Oyez, oyez ! Gentes Dames et Damoiseaux ! Veuillez prendre place et laissez moi vous narrer, non pas MON histoire, mais la nôtre ! Bienvenue dans l’univers des fêtes médiévales et des reconstitutions historiques.
Guillaume s’avance sur le chemin qui doit le conduire à l’estuaire de la Dives. Son fier palefroi, fidèle cheval de parade, est revêtu d’une housse d’ornement rouge et or, couleurs de la Normandie. L’homme salue ses compagnons d’un mouvement de tête. Ceux-ci se préparent, fourbissent leurs armes, répètent des enchainements de duels. Dans quelques heures, ils embarqueront à bord d’une flotte de plusieurs centaines de bateaux, à la conquête de l’Angleterre. Charpentiers de marine et sculpteurs de proue parachèvent leur œuvre au son des cornemuses et des tambours.
Au même moment, à cinq cents kilomètres de là, un banquet grandiose se prépare. Le cadre majestueux de l’ancienne église St-Marc de Souvigny s’apprête à accueillir le Comte Robert de Clermont et la Comtesse Béatrix, qui honoreront de leur présence un copieux repas arrosé d’hypocras. Saltimbanques et troubadours égayeront les festivités de leurs danses, chants, jonglerie, et autres pitreries lors d’une soirée mémorable.
Mais que peut bien réunir deux sites que tout oppose sur le papier ?
Le bord de mer d’une côte normande et le bocage bourbonnais ? L’époque mon cher Watson ! Aussi troublée, mystérieuse, que festive.
Elle s’appelle le Moyen-Âge, et couvre… 1000 ans, entre l’Antiquité et la Renaissance. Soit du Ve au XVe siècle. Et même si depuis la Dives est passée sous le pont, emportant outre-Manche Guillaume le Conquérant et sa flotte, cette période médiévale reste néanmoins fortement ancrée dans l’histoire de France, voire européenne, tout comme dans nos esprits contemporains. De nombreuses reconstitutions historiques en sont la preuve, agrémentées de fêtes qui s’échelonnent d’une journée à des semaines entières.
Retour vers le passé…
Mais qu’est-ce qui nous attire donc vers une époque que d’aucuns qualifient d’archaïque, de tourmentée, de violente parfois, alors qu’elle est également source de progrès dans la connaissance, la curiosité et l’ouverture sur le monde ? Synonyme de découvertes importantes avec de grands explorateurs : Marco Polo n’a-t-il pas découvert la route de la soie et la Chine ? Côté inventions, Gutenberg développe les caractères métalliques mobiles, et provoque l’essor de l’imprimerie dans la diffusion des textes et du savoir. Les lunettes, dont les prémices avaient été imaginées par des souffleurs de verre vénitiens, etc.
Animés tout à la fois d’une soif de connaissance et de l’envie d’en partager l’héritage, des passionnés se sont réunis
Qui en associations de reconstitution historique, qui en troupes d’évocation, qui encore en organismes de valorisation et de défense du patrimoine. De fil en aiguille, ou… du gambison à la cotte de maille, ce qui n’était au départ qu’une Histoire d’initiés gagne bourgs, villages, et villes. Châteaux forts, maisons à pans de bois, ruelles pavées, mottes féodales, remparts et forteresses, revêtent alors leurs plus beaux atours, mise en scène éphémère pour des fêtes médiévales qui ravissent (et instruisent) petits et grands.
Véritable voyage dans le temps avec ici, un marché artisanal, où créateurs et artisans présentent leur savoir-faire dans des échoppes dédiées : potier, verrier, tourneur sur bois, enlumineur et calligraphe, artisans du cuir ou d’archerie proposent même parfois à leurs visiteurs d’un jour de s’initier en toute simplicité à leur art.
Plus loin, un campement médiéval s’active autour de la marmite
Epluchaille des choux, oignons, lentilles et poireaux, qui viendront agrémenter le pot-au-feu de poulet. Dans un coin un peu à l’écart, des lavandières lavent et battent le linge dans des baquets de bois surélevés. Elles l’étendent ensuite sur des cordes tendues entre des piquets de bois. Bien sûr ici, on dort sous tente et sur des paillasses ou sur des lits de bois et cordages. Des peaux ou des couvertures viendront apporter un peu de chaleur à des nuits souvent courtes. Un retour vers le passé qui fait s’écarquiller les mirettes et aiguiser les papilles !!
Une furieuse envie de festoyer !!
Faire bombance. Ripailler. Mais avant tout : faire la fête ! Rire, danser, chanter, se faire peur, s’initier au tir à l’arc, risquer le courroux du bourreau prêt à vous clouer au pilori (pour de faux bien sûr !), assister à des spectacles équestres ou de fauconnerie, jouer aux quilles, croiser de drôles d’énergumènes montés sur des échasses, participer à des concours de dessins ou de costumes, et j’en passe ! C’est tout ça aussi les fêtes médiévales ! Des compagnies d’art de la rue et du spectacle vivant, de nombreuses animations qui rythment des journées hors du temps. Eh oui ! Le Moyen-Âge constitue une échappatoire agréable, et les fêtes qui le célèbrent poursuivent un double objectif : divertir et amuser, tout en s’instruisant.
Saviez-vous par exemple que les danses de cette époque, les branles, sont apparues au XIVe siècle, et sont encore dansées aujourd’hui dans certaines régions ?
Que certaines d’entre elles, dénommées les branles morgués, imitent des scènes de la vie quotidienne ? Le branle des Lavandières par exemple, ou celui des pois, ou encore le branle des Sabots. Jeu théâtralisé et mimiques se mêlent à la danse. Des troupes de danse médiévale, accompagnées de musiciens aux instruments aussi évocateurs que le graïle, la sacqueboute, la chalemie, la guiterne, combinent habilement démonstration et initiation. Rues et places résonnent de leur accent festif, et emportent dans de folles rondes ou farandoles même le plus récalcitrant des badauds. Les pieds ont la bougeotte et la fête devient contagieuse !
De quand datent les premières fêtes médiévales ?
Les premières fêtes ont vraisemblablement eu lieu bien avant que l’appareil photographique ne donne une preuve de leur existence. Néanmoins, elles ont de plus en plus le vent en poupe, et cette tendance se dessine depuis ces quinze dernières années, principalement l’été. Si certaines régions, comme l’Auvergne, sont très bien pourvues en fêtes médiévales, touristes curieux ou passionnés de longue date peuvent se réjouir : l’Hexagone compte de nombreux sites où la vogue des troubadours, chevaliers et cuisiniers spécialistes de recettes anciennes n’est pas près de se démentir. Si en plus on vient costumés de tuniques, braies, cotte ou surcot, eh bien… dépaysement garanti !
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Article concocté par Claire Bouchet ,