Notre Terre tourne autour du Soleil. Aujourd’hui une évidence, ce concept, connu sous le nom d’héliocentrisme, est récent dans l’histoire des sciences. Pendant des millénaires, l’Homme s’est, au contraire, imaginé au centre de l’Univers. Mais, quelques esprits éclairés et rebelles ont bravé les dogmes de leur époque afin d’établir la vérité. Terre versus Soleil, pièce en quatre actes !

Acte 1 : la Terre comme centre de l’Univers

Pour les premiers philosophes de la Grèce antique, tel Pythagore (vers 500 avant J.-C.), l’Univers suit un modèle géocentrique. La Terre est une sphère, immobile, au centre de l’Univers. Le Soleil, la Lune, les planètes et l’ensemble des étoiles tournent autour d’elle, en suivant des orbites circulaires. Cette théorie se base essentiellement sur les observations effectuées de jour (mouvement apparent du Soleil d’Est en Ouest), comme de nuit (même mouvement apparent pour les planètes et étoiles).

Aristote (vers 350 avant J.-C.), autre philosophe grec, complète le modèle géocentrique pour expliquer la rétrogradation des planètes. Ce terme désigne le recul qu’elles observent lors de leur observation nocturne, par rapport aux autres astres.

500 ans plus tard, Ptolémée (vers 150) complexifie encore les choses. Selon lui, la Terre n’est plus au centre de l’Univers à stricto sensu. Cette place revient dorénavant à un point imaginaire, ne correspondant à aucun corps céleste. Néanmoins, il continue de penser que tout ce qui est connu tourne autour de la Terre. L’ensemble de ses travaux astronomiques, publiés dans les 13 volumes de l’Almageste, est la base de l’astronomie occidentale jusqu’au XVIe siècle.

Acte 2 : le système copernicien s’oppose au système ptoléméen

Au XVIe siècle, Copernic (astronome polonais) remet en cause le système géocentrique mis au point 1 500 ans plus tôt par Ptolémée. Chanoine, il occupe un poste administratif au service de l’Église. Dès lors, il partage sa vie entre la religion et la science. À partir de 1514, Copernic diffuse ses idées révolutionnaires auprès de ses collègues dans un traité. Il y écrit que la Terre tourne sur elle-même et qu’elle n’est pas le centre de l’Univers. Au contraire, tous les corps tournent autour du Soleil. Peu avant sa mort, il édite la somme de ses travaux dans son De revolutionibus orbium coelestium. C’est la naissance de l’héliocentrisme.

Néanmoins, cette conception va à l’encontre des dogmes philosophiques, scientifiques et religieux admis à l’époque. Elle est condamnée par l’Église en 1616. Peu après, Tycho Brahé (astronome danois) mêle observations factuelles et respect pour la religion en théorisant le modèle géo-héliocentrique. Ce modèle mixte replace la Terre au centre du schéma, avec la Lune et le Soleil tournant autour. Mais, ici, les planètes tournent autour du Soleil. En accord avec l’Église, cette théorie est adoptée par les jésuites jusqu’au XVIIIe siècle.

Acte 3 : Galilée et son « hérésie »

Galilée devant le Saint-Office au Vatican lors de son procès, peinture de Joseph-Nicolas Robert Fleury / © 2018 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau
Galilée devant le Saint-Office au Vatican lors de son procès, peinture de Joseph-Nicolas Robert Fleury / © 2018 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau

En 1609, Galilée (astronome italien) construit une lunette astronomique en perfectionnant la longue-vue, inventée un an auparavant en Hollande. Grâce à cette lunette, il réalise de nombreuses observations : cratères sur la Lune, satellites autour de Mars et Jupiter, tâches sur le Soleil… Il prouve ainsi que des corps tournent autour d’autres objets que la Terre, et la rotation du Soleil sur lui-même. Toutes ces découvertes vont dans le sens du système copernicien. De son vivant, Galilée a des amis très haut placés dans toutes les cours européennes, et même au sein de l’Église. Ainsi, le pape Urbain VIII le soutien dans la rédaction de son ouvrage le plus célèbre, le Dialogo. Il s’agit d’un dialogue entre trois personnages : l’un favorable au géocentrisme de Ptolémée, l’autre à l’héliocentrisme de Copernic, et le dernier sans opinion préétablie.

Mais, Galilée y expose manifestement son penchant pour l’héliocentrisme, condamné depuis 1616. Face aux vives critiques des opposants, Urbain VIII convoque Galilée au tribunal de l’Inquisition. En juin 1633, Galilée doit réfuter sa prise de position hérétique, sous peine de torture, voire de condamnation à mort. Il accepte. Son ouvrage est dès lors interdit.

Acte 4 : le sacre du Soleil

Notre étoile : le soleil
Notre étoile : le soleil

En 1609 toujours, un autre érudit, Kepler (astronome allemand) soutient également le modèle héliocentrique de Copernic. Il reprend les observations effectuées par Tycho Brahé dans ses calculs. Cependant, il conclut que les orbites des planètes autour du Soleil ne sont pas circulaires mais elliptiques. Ce dernier modèle est, enfin, celui qui correspond à la réalité des faits !

Le dernier argument utilisé par les géocentristes pour affirmer l’immobilité de la Terre sera contré vers 1680 par Newton. En effet, il explique par son principe d’inertie que la Terre peut être en mouvement sans que l’on en ressente les effets par nous-mêmes. Finalement, ce n’est que vers 1750 que l’Église admet le modèle héliocentrique. Galilée, lui, est réhabilité par le pape Jean-Paul II en 1992.

Plus de 200 ans, c’est le temps qu’il aura fallu pour passer définitivement du modèle géocentrique au modèle héliocentrique

Le premier, hérité de l’Antiquité et vivement défendu par l’Église, plaçait la Terre immuable au centre de l’Univers. Le second, place une étoile, notre Soleil, au centre de son système planétaire. La Terre n’est alors plus qu’un corps céleste, tournant sur lui-même et gravitant autour de celle-ci. Il aura également fallu l’audace d’érudits visionnaires pour opérer ce changement : Copernic, Galilée, Kepler, Newton… autant de noms qui ont traversé les âges…

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Par Aurélien Nicole ,

Diplômé en Histoire et en Gestion du patrimoine culturel, c’est à Paris 1 Panthéon-Sorbonne qu’Aurélien termine ses études. D’expérience en expérience, il côtoie les plus grandes institutions muséales françaises, mais aussi les associations au plus près du patrimoine local. De retour dans sa région, il choisit Arras pour implanter son activité d’indépendant. Gestion de collections, production d’expositions, conseil, rédaction d’articles, enseignement… il est toujours dans l’action avec pour objectifs : assouvir sa curiosité et transmettre.

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