La pandémie, qui aura squatté la majorité de nos éditos, nous a fait oublier que la Nature continue de nous envoyer des messages étonnants et alarmants sur sa situation. Parmi ces sujets originaux, j’ai décidé (parce que c’est moi qui décide) de vous parler d’un phénomène. Il inquiète un peu la France mais beaucoup nos amis helvètes : la baisse du niveau du lac Léman. Cela peut prêter à sourire mais vous allez voir que ce problème pourrait entraîner des conséquences inattendues.

Tout d’abord, je vous présente le Léman

Le plus grand lac alpin d’Europe. Avec ses 72 kms de long et sa forme de croissant, il force l’admiration et donne une incroyable envie de petit-déjeuner. Il est principalement alimenté par le Rhône et, de ce côté-là, aucun problème. Le grand fleuve effectue son travail. Pas ou peu de perte de débit, pour reprendre le vocabulaire des techniciens de Free lorsqu’on les appelle pour se plaindre des freezes sur Netflix depuis quelques semaines.

Géographie du lac Léman
Géographie du lac Léman

Le deuxième suspect semble être le bon 

Les glaciers environnants, comme chacun sait, sont victimes du réchauffement climatique. Par voie de conséquences, ils alimentent moins le lac de Genève.

Nous sommes sur une plate-forme culturelle, vous venez donc d’apprendre que ce lac porte un autre nom (moins officiel certes mais bon). Ça valait le coup de lire cet article aussi loin, non ?!?.

Vous allez sans doute me rétorquer, et vous aurez raison, que l’asséchement n’est pas à l’ordre du jour. Que ses 89 milliards de m³ ne risquent nullement une disparition soudaine. Que la Confédération Helvétique…

Vous savez maintenant pourquoi les Suisses ont un « CH » à l’arrière de leur voiture ;)

… ne se transformera pas en un désert aussi profond que les dialogues d’Hélène et les garçons d’ici demain. Certes, mais, comme je l’écrivais au début de cet article. Cela inquiète un peu les Français mais beaucoup les adorateurs de vaches violettes, et pour cause…

Faisons un détour par la case juridique et comparons les deux pays 

En France

Si un restaurateur s’installe au bord d’un lac (appartenant au domaine public). Sous réserve du paiement d’une redevance. Il a le droit d’utiliser la plage pour ses clients et ce, sur toute la largeur de sa terrasse. Il a aussi l’obligation de laisser les « non-clients » accéder au lac mais là n’est pas la question. Sur les photos Instagram ou sur Facebook, ça fait joli d’avoir des tables, une plage et des parasols. Ça fait vendre.

En Suisse

Au nord du Lac, autre pays, autre loi. Et accrochez-vous, ça dépote. La loi est à peu près la même : redevance, largeur, etc. mais, car il y a un « mais ». Sinon, pourquoi avoir inventé ce mot ? Le montant de cette redevance est aussi dépendant de la distance entre l’eau (à son niveau moyen le plus haut) et le restaurant. Vous voyez arriver la douloureuse ? Ne paniquez pas, elle arrive.

Ici, on ne parle pas de quelques centaines de Francs Suisses

Les restaurateurs pourraient se permettre de les payer. Il s’agit là de plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de CHF. Certains restaurants, certes rares, vont voir leur facture augmenter de 110 000 CHF. C’est le cas du restaurant « La Pêcherie », situé à Allaman dont le propriétaire, Kim HYSEK, ne sait pas comment s’adapter à cette nouvelle situation :

Nous avions déjà eu de graves déconvenues lors de la crise du COVID 19 (NDLR : fermeture de l’établissement – restrictions d’accueil – augmentation des prix des matières premières, essentiellement des poissons du lac). Cette augmentation de la redevance, qui ne peut qu’augmenter, car le niveau d’eau continue de baisser, risque de nous impacter violemment et, apparemment, changer la Loi n’est pas à l’ordre du jour. 

Restaurant La Pêcherie

Monsieur HYSEK a raison. Interrogé à ce sujet, Pierre-Alain FAVROT, député UDC du canton de Vaud, rétorque, sans rire :

Cette loi vise à faire payer le plus cher possible l’utilisation de notre principale source de revenus touristiques. Il est donc logique que le prix du m² soit exorbitant, la beauté du site l’impose […]. 

Un argument qui a du mal à passer dans certains lieux touristiques, comme à « la Pêcherie », qui dispose d’une plage à pente douce, et pour qui la moindre déperdition d’eau coûte une fortune au propriétaire qui se refuse, pour le moment, à toute augmentation de ses tarifs et privilégie une baisse de ses effectifs, déjà à flux-tendus depuis le retour de ses clients.

La solution pourrait venir, cette fois, de l’ingénierie locale

En effet, un bureau d’études hydrauliques, MIAZ & WESSER, a été sollicité pour étudier la possibilité de construire un barrage hydraulique, voire hydro-électrique, sur le territoire de la commune de Port-Valais, là où le Rhône reprend son chemin vers la Méditerranée. Un appel à contributions a d’ailleurs été mis en place par les professionnels du tourisme local (restaurateurs, gérants des ports de plaisance, etc.) afin de financer l’opération.

Le problème sera sans aucun doute l’impact environnemental 

Il faudrait noyer quelques villages, dont Port-Valais, son aqua-parc et le camping des grangettes, véritable institution locale. L’hôpital Riviera-Chablais serait, lui aussi, menacé. Sans parler des relations franco-helvétiques qui se tendraient d’un seul coup. La zone étant frontalière, les douaniers français apprécieront sans doute moyennement d’avoir les pieds dans l’eau pour pourchasser les trafiquants de gruyère.

Plage de Port-Valais

A la lecture de ce projet, les pêcheurs locaux ne décolèrent pas 

On nous prend pour des imbéciles, nous dit l’un d’entre eux, qui souhaite garder l’anonymat, dont le Bass-Boat est amarré à VEURYL, près de Lausanne, à l’heure où la demande explose ainsi que les prix, nos principaux clients, les restaurants, se retrouvent en grande difficulté financière, je vais finir par louer mon bateau aux touristes et les laisser pêcher eux-mêmes leurs brochets.

Pas sûr que cela rassure les visiteurs de devoir, pour pouvoir manger, pêcher des poissons à VEURYL, poisson dans lequel nous venez tous de tomber (regardez la date de publication de cet article pour comprendre).

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Par  Schmoruk,

Né à Maubeuge, vivant dans les Vosges mais ayant quand même survécu, Schmoruk exerce un temps le métier de héros de l’espace à domicile (libère le monde en 30 minutes chrono, sinon on vous rembourse), métier qui le poussera à fermer boutique au bout de 30 minutes. Passionné par Brassens, Renaud et les Beattles dès 8 ans malgré les techniques de pointe appliquées à l’Education Nationale, il passera le plus clair de son temps à décortiquer les textes de ses idoles et d’en découvrir d’autres. Aujourd’hui, il écrit, et ça promet.

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