Comment un musée peut relever le défi d’être moderne lorsque ses collections appartiennent au passé ? C’est tout ce qui nous intéresse dans ce nouveau podcast réalisé pour le musée national du moyen âge : le musée de Cluny.

« On se retrouve au musée? » est un podcast du musée de Cluny, musée national du Moyen Âge.
Production et Réalisation : Cultur’easy Podcast et Sens de la Visite
Signature sonore : Théo Boulenger

Salut, moi c’est Caroline, on se retrouve au musée ?

Caroline : depuis quelques temps, j’ai commencé à suivre Jérémie au musée de Cluny. On a découvert comment le musée acquiert de nouvelles œuvres. Il m’a fait découvrir la magie du musée avec ses nocturnes des jeudis soir. Après, il m’a donné encore plus envie de venir pour tester les visites dansées et même hypnotiques du musée. 

Et là j’apprends qu’à Cluny, j’ai manqué une super conférence sur le Moyen-âge et la BD. Et une autre sur la place des femmes à l’époque médiévale. Mais j’étais où pour manquer tout ça, j’savais pas moi qu’un musée d’histoire pouvait être aussi in.

Quand j’ai appris grâce à Jérémie, que le musée proposait toutes ces visites originales. Et qu’en plus on y parlait de sujets d’actualité, ça me donne de plus en plus envie d’y aller.  Et même d’y retourner plusieurs fois. D’ailleurs, Jérémie, tu es toujours en déambulation dans le musée Cluny pour en savoir plus sur la programmation ? Très en phase avec les problématiques actuelles.

Jérémie : je me trouve dans la salle 18 consacrée aux arts du combat et il se trouve que, à côté de nous, y a des très belles céramiques d’ailleurs et j’ai à côté de moi Audrey Defretin, qui est responsable du service culturel et de la politique des publics.

Comment le musée de Cluny fait pour rester actuel ?

Audrey Defretin : alors nous avons une politique assez importante au moment de la rénovation du musée de Cluny hein ! Lorsque les travaux, assez de grande ampleur, ont été mis en œuvre, la mise en accessibilité du musée de Cluny. Ça a été 2 axes principaux. D’abord, l’accessibilité intellectuelle de l’ensemble des collections qui étaient pas forcément évidentes et très lisibles dans l’ancienne version du musée. Et donc la muséographie, a permis de rendre cette accessibilité plus simple par une progression chronologique dans le parcours. Donc une première chose. 

Après, on a eu une accessibilité physique. C’est-à-dire que jusque-là, le musée de Cluny étant un millefeuille architectural un petit peu complexe. Il y avait plusieurs niveaux et beaucoup d’escaliers.

Et ainsi les personnes à mobilité réduite ne pouvaient pas accéder à certains espaces du musée. Ce qui maintenant est chose faite puisque on a permis cette accessibilité physique grâce aux travaux.

Caroline : alors ça, c’est vraiment super. Le musée de Cluny est désormais plus inclusif, mais il est aussi hyper moderne. Notamment au niveau de sa programmation culturelle.

Audrey Defretin : on a souhaité repenser complètement la programmation culturelle mais également les médiations pour les visiteurs, pour tous les visiteurs. Nous voulons nous adresser à tous et de manière assez inclusive. Donc quoi de mieux que de faire aussi une passerelle entre le monde médiéval et le monde contemporain ? Et ainsi, on a fait appel beaucoup aux spectacles vivants, donc à des artistes qui sont venus créer. Faire des créations spécifiques pour le musée de Cluny et ainsi repenser certains axes de découverte.  Et donc d’autres formes de médiation par le spectacle vivant.

Nous avons aussi un cycle de conférences qui nous permet de traiter des sujets d’actualité

Comme la place de la femme au Moyen-Âge ou encore des tables rondes autour de la bande dessinée. 

Puisque c’est une partie très intéressante, on s’intéresse à la pop culture, on s’intéresse aux arts graphiques également. Et on se rend compte à quel point essayer de travailler vers les intérêts des visiteurs, c’est-à-dire ce qu’ils connaissent. Être plus dans la modernité va permettre de faire ce lien avec tous les aspects historiques. Mais aussi du monde de l’art médiéval. Et ça nous permet donc d’être au plus près des intérêts des publics.

Caroline : oui et puis cette nouvelle programmation permet vraiment de se réconcilier avec le Moyen-Âge. On a souvent une vision assez sombre de cette période historique et en fait en venant à Cluny.

Eh bien on se rend compte que c’est pas vraiment le cas.

Audrey Defretin : en général le monde médiéval, c’est beaucoup d’idées reçues. On pense que le Moyen-Âge est sombre. Voilà qu’il est dur qu’il est sale alors que c’est tout autre. On voit bien que toutes les œuvres du musée de Cluny nous montrent qu’on a beaucoup de couleurs. Beaucoup de lumière, beaucoup de préciosité sur la manière dont les œuvres sont réalisées. Donc on va s’attacher à montrer ça à travers plein de dispositifs différents et d’essayer d’aller justement casser ces idées reçues. C’est le cas pour le cycle sur les femmes au Moyen-âge, la place qu’elles avaient à cette époque-là. Et aussi tout ce qu’elles ont dû cheminer pour arriver à faire des métiers d’homme à avoir une place importante. 

Donc ça, c’est tout ce qu’on essayait de montrer à travers ça

Et encore, ce n’est qu’une toute petite partie et après on peut traiter d’autres sujets. Sur la vie quotidienne, sur plein d’autres aspects. On le fait pour les adultes, pour les enfants et on essaye vraiment de mettre l’accent là-dessus.

Jérémie : est-ce que pour traiter d’un sujet en particulier comme celui de la place des femmes par exemple, on pourrait aller voir une œuvre en particulier dans le musée ? 

Audrey Defretin : tout à fait, alors on peut parler de la place des femmes de plein de manières différentes. Puisque ce cycle de conférences d’ailleurs, qui a été conçu par Séverine Lepape, notre directrice, a bien montré qu’il y avait 1000 et une façon de traiter la place des femmes. 

Mais moi j’ai une en particulier qui me plaît d’autant plus, c’est la dame à la Licorne donc qui est l’œuvre phare. La Joconde du musée de Cluny, très très connue mais qui est une œuvre un peu particulière. Puisque là on y voit une allégorie des 5 sens, hein bien évidemment.

C’est la première interprétation connue de la dame à la Licorne et qui est la plus répandue, mais il y en a plein d’autres. Et on voit surtout cette femme qui est seule dans chaque tapisserie et qui peut évoquer plein d’autres choses. Et qui a été une source d’inspiration extraordinaire, notamment pour les artistes contemporains. On l’a vu dans d’autres musées, mais sur les scènes artistiques également.

Jérémie : vous pouvez m’emmener ?

Audrey Defretin : bien sûr !

Caroline : allez c’est parti, on va rendre visite à la dame à la Licorne. Elle a une salle rien que pour elle. Et pour cause, elle se décline sous 6 immenses tapisseries très colorées au fond rouge. Sur chacune d’entre elles figure la même dame, accompagnée d’une Licorne et d’un lion, dans un magnifique paysage floral. Elle incarne les 5 sens, la 6ème tapisserie comporte quant à elle l’inscription, mon seul désir. Évoquant sûrement un sixième sens, c’est une œuvre à la fois fascinante et énigmatique.

Jérémie : nous voici rentrés dans la fameuse salle de la dame à la Licorne pour faire un focus sur cette œuvre. En fait, parce qu’elle illustre notamment ce sujet de la place des femmes dont on parlait tout à l’heure.

Audrey Defretin : exactement ! Alors pourquoi cette œuvre ? C’est pas parce que c’est la plus connue que je vous amène là, c’est une œuvre qui suscite beaucoup de mystères. Il y a beaucoup d’interprétations à travers le temps. Depuis qu’elle a été découverte, les chercheurs ont beaucoup travaillé sur la manière de comprendre cette œuvre. 

Alors c’est l’allégorie des 5 sens, il y en a plein d’autres qui subsistent. Ce qui est intéressant je trouve dans cette œuvre, c’est surtout de regarder cette dame. Qui est souvent seule ou accompagnée de sa suivante sur chacune des tapisseries. Et c’est une œuvre qui a énormément inspiré les artistes contemporains.

Il y a eu une présentation au musée des abattoirs de Toulouse pendant que nous étions en travaux. Elle a été mise en regard d’œuvre contemporaine. C’était d’ailleurs très intéressant et le monde médiéval fascine.

C’est une source d’inspiration vraiment très très importante pour les artistes

Et je soulignais tout à l’heure que nous avions dans notre programmation des artistes féminines. Qui ont travaillé les chorégraphes et danseurs et danseuses qui ont travaillé dans cette salle. Notamment la visite dansée avec Aurélie Gandit qui a revisité cette œuvre.

L’idée était vraiment de déplacer notre regard. De nous permettre de rouvrir les yeux sur cette œuvre de manière assez différente, hein ! Différente de ce qu’on pourrait avoir lors d’une explication plus académique. Et c’est tout l’intérêt par la danse, par le corps, par le geste. Ce sont des choses qui sont importantes pour nous dans notre programmation.

Et notamment Gaëlle Bourges qui a fait une performance dansée créée spécialement pour le musée de Cluny dans cette salle. Et qui, justement, met l’accent sur la présence de cette dame sur la féminité. Sur la place aussi des animaux qui représentent à la fois la sexualité. Mais d’autres aspects, et c’est une œuvre extrêmement inspirante. Et je pense qu’on on n’a pas encore fini de voir de nombreuses créations s’inspirant de cette œuvre. 

Caroline : ah bah je vous l’avais dit, que Cluny était hyper moderne, mais c’était pas tout. Ils ont exploité le numérique pour nous offrir une meilleure expérience de visite. 

Audrey Defretin : nous avons déployé très récemment un compagnon de visite, c’est à dire un on va dire un Visio guide hein. Les gens connaissent ça, donc un smartphone qui permet de de les écouter et de les voir un petit peu différemment.

Et il y a un parcours enfant

Il y a des parcours adaptés en fonction des types de publics différents qu’on appelle la personnalisation de la visite. Et on essaye via des thématiques d’aller mettre des accents sur justement des sujets un petit peu particuliers. Alors peut-être que les femmes auront leur place puisque pour l’instant on n’a pas développé cette thématique. Mais on aimerait bien la conduire en 2023.

Et puis d’autres partis sur l’artisanat, l’art, les métiers, mais aussi, aussi plus sensibles sur la couleur. Ne serait-ce que de regarder les choses à travers une couleur, visiter avec sous ce prisme-là. Donc le numérique va venir mettre des points de focus particuliers sur ces éléments qui seront peut-être vus différemment.

Caroline : et je dois reconnaître que cette présence du numérique au sein du musée rend la visite beaucoup plus immersive. Dans la salle Notre-Dame de Paris vous avez par exemple une grande tablette pour visualiser les différentes sculptures sur la cathédrale. Et ça devient tout de suite plus concret et addictif, hein, presque plus que Candy Crush, c’est pour dire.

Que ce soit à travers les nocturnes, les médiations sensibles ou encore les visites thématiques autour de sujets actuels. Cluny nous permet de nous plonger dans les œuvres du Moyen-Âge en brisant nos idées reçues et en réinventant notre expérience du musée. Oui, à Cluny, le musée se vie à travers ses sensibilités et ses envies.

Et vous, qu’est-ce qui vous tente ? 

La visite hypnotique, celle sur la place des femmes ou bien encore les nocturnes pour profiter du musée dans le calme après le boulot. Peu importe vos préférences, Cluny vous plonge dans une période historique fascinante et étonnante. L’époque médiévale à très vite à Cluny.

Jérémie : à très vite ! Allez Caroline, maintenant je t’emmène au frigidarium.

Caroline : Frigida quoi depuis quand tu parles latin toi bon, allez c’est reparti, on part à l’aventure.

L'équipe Podcast de Cultur'easy s'emploie à créer toujours plus de contenus immersifs pour nos utilisateurs. Une identité et des objectifs forts : l'émotion et faire vivre la culture pour la partager au plus grand nombre.

Commenter cet article


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.