Au XVIe siècle, Fernand de Magellan a entrepris une expédition vers un océan encore inconnu des Européens. Partez sur les traces de celui dont la détermination mènera au tout premier tour du monde.

À l’époque des Grandes Découvertes, Fernand de Magellan décida d’ouvrir une nouvelle voie sur la route des épices. Cinq navires prirent la mer en direction de l’Amérique du Sud, sans savoir ce que l’avenir leur réservait. Le 21 octobre 1520, leur expédition découvrit le passage qui deviendrait le détroit de Magellan. Embarquez à bord du Trinidad avec le navigateur portugais, à l’assaut d’un territoire indompté…

Journal de bord du 21 octobre au 27 novembre 1520

Du cap Virgenes…

Sur son vaisseau-amiral, Fernand de Magellan contemple la longue pointe de terre froide qui s’avance dans l’océan. La côte, déserte, n’est faite que de sable et de roches. Une baie s’ouvre juste derrière, aux eaux noires et profondes. Cela fait des mois que l’expédition espagnole erre dans l’Atlantique à la recherche d’un passage vers les îles Moluques.

Magellan sait que les marins sont à bout ; il a dû faire face à une importante mutinerie quelques mois plus tôt. Mais il sait aussi, ou plutôt, il est sûr, qu’il y a quelque part une route cachée, qui les mènera directement vers l’océan Indien. De mauvaise grâce, l’équipage accepte de le suivre. Les provisions s’amenuisent, on ne peut plus se permettre de perdre du temps. Nous sommes le 21 octobre 1520 et l’explorateur portugais n’a que cinq jours pour vérifier si son idée est la bonne.

… jusqu’au cap Deseado

Cela fait presque un mois que les quatre vaisseaux s’égarent dans ce paysage tortueux. Au début du mois, le San Antonio et le Concepción ont été envoyés pour explorer la baie. À leur retour, la joie a gagné l’ensemble de la flotte : Magellan avait raison, il y a bien un passage dissimulé ! Depuis, ils poursuivent l’inspection du canal. La progression est lente et compliquée, d’autant que l’un des navires a disparu. Le capitaine Esteban Gomez et son équipage ont déserté, persuadés que continuer serait du suicide.

Après la baie des Sardines, les bâtiments restants sont parvenus à une zone plus hospitalière, faite de prairies et de rivières. Des canots sont partis à la recherche de la sortie du canal et l’ont trouvé. En ce 27 novembre 1520, l’expédition de Magellan franchit le cap Deseado. Elle achève ainsi la traversée d’un passage long de 611 kilomètres, connue désormais sous le nom de détroit de Magellan.

Paysage du détroit de Magellan
Paysage du détroit de Magellan

Pour l’honneur et le prestige de l’Espagne

Qui est Fernand de Magellan ?

Fernão de Magalhães naît à Porto, au Portugal, vers 1480. Ses premières années sont mal connues, la première source historique le mentionnant datant de 1505. Magellan a alors 25 ans et s’embarque sur la flotte royale en direction des Indes. Il prend part à la prise de Malacca, en Malaisie, en 1511, puis est envoyé au Maroc en 1513. Estimant ne pas être reconnu à sa juste valeur dans son pays natal, il offre ses services au Roi d’Espagne. Il compte sur lui pour réaliser un projet qui lui tient particulièrement à cœur : trouver une route maritime à l’ouest, qui permettrait de rejoindre les Moluques, les « îles aux épices ».

Portrait de Magellan
Portrait de Magellan

Poivre, muscade, girofle : l’Europe du XVIe siècle est friande de ces épices exotiques. Leur commerce représente donc un enjeu économique, en même temps que géographique et politique. Or, Magellan est persuadé que les îles Moluques reviennent à la couronne d’Espagne, d’après le traité de Tordesillas. À cette époque, il reste encore de vastes territoires inconnus des Européens et Magellan compte bien inaugurer une nouvelle route lucrative.

Les débuts de l’expédition

Le 22 mars 1518, le roi Charles Quint nomme Magellan capitaine d’une expédition vers les Moluques. La flotte quitte Séville le 10 août 1519, avec 237 hommes à son bord. Elle est composée de 5 navires : le San Antonio, le Concepción, le Santiago, le Victoria et le vaisseau-amiral, le Trinidad. Après un séjour aux îles Canaries, puis sur les côtes brésiliennes, elle passe l’hiver du côté de l’Argentine. Magellan prend une décision impopulaire, mais qui sauvera plus tard les marins : il fait diminuer les rations alimentaires.

Cela ajoute à la mauvaise ambiance générale et à l’hostilité grandissante des capitaines envers le navigateur. Une mutinerie finit par éclater sur trois des cinq navires, mais elle échoue. L’un des capitaines rebelles est tué pendant l’assaut. Magellan en fera décapiter un autre et abandonnera le troisième sur une île. Quant aux marins, ils ne sont pas punis : le Portugais sait qu’il a besoin de tous les hommes disponibles pour réussir sa mission. Le voyage reprend donc fin août, en direction de ce passage si convoité vers les mers du Sud.

Carte du détroit de Magellan (1773)
Carte du détroit de Magellan (1773)

Une aventure entrée dans l’Histoire

La fin du voyage

C’est un océan immense et vide, qui attend Magellan de l’autre côté du détroit. Il décide de baptiser cette étendue d’eau le « Pacifique », en raison de son calme. Les navires se dirigent maintenant vers les îles Mariannes, où ils pourront se ravitailler. Ils font ensuite voile vers l’île d’Homonhon, aux Philippines, puis vers l’île de Cebu et enfin, vers l’île de Mactan. Là, le roi refuse de se soumettre aux envoyés du Roi d’Espagne. Magellan prend la tête d’une attaque, accompagné de 60 hommes armés. Il meurt au cours de la bataille, blessé par une flèche empoisonnée, le 27 avril 1521. Personne ne sait ce qu’il advint de son corps.

Seuls deux bateaux repartent, sous le commandement du capitaine Juan Sebastian Elcano. Ils atteignent les îles Moluques quatre mois plus tard. Un seul bateau traverse ensuite l’océan Indien, franchit le cap de Bonne-Espérance et revient en Espagne, en septembre 1522. Sur les 237 membres d’équipage, seuls 35 achèvent ce voyage, qui va définitivement entrer dans l’Histoire. Magellan ne l’avait pas prévu ainsi, mais son expédition vient d’accomplir le tout premier tour du monde !

Une postérité tardive

Le récit de ce voyage épique va passionner l’Europe entière. Cependant, Magellan est loin de faire l’unanimité. Son entêtement, son manque de communication et sa rigueur lui vaudront d’être calomnié par les survivants du voyage. Le Portugal, lui, l’accuse de traîtrise, pour avoir préféré servir l’Espagne. Finalement, il tombe dans l’oubli à la fin du XVIe siècle.

C’est le XXe siècle qui apporte au navigateur portugais la reconnaissance qu’il mérite. Son nom réapparaît lors de l’exposition de Séville, en 1929, et une statue est érigée en son honneur à Lisbonne. En 1938, l’écrivain autrichien Stefan Zweig lui consacre une biographie. D’une plume élégante et passionnée, il retrace le parcours de celui qui restera l’une des figures majeures de l’ère des Grandes Découvertes.

Bien avant Fernand de Magellan, d’autres explorateurs sont partis en quête de nouveaux territoires. Embarquez pour les Indes, pardon l’Amérique, avec Christophe Colomb. À moins que vous ne préfériez l’Extrême-Orient aux côtés de Marco Polo ?

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Par  Gwennaelle Massart ,

Passionnée de littérature, d’art et d’Histoire, j’ai grandi au milieu des livres avant d’entamer des études de Lettres. Depuis, je suis devenue rédactrice web SEO freelance pour vivre mes propres aventures. Dans mes articles, je voyage à travers l’espace et le temps pour partager avec vous mes découvertes culturelles. On y va ?

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