance, les arts accordent la première place à la figure humaine et aux formes de l’Antiquité romaine. La Création d’Adam, dans son sujet comme dans son traitement, est une œuvre emblématique de cette période.

Dans sa fresque, Michel-Ange représente l’instant où Dieu va créer « l’homme à son image » (Gn,1,26). La ressemblance entre Adam, figure principale, et son Créateur est accentuée par l’effet miroir de la composition. Cette symétrie est obtenue grâce à leur taille similaire, leurs deux bras tendus et leur posture torsadée.

Cette dernière, appelée contrapposto, ne doit rien au hasard. Inspirée des poses des statues antiques comme le Laocoon, elle est devenue l’un des traits caractéristiques de l’art de Michel-Ange. Ici, elle nous fait ressentir comment Dieu se tend vers le corps alangui d’Adam, pour l’électriser de l’étincelle de vie. 

3/ Des hommes et des dieux… et des organes

Sculpteur avant d’être peintre, Michel-Ange porte une attention toute particulière à la représentation du corps humain. Son excellente connaissance de l’anatomie lui permet de modeler des figures réalistes, même si elles restent idéalisées.

L’intérêt anatomique de l’artiste se manifesterait également dans la représentation d’organes au cœur même de ses œuvres. En 1955, Adrian Stokes reconnaît dans le manteau écarlate qui entoure Dieu, la forme d’un utérus. Pourquoi pas ? Après tout, la Création d’Adam ne symbolise-t-elle pas la naissance de l’homme ? Au début des années 1990, Frank L. Meshberger, un gynécologue américain, voit dans ce même manteau la coupe d’un cerveau. Selon lui, le don de Dieu aux hommes ne serait pas la vie mais « l’intellect ». Et vous, que discernez-vous parmi les formes picturales dessinées par Michel-Ange ?

4/ Où sont les femmes ?

À première vue, aucune figure féminine ne se détache de la fresque. Et pourtant, en voici une qui émerge de la douzaine de personnages cachés dans les replis du manteau divin. Agrippant le bras de Dieu, le regard tourné vers Adam, elle nous interpelle.

Qui est-elle ? Certains y ont vu une représentation de la Vierge Marie, mère du Christ, désigné comme le nouvel Adam. D’autres, une personnification de la Sagesse. Mais elle pourrait également être la figure d’Eve, la première femme. Or, la Création d’Eve est la fresque qui suit immédiatement celle de la Création d’Adam. Anachronisme involontaire ? Difficile à croire de la part de Michel-Ange. Ne serait-ce pas plutôt une façon de démontrer que la femme a toujours fait partie de la Création ?

5/ La Création d’Adam à la conquête du monde 

Fermez les yeux et représentez-vous deux mains qui s’approchent et se cherchent sans jamais se toucher. Vous connaissez certainement ce détail célébrissime de la Création d’Adam. Cet instant où Dieu va transmettre l’étincelle de vie au premier homme. Ce geste est devenu une référence incontournable de l’histoire de l’art, au même titre que le sourire de la Joconde.

Réutilisé, détourné et parodié dans la culture populaire, il a trouvé sa place au cinéma comme dans le monde publicitaire. Dans l’affiche du film E.T (1982), ce geste symbolise la rencontre entre Eliott et l’extra-terrestre. Dans les publicités de la marque Lego, il représente le mouvement créateur de l’enfant qui donne vie à son jouet. L’œuvre de Michel-Ange ne cesse d’inspirer notre monde contemporain !

Michel-Ange a enfanté dans la douleur cette magnifique fresque de La Création d’Adam

Œuvre emblématique de la Renaissance, elle fourmille de multiples détails qui suscitent de nombreuses interprétations. Réinventée par la culture populaire, elle connaît une postérité sans précédent. Le coup de génie de de ce chef-œuvre est finalement de savoir éveiller la curiosité de ceux qui le contemple.

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Propos recueillis par Béatrice de Place ,