Capitaine du premier tour du monde commandité par le gouvernement français, Louis-Antoine de Bougainville est un explorateur doublé d’un écrivain. Voici à quoi aurait pu ressembler son CV.
Profil de Louis-Antoine de Bougainville
Nom : Bougainville
Prénom : Louis-Antoine
Né le 12 novembre 1729
Mort le 20 août 1811 (enterré au Panthéon)
Statut : marié, 4 enfants
Nationalité : Français
Profession : officier de marine, navigateur et explorateur
Caractère : curieux
Objectif : explorer le monde
Expériences
1755 : avocat à Paris
1756 : aide de camp du marquis de Montcalm, commandant des troupes françaises au Canada.
1763 : expédition dans le but de coloniser les îles Falkland (îles Malouines)
5 décembre 1766 : jour de départ de la première expédition scientifique française
1771 : publication de « voyage autour du monde » et élection à l’Académie française
1778 : participation à la guerre d’Indépendance de l’Amérique (batailles de Newport et de Boston).
Petit + pour briller en société
Napoléon Bonaparte le nomme :
- Sénateur en 1799
- Officier de la Légion d’honneur en 1804
- Comte de l’Empire en 1808.
Après deux échecs militaires au Canada et sur les îles Malouines, Bougainville ne semble pas freiné par son désir d’explorer le monde. En 1766, le roi Louis XV lui donne la mission de confirmer l’existence d’un continent Austral pour le coloniser. A bord de la frégate la Boudeuse, l’équipe scientifique se lance dans un périple qui durera 2 ans et 4 mois.
Ce premier voyage d’exploration scientifique français va considérablement marquer la découverte de la culture tahitienne ainsi que la connaissance géographique du pacifique.
COMPETENCES :
Apporte une lumière scientifique sur l’inconnu
L’équipe en route pour l’expédition se compose de 214 hommes. Parmi eux, des botanistes (Phillibert Comerson et Jeanne Barret), un ingénieur cartographe (Charles Routier de Romainville), et un astronome (Pierre-Antoine Veron). Grâce à leurs travaux, le calcul de la longitude par la méthode astronomique est résolu et permet une amélioration solide des cartes. En plus d’avoir accosté sur l’île de Tahiti et d’y avoir étudié les ressources et la culture de ses habitants, l’expédition a également fait escale à Buenos Aires, franchi le détroit de Magellan, traversé l’océan Pacifique et découvert les Nouvelles-Hébrides et les îles Salomon. Ces kilomètres parcourus ont permis de répertorier des îles, des espèces zoologiques nouvelles, la profondeur de l’océan Pacifique…
Les herbiers constitués par le couple Commerson/Barret sont d’une importance considérable : en tout, 5000 espèces sont envoyées à Paris, dont 3000 sont alors encore inconnues en France !
Protège ses hommes
A cette époque, les femmes ont interdiction de monter à bord des navires de sa Majesté. Le botaniste Philibert Commerson s’est épris de son élève Jeanne Barret et ne peut se résoudre à la quitter pour l’expédition. Jeanne décide donc d’embarquer en se faisant passer pour un homme, Jean, cheveux coupés, habits masculins sur le dos. Au cours du voyage, certains membres de l’équipage s’aperçoivent de l’identité de Jeanne, ce qui lui vaudra des harcèlements quotidiens. La supercherie est levée à son arrivée à Tahiti, où les habitants s’aperçoivent tout de suite qu’il s’agit d’une femme.
Louis-Antoine de Bougainville décide d’être bienveillant avec le couple, et pour éviter tout scandale ou condamnation décide de les déposer sur l’île Maurice pour qu’ils ne soient pas jugés en France. Plus tard, en 1785, Jeanne Barret reçoit une pension royale sur la demande de Bougainville. Un avant-gardiste de la cause féminine ?
A donné son nom à une plante
Au cours de ses observations pendant l’expédition, Commerson découvre une magnifique plante aux fleurs pourpres. Elle résiste à toutes sortes de climats et prolifère facilement. Fasciné par cette découverte qui n’est répertoriée nulle part, le botaniste décide de la baptiser « Bougainvillier » en l’honneur du chef d’expédition.
A rédigé un ouvrage controversé
Je ne saurais quitter cette île fortunée sans renouveler ici les éloges que j’en ai déjà faits. La nature l’a placée dans le plus beau climat de l’univers, embellie des plus riants aspects, enrichie de tous ses dons, couverte d’habitants beaux, grands, forts. Elle-même leur a dicté des lois, ils les suivent en paix et forment peut-être la plus heureuse société qui existe sur ce globe. Législateurs et philosophes, venez voir ici tout établi ce que votre imagination n’a pu même rêver.
A travers son ouvrage Voyage autour du monde publié en 1771, Bougainville décrit les Tahitiens comme des être libres, en symbiose avec la nature et dépourvus d’artifices.
Ce récit renforce le mythe du « bon sauvage » et la théorie de Rousseau selon laquelle « l’Homme naît bon, c’est la société qui le corrompt ». La description élogieuse du peuple Tahitien a contribué à renforcer ce mythe : l’homme à l’état naturel est un homme pur.
Cet ouvrage, à travers les récits incroyables, marque toute une génération de lecteurs, emportés par l’univers utopique qui s’offre à eux.
C’est justement ce que va critiquer Diderot en 1796 à travers son essai philosophique Supplément au voyage de Bougainville . L’auteur fait dialoguer 2 personnages, A et B, qui discutent de l’ouvrage de Bougainville. A travers cet échange, il critique l’expédition en y montrant les dangers du colonialisme et de l’homme civilisé.
A travers ses compétences maritimes et militaires, à travers sa soif de découvertes et de connaissances, et même à travers sa générosité, Louis-Antoine de Bougainville a su marquer la découverte du pacifique et de Tahiti. Des récits qui n’ont pas fini de nous donner envie de voyager…
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Article concocté par Amelie Gonin ,
