Le surréalisme est aujourd’hui un mouvement artistique mythique, et les artistes qui l’ont fait vivre des figures historiques. Mais connaissez-vous l’histoire de leur première exposition ?

Le galeriste, Pierre Loeb, soutien dès le début, les surréalistes. A cette époque, le groupe, qui deviendra ensuite mondial, est regroupé à Paris, bien que composé d’artistes de nationalités différentes. Cette première exposition réunit les artistes Arp, Giorgio de Chirico, Max Ernst, Paul Klee, André Masson, Joan Miró, Picasso, Man Ray, et Pierre Roy.

Nous allons nous intéresser aux débuts du surréalisme, à ses artistes puis aux expositions qui ont suivi cette première étape. Le catalogue de l’exposition est disponible à cette adresse, et on vous invite à le consulter pendant votre lecture…c’est parti !

Le surréalisme, qu’est-ce que c’est ?

Au commencement du surréalisme, il y a Dada. Ce mouvement artistique et littéraire naît en 1915, en réaction à la Première Guerre Mondiale. Il vise à remettre en cause toutes les conventions bourgeoises de l’époque, en passant par l’absurdité et l’humour. André Breton, poète et écrivain, fréquente certains acteurs du mouvement à Paris, tels que Tristan Tzara, Guillaume Apollinaire ou Louis Aragon. Il devient progressivement insatisfait par le manque de « sérieux » du mouvement.

Le surréalisme naît officiellement en 1924, lorsque paraît son Manifeste du surréalisme. Très influencé par les théories de l’inconscient de Freud, Breton propose d’exprimer le « fonctionnement réel de la pensée ». Pour créer, les surréalistes cherchent à libérer l’esprit. Le rêve, l’imagination, le jeu sont donc centraux ! C’est ce focus sur l’onirique et l’étrange qui sera la marque de fabrique du surréalisme, des hommes à têtes de pommes de Magritte jusqu’aux horloges coulantes de Dali.

Man Ray, Le groupe surréaliste : Man Ray, Arp, Tanguy, Breton, Tzara, Dali, Eluard, Ernst et Crevel, 1929-1930, photographie argentique, 7.62 x 10,16 cm 
Man Ray, Le groupe surréaliste : Man Ray, Arp, Tanguy, Breton, Tzara, Dali, Eluard, Ernst et Crevel, 1929-1930, photographie argentique, 7.62 x 10,16 cm 

Une première exposition pleine de stars du surréalisme

Vous avez peut-être déjà entendu les noms des artistes exposés. Voici une courte présentation de trois d’entre eux.

Joan Miró est un peintre et sculpteur catalan

Dans ses œuvres, il développe son propre langage, composé de symboles et de formes, empreint de magie. Elles flottent sur des fonds de couleur unis ou peu détaillés. Il présente dans l’exposition Le Placeur du music-hall, un tableau plein d’humour.

Joan Miró, Le Placeur du music-hall, 1925, huile sur toile, 100x78cm.  Fundació Joan Miró, Barcelona / Generalitat de Catalunya. Col·lecció Nacional d’Art 
Joan Miró, Le Placeur du music-hall, 1925, huile sur toile, 100x78cm.  Fundació Joan Miró, Barcelona / Generalitat de Catalunya. Col·lecció Nacional d’Art 

Giorgio de Chirico est un peintre italien

La figure du mannequin, centrale dans l’une des peintures exposées à la Galerie Pierre, réapparaît souvent dans son travail. Ses peintures, peuplées de ruines et énigmatiques, se révèlent parfois prémonitoires. Il joint en 1928 un groupe artistique proche des idées fascistes, ce qui causera une rupture avec les surréalistes. 

Giorgio de Chirico, Le Duo, 1914-1915, huile sur toile, 81.9 x 59 cm. James Thrall Soby Bequest © 2022 Artists Rights Society (ARS), New York / SIAE, Rome
Giorgio de Chirico, Le Duo, 1914-1915, huile sur toile, 81.9 x 59 cm. James Thrall Soby Bequest © 2022 Artists Rights Society (ARS), New York / SIAE, Rome

Max Ernst, artiste allemand

C’est une figure centrale du surréalisme. Il est connu pour ses expérimentations plastiques, en particulier la technique du frottage. En faisant courir un crayon sur du papier sur des structures texturées, il crée des textures jusque-là inexplorées.

Des noms de peintres plus étonnants

On trouve néanmoins aussi dans l’exposition des artistes plus surprenants.

Picasso, un surréaliste ? L’artiste est principalement connu comme fondateur du cubisme, mouvement qui représente les objets déconstruits, sous plusieurs angles en même temps. Sa présence dans l’exposition tient à l’admiration d’André Breton pour son travail. Picasso sera, en effet, influencé par les surréalistes. Il abandonne ses peintures classicistes de l’époque pour se rapprocher de l’onirique qui définit le mouvement. Il ne sera jamais néanmoins « complètement » surréaliste.

Man Ray est un autre cas particulier. Il est principalement connu en tant que photographe, ayant d’ailleurs documenté plusieurs des autres expositions surréalistes. On retrouve cependant dans la peinture exposée, « La volière », des thèmes et un langage pictural qui lui sont propre. La figure féminine, est représenté sous la forme d’un mannequin, qui semble néanmoins vivant. Cette équivalence entre le corps féminin, souvent représenté de façon épurée, et l’objet, est caractéristique de son travail.

Man Ray, La volière, 1919, gouache, crayons, feutres en encre sur carton © Man Ray Trust. All Rights Reserved. ADAGP, Paris and DACS, London 2021
Man Ray, La volière, 1919, gouache, crayons, feutres en encre sur carton © Man Ray Trust. All Rights Reserved. ADAGP, Paris and DACS, London 2021

Le surréalisme, tout aussi littéraire qu’artistique

Comme nous l’avons déjà vu, c’est un homme de lettres qui a fondé le surréalisme. André Breton restera d’ailleurs la figure centrale du mouvement jusqu’à sa mort en 1966.

 Des techniques littéraires comme l’écriture automatique ont une grande importance dans le mouvement. Celle-ci nécessite d’écrire rapidement, dans un état de lâcher-prise, sans être contrôlé par sa raison. Le cadavre exquis est une autre technique. 

La préface du catalogue, écrite par Breton avec le poète Robert Desnos, nous embarque dans un voyage onirique peuplé d’arrêts devant les œuvres exposées. Dans ce récit digne d’un conte de fée, « un homme » (qui renvoie à une peinture de Picasso) « s’apprête à gravir la montagne entrouverte » (œuvre de Klee). Il est suivi de « l’armure de verre cause de ses insomnies ». Il meurt dans son aventure, et le voyageur est invité à lui bâtir un monument funéraire. Un texte d’introduction peu commun !

Une exposition qui sera suivie de bien d’autres

L’exposition surréaliste de 1925 a comme particularité qu’elle ne présente que de la peinture. Les futures expositions surréalistes mélangeront ce médium à la sculpture, la photo, mais aussi des formes…souvent de façon surprenante. Elles donnent aussi la place à ce que nous appellerions aujourd’hui « installation » : une œuvre d’art « environnement », en trois dimensions.

Cette volonté d’expérimenter conduit à des expositions surprenantes. Ainsi, en 1936, le groupe présentera chez Charles Ratton des objets, simplement trouvé par les artistes ou réinterprétés. En 1938, l’exposition internationale du surréalisme se déroule quasi-entièrement dans la pénombre.  Des lampes électriques sont données aux visiteurs pour qu’ils puissent circuler dans des couloirs peuplés de mannequins et au milieu de sacs à charbons suspendus. Les critiques d’art ne sont pas convaincus !

Exposition internationale du surréalisme de 1938 
Exposition internationale du surréalisme de 1938 

Cette première exposition à la galerie Pierre permet d’entrevoir ce qui fera le succès du surréalisme, tout en laissant la place aux expérimentations future. Breton meurt en 1966, sonnant le glas du mouvement historique. Plusieurs artistes se désignent pourtant toujours aujourd’hui comme surréalistes. De 1925 à 2022, le surréalisme a-t-il bientôt cent ans ?

Pour découvrir encore plus d’articles inspirants, téléchargez l’application Cultur’easy sur Applestore ou Playstore.

Par  Jay Levent ,

Passionnée par l’art contemporain, Jay est assistante de curateur et curatrice indépendante au sein du collectif espace fine. Ses autres amours : les visites de cimetières ainsi que de lieux insolites, le cinéma et la littérature fantastiques, le jeu vidéo, et surtout, les formes d’art qui rassemblent tous ces sujets !

Commenter cet article


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.