Vous savez que la France est une démocratie, mais vous n’êtes pas sûr de ce que cela signifie ? Alors cet article est fait pour vous ! On revient sur l’origine et les composantes de la démocratie.
La démocratie est un système politique basé sur l’égalité entre les citoyens et sur leur participation au gouvernement. Son étymologie le montre bien : le terme grec ancien dêmokratia signifie « pouvoir du peuple ». De ce fait, elle est à l’opposé d’une dictature ou d’une monarchie, dont le pouvoir est exercé de manière absolue. Dans quel terreau la démocratie prend-elle ses racines ? Quelles sont ses caractéristiques ? Petit panorama de l’histoire de la démocratie et de ses institutions.
L’origine de la démocratie : la démocratie athénienne
Bien qu’elles portent le même nom, la démocratie athénienne ne correspond pas à la démocratie telle qu’on la connaît aujourd’hui. Elle connaît une pluralité de formes, et il est difficile d’en définir un type précis. Toutefois, il s’agit d’une démocratie directe : tous les citoyens participent à l’assemblée et au conseil. Aucune distinction sociale n’est faite, les riches citoyens y côtoient les plus pauvres.
La démocratie athénienne connaît son âge d’or au milieu du Ve siècle avant notre ère. À l’origine, Athènes était une oligarchie, c’est-à-dire dirigée par un groupe d’aristocrates. Plusieurs réformes ouvrent la voie vers la démocratie. En 594, Solon crée un tribunal de citoyens. En 508, Clisthène répartit les citoyens en 10 tribus géographique. Il met en place un tirage au sort pour désigner les citoyens siégeant à l’assemblée et au conseil. Enfin, au milieu du Ve siècle, Périclès crée une indemnité journalière pour les citoyens présents à l’assemblée.
Les institutions de la démocratie athénienne
L’assemblée des citoyens est appelée Ecclésia. Elle se réunit trois à quatre fois par mois sur la Pnyx, colline à l’ouest de l’Acropole. Les décisions concernant la cité y sont prises à main levée. Les conditions nécessaires pour y assister sont d’être citoyen et d’être âgé de plus de 20 ans.
Le conseil est appelé Boulè, ou Conseil des 500. Il compte 500 membres, les bouleutes. Ils sont tirés au sort pour un an parmi les citoyens de plus de 30 ans. Le conseil est responsable de l’administration de la cité.
L’Héliée est le tribunal. Il est responsable de la justice et de l’application des lois. Comme pour le conseil, ses membres sont tirés au sort parmi les citoyens âgés de 30 ans ou plus, également pour un an.
À noter que les femmes et les esclaves ne sont pas des citoyens, et ne peuvent donc pas être tirés au sort.
La démocratie athénienne vue par les auteurs contemporains
Déjà au Ve siècle avant notre ère, le système démocratique athénien fait face à quelques critiques, notamment en philosophie. Socrate considère par exemple la démocratie comme un signe d’impuissance politique. Elle serait l’incarnation de la démagogie, qui consiste à flatter le peuple pour gagner son adhésion.
Selon Platon, la démocratie apparaît lorsque la cité idéale dégénère, à cause de l’injustice et la démesure de ses dirigeants. Dans Les Lois, il plaide pour un équilibre entre démocratie et monarchie, qui constituerait la meilleure cité possible à ses yeux.
Aristote est pour sa part favorable à l’égalité des droits politiques permise par la démocratie. Cependant, dans La Politique, il met en garde contre deux potentielles dérives de la démocratie. D’une part, contre la démocratie populaire, qui entraîne l’oppression des plus riches. D’autre part (et dans la ligne droite de Socrate), contre la démagogie qui peut en résulter.
La naissance de la démocratie moderne
La première démocratie moderne voit le jour aux États-Unis d’Amérique. Après la guerre d’Indépendance (1775-1783), les treize anciennes colonies anglaises instaurent un modèle démocratique commun à tous les nouveaux États-Unis. Il s’agit d’un gouvernement fédéral : les compétences sont partagées entre les États. La Constitution américaine est adoptée en 1787.
En France, c’est la Révolution française qui constitue le terreau de la démocratie. En 1789, le peuple se révolte contre Louis XVI (1774-1791), et plus généralement contre la royauté comme régime politique. Dès juin 1789, les députés du tiers état créent une Assemblée nationale constituante. L’Assemblée adopte la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen le 26 août 1789, qui comporte dix-sept articles. Elle énonce les droits « naturels et imprescriptibles » : la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Par ailleurs, elle reconnaît la justice, l’égalité devant la loi et la séparation des pouvoirs.
Les principes démocratiques modernes
Aujourd’hui, les régimes démocratiques possibles sont variés, qu’ils soient parlementaires, présidentiels ou mixtes (présidentiels et parlementaires). La France a un régime mixte : le chef du Gouvernement (Premier ministre) est différent du chef de l’État (président).
Tous ces régimes correspondent à la démocratie représentative, par opposition à la démocratie athénienne, qui est dite directe. « Représentative », car elle a recours aux représentants du peuple. Cela signifie que les citoyens ne participent pas directement aux assemblées, mais ils choisissent leurs représentants par le biais d’élections.
Ainsi, le pouvoir est exercé par les élus du parti politique majoritaire aux élections. Ce sont eux qui forment le Gouvernement. Les élus extérieurs au Gouvernement sont membres de l’opposition. Ils peuvent voter contre certains projets de lois émanant du Gouvernement et proposer des alternatives. L’opposition a donc pour but de représenter les citoyens qui ne se retrouvent pas dans le parti majoritaire.
Les institutions démocratiques françaises
En France, la Ve République est installée depuis 1958. Le président de la République est le chef de l’État, élu pour cinq ans. Il incarne le pouvoir exécutif, qui dirige la politique nationale et promulgue les lois. C’est lui qui nomme le Premier ministre. En tant que chef du Gouvernement, ce dernier est responsable de son action, mais aussi de l’exécution des lois.
L’Assemblée nationale et le Sénat, les deux chambres du Parlement, forment le pouvoir législatif. Ils rédigent et votent les lois. Ils ont aussi un rôle de contrôle de l’action gouvernementale. Les députés de l’Assemblée nationale sont élus pour cinq ans. Le Sénat est, pour sa part, renouvelé à moitié tous les trois ans.
Enfin, le pouvoir judiciaire veille au respect des lois. Il se répartit entre la juridiction administrative et la juridiction judiciaire. Le Conseil d’État est en charge de la juridiction administrative, tandis que la Cour de cassation gère la juridiction judiciaire.
Démocratie et participation : les élections
Les élections constituent la principale expression du citoyen dans la démocratie. On parle de suffrage universel lorsque le droit de vote est reconnu pour l’ensemble des citoyens. En France, il est introduit en 1792 pour les hommes, mais seulement en 1944 pour les femmes !
Depuis 1962, le suffrage universel est direct en France pour élire le président de la République. Les électeurs votent directement pour un candidat, et non pour des représentants qui désignent ensuite un président. Des élections ont également lieu pour choisir des représentants à différentes échelles. Les citoyens votent ainsi pour les élections législatives, régionales, départementales, municipales et européennes.
Les conditions pour pouvoir voter en France aujourd’hui sont au nombre de trois. D’abord, il faut être majeur. Depuis 1974, la majorité est fixée à 18 ans, contre 21 ans auparavant. Ensuite, avoir la nationalité française est indispensable. Enfin, il faut jouir de ses droits civils et politiques.
Et voilà, la démocratie n’a à présent plus de secret pour vous ! Pour répondre aux enjeux contemporains, la démocratie est toutefois en continuelle évolution. C’est pourquoi le Conseil de l’Europe et la ville de Strasbourg ont créé en 2012 le Forum mondial de la démocratie. Si la question vous intéresse, n’hésitez pas à visionner les enregistrements des débats passés sur le site du Forum !
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Par Noémie Wavrer ,
