Costume : nom masculin. (Vient de l’italien costume, coutume). Définitions proposées par le dictionnaire Le Larousse : Vêtement propre à un pays, à une époque, à une condition, etc. (Ex. costume d’académicien) – Ensemble des différentes pièces d’un même habillement (Synonymes : tenue – toilette) – Tenue d’homme constituée d’une veste et d’un pantalon assortis et éventuellement d’un gilet – Déguisement, travesti.

Le Robert propose quant à lui une définition complémentaire avec la première mentionnée ci-dessus : Pièces d’habillement qui constituent un ensemble (Ex. Costume régional – Costume de théâtre).

C’est de cela dont nous allons parler ici : le costume comme partie prenante de tradition(s), de transmission, de statut, mais également comme personnage à part entière. Ou comment le costume sait nous parler d’une époque, d’un art, d’une figure historique.

Petit point sur l’histoire du costume

Histoire du costume
Histoire du costume

L’art du costume – sous-entendu comme un ensemble de vêtements et accessoires assortis et conçus pour être portés ensemble – semble remonter aux origines de l’Humanité. La Préhistoire fait ainsi déjà état de vêtements de cuir et de fourrure. Pour autant, il apparaît nécessaire de différencier le costume comme « simple habillement » porté de manière différente selon les circonstances de la vie quotidienne ou des motifs d’ordre météorologiques (chasser, se protéger du climat, voyager, etc.), ou comme tenue « d’apparat », lors de rites de passage, de cérémonies à forte connotation psychologique ou symbolique.

Par ailleurs, les modèles vestimentaires inventés aux quatre coins du globe, donc d’origines culturelles et géographiques différentes, reflètent traditions, valeurs, croyances, mœurs, et besoins très variés. Oui bien sûr, le costume constitue avant tout un outil pratique pour cacher la nudité au regard d’autrui. Il représente également un langage, un modèle social, comme un signe de reconnaissance entre personnes d’une même « tribu ». Il relève d’attitudes et de conduites attendues par et dans un groupe.

Le vêtement comme marque identitaire ?

Dans Pratiques politiques et culturelles du vêtement, essai historiographique paru dans Revue historique 2007/1 (n° 641), Florence GHERCHANOC et Valérie HUET s’attachent à démontrer que le vêtement est avant tout un « marqueur d’identité ». Pour exemple, à Rome, où le vêtement reflète le statut social et politique de qui le porte.

Affirmation contrebalancée par Georges LOSFELD dans Essai sur le costume grec, L’Antiquité classique, 1993, qui affirme que « « le costume grec est égalitaire et ne renseigne à première vue ni sur le rang social ni sur l’âge ». En fait, le costume comme reflet certain d’une condition humaine donnée n’existerait que dans la vie artificielle du théâtre, afin d’aider le spectateur à reconnaître les dieux, les héros, les souverains, les maîtres, les esclaves, les bannis, etc. Sans doute, mais pas que…

Le costume de scène… mais quelle scène ?

Louis XIV en costume de sacre
Peinture signée Hyacinthe Rigaud - 1701
Louis XIV en costume de sacre
Peinture signée Hyacinthe Rigaud – 1701

Revenons à l’origine du mot. Celui-ci trouve sa source en Italie. « Costume » revêt le sens de coutume, d’usage, et ne semble pas avoir été utilisé en France avant le règne de Louis XIII, au XVIIe siècle. Celui-ci développe d’ailleurs de manière considérable les manufactures de tissus, à la suite d’Henry IV et de François Ier. Sous Louis XIV, le costume revêt une fonction d’apparat.

En ce sens, il possède un caractère théâtral. Théâtral et… politique ! À la cour, des courtisans bien vêtus, des femmes au beau maintien et à la coiffure apprêtée, sont synonymes de richesse, de flamboyant, de pouvoir, tout comme la construction du Château de Versailles. Il est de bon ton de tenir le rang et de suivre la tendance royale.

Le costume selon la mode française devient un modèle pour les princes et les aristocrates européens. Le Roi Soleil n’impose-t-il pas sa propre « mode » en décidant, par un décret de 1661, qui aura l’honneur de pouvoir porter le justaucorps ?

L’Académie française

Habit académicien
Habit académicien

La noble institution, fondée par Richelieu en 1634 sous le règne de Louis XIII, a pour mission de fixer la langue française, de lui donner des règles, de la rendre compréhensible par tous. Date importante dans l’histoire de la culture française, car pour la première fois, les débats d’une assemblée de lettrés sont considérés comme pouvant jouer un rôle éminent dans le devenir de la société et de la nation.

L’origine de l’Habit Vert (et de la fameuse épée) que l’on connaît remonte au 5 Vendémiaire, an IX du calendrier républicain, à savoir le 27 septembre 1800, date de la séance générale qui en établit le principe. Les Académiciens réclament en effet d’avoir un signe distinctif pour mieux les désigner en tant que tels. Être reconnus dans leur fonction, dans l’Institution. Un signe d’appartenance forte. Le costume, comme l’épée, est commun à tous les membres de l’Institut de France. Il est en drap bleu foncé ou noir, brodé de rameaux d’olivier vert et or, d’où son nom d’habit vert.

Henri Lavedan (1859 – 1940), élu à l’Académie française le 08 décembre 1898, donne le ton en expliquant le choix de la couleur

Le rouge était d’une humeur violente et guerrière incompatible avec nos honnêtes travaux. Le bleu ? Par galanterie anticipée, on le réservait aux dames porteuses de bas de cette même nuance, pour le jour où elles deviendraient, elles aussi, membres de l’Institut. Le blanc, si salissant, sentait d’ailleurs trop son roi. Le violet était trop d’église, l’orangé d’un vaniteux fracas et le jaune eût fait sourire.

Alors ? Il ne restait donc que le vert de vraiment qualifié pour un habit qui déchaîne à la fois tant de convoitises, de dédains, de sarcasmes, d’ambitions et de rêves, le vert qui est justement la couleur de l’absinthe, de la bile et de l’espérance… Et fallait-il, étant donné l’inévitable vert que ce fût un vert « artiste » et poétique, le vert frivole et vain de l’émeraude ou de la feuille d’eau ? ou le vert montagnard et gai du Tyrolien ? ou le vert exotique, ce vert glorieux de l’étendard du Prophète, ou celui, plein de volupté, des voiles de Schéhérazade ?

Non, tous ces verts-là n’étaient pas pour nous. Le seul qui s’imposait, se justifiait, le seul définitif était bien celui qui sut nous échoir, le vert sérieux, le vert académique.

Académie française

Le costume de théâtre

Costumes de théâtre - estampe en couleur, 295 x 400 mm
Costumes de théâtre – estampe en couleur, 295 x 400 mm

Celui-ci trouve son origine dans l’Antiquité. Le théâtre émane alors du rite religieux et le masque suffit pour devenir l’intermédiaire divin. Au Moyen Âge, si le théâtre sert encore les Évangiles, l’art du costume se développe avec la création d’accessoires – chapeaux, couronnes par exemple – par les fidèles. Les hommes jouent et les femmes habillent.

Le théâtre élisabéthain (1562 – 1642), avec sa figure de proue Shakespeare, voit quant à lui se créer des compagnies d’acteurs et des théâtres permanents. Les costumes créés servent l’intention du dramaturge et se doivent d’être une seconde peau pour les comédiens, leur permettant ainsi d’entrer pleinement dans leur rôle. Le costume apparaît comme une « extension » pensée pour fluidifier le jeu.

C’est toujours le cas aujourd’hui

Le costume facilite en outre les repères pour le public. Qui est qui ? Quel est le rôle de tel ou tel personnage dans l’intrigue ? Au-delà de ça, le costume « parle » du personnage : quelle est sa personnalité ? son tempérament ? Pourquoi adopte-t-il ces postures ? ces attitudes ? Comment se déplace-t-il ? Le costume va donc affiner le caractère du personnage et faciliter l’interprétation par l’acteur. De plus, il doit viser l’authenticité, selon l’époque, le pays, ou le(s) fait(s) relaté(s).

Le costume… tout un art

… qu’il est bien délicat de vouloir traiter dans un seul article. Tant de choses restent à écrire ! Comment les grands couturiers s’en sont emparés ? Comment l’opéra, la danse, en font un personnage à part entière ? Que dire aussi des parcs d’attractions à thème (Le Puy du Fou, Le parc Astérix, pour ne citer qu’eux), des associations et des manifestations de reconstitution historique ? Et puis derrière le costume, il y a souvent des « petites mains » qui esquissent, façonnent, cousent, retouchent, habillent… Et ceux qui conservent et entretiennent les costumes…

Tandis que la littérature fourmille d’ouvrages, généralistes ou spécialisés, pour traiter un sujet aussi passionnant que varié, des musées ou des centres de valorisation du costume proposent expositions ou conférences sur le sujet. Ainsi par exemple, si vous n’êtes pas loin de Moulins, arrêtez-vous au CNCS – Centre National du Costume de Scène. Vous ne serez pas au bout de vos surprises !

Pour conclure cette immersion dans l’art du costume, je vous propose cette citation de Roland BARTHES à méditer : « le costume n’a pas pour charge de séduire l’œil, mais de le convaincre ».

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Article concocté par Claire Bouchet,

Un jour de printemps d’une année devenue incertaine, les mots se sont accrochés à ma plume pour ne jamais la quitter. Qu’ils jaillissent sans prévenir ou bullottent lentement en profondeur, telle la lave de mes Volcans d’Auvergne d’adoption, j’en prends soin, je leur parle, les caresse, les acidule, jusqu’à ce qu’ils soient prêts à être lus. Ici ou ailleurs, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, j’arpente les sentiers de l’écriture sans jamais perdre le nord ni me départir de mon carnet fétiche, témoin silencieux et fidèle de mon imagination fertile. Ma curiosité funambule sur le fil de l’art, fait ses gammes en musique, virevolte d’une toile à une expo, esquisse des pas de deux sur des danses d’un autre temps et s’anime devant un livre ouvert. Une vraie Zébulone !!

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