L’art allemand est globalement peu connu en France. On a tendance à lui préférer l’art italien. Notre voisin transalpin nous paraît en effet plus proche de nous linguistiquement et culturellement. Mais l’Allemagne est forte d’un riche passé artistique et se tient aujourd’hui au premier plan sur la scène européenne et internationale de l’art contemporain. En cinq minutes, tour d’horizon de l’histoire de l’art allemand !

Les peuples habitant le territoire de l’actuelle Allemagne ont produit des artefacts dès la Protohistoire. Auparavant désigné sous le nom de Germanie, cette zone géographique a vu naître de nombreux peuples d’artistes et d’artisans. Les arts médiévaux et modernes d’Outre-Rhin ont notamment eu une influence prépondérante sur les réflexions esthétiques du reste de l’Europe. De nos jours encore, les artistes d’Allemagne sont plébiscités sur le marché de l’art.

Les peuples germains, du métal à la pierre

Couronne votive de Guarrazar, Wikimedia Commons
Couronne votive de Guarrazar, Wikimedia Commons

A l’époque de l’Empire romain, la population de Germanie était divisée en de nombreux peuples distincts. Chacun a fait pression sur Rome pour étendre son territoire. Les Francs se sont ainsi installés en France, les Wisigoths en Espagne et les Angles en Angleterre. Et oui, nombreux sont les mots français qui puisent leurs sources dans ces cultures !

Ces peuples germains étaient extrêmement nombreux et variés. Lors de leurs conquêtes territoriales, ils s’imprégnaient de la culture locale et religieuse pour produire des esthétiques nouvelles. C’est par exemple le cas des Wisigoths, partis de Germanie vers le Sud de la France pour atteindre la péninsule hispanique. Les Wisigoths étaient en premier lieu de grands architectes. On leur doit de magnifiques et confidentielles églises, comme celle de San Pedro de la Nave. Ils étaient aussi réputés pour leur orfèvrerie, dont les motifs confinaient parfois à l’abstraction. L’une de leurs plus belles réalisations est la couronne du roi Receswinthe, aujourd’hui conservée à Madrid.

Un Moyen-Âge rayonnant

Massif occidental de l’abbaye de Corvey, Wikimedia Commons
Massif occidental de l’abbaye de Corvey, Wikimedia Commons

La période médiévale n’est pas en reste en Allemagne. C’est d’ailleurs dans ce pays que sont nées de nombreuses traditions et innovations artistiques. Le cas de l’abbaye de Corvey est emblématique. Construite à partir de 822, son église est la première à présenter un massif occidental, c’est-à-dire une construction en hauteur avec portail, étages et clochers à son entrée. Elle est située au centre du pays, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La peinture allemande est également en pleine floraison à cette époque, dont le peintre le plus notable est sans doute Raban Maur. Ce moine et théologien officiait à l’abbaye de Fulda. On lui doit l’ouvrage Louanges à la Sainte Croix. Ce manuscrit est rempli de compositions associant calligrammes, poèmes et peintures d’une complexité et d’une hauteur abstraite saisissante.

Plus tard, à partir du XIIIe siècle, la production artistique commence à suivre les préceptes de l’art de Byzance (actuelle Turquie). Les peintures ont ainsi des fonds dorés ; les personnages représentés ont une certaine raideur et la perspective est absente.

Le foisonnement de l’époque moderne

Gravure de l’Apocalypse de saint Jean par Albrecht Dürer, Wikimedia Commons
Gravure de l’Apocalypse de saint Jean par Albrecht Dürer, Wikimedia Commons

Les historiens de l’art associent généralement le début de l’époque moderne à celui de la Renaissance. Ce terme désigne un épanouissement technique et artistique exceptionnel par sa rapidité et son ampleur. Si en France, on connaît davantage la Renaissance italienne grâce à Léonard de Vinci ou Raphaël, le Nord de l’Europe a aussi eu sa Renaissance, et l’Allemagne en premier lieu !

Si un seul artiste du XVe siècle était à retenir, il ‘s’agirait d’Albrecht Dürer. Il était dessinateur et peintre mais a poussé la gravure à un degré de technicité et d’inventivité jamais vu auparavant. Originaire de Nuremberg, ville bavaroise au Sud-Est du pays, il a su appliquer des principes mathématiques avancés pour utiliser au mieux la perspective.

Vue intérieure de l’église de Wies, Wikimedia Commons
Vue intérieure de l’église de Wies, Wikimedia Commons

Les XVIIe et XVIIIe siècles allemands sont en revanche connus pour leur style baroque unique. Les églises de cette période en sont de parfaits exemples. Leur décor peint et sculpté est extrêmement chargé et détaillé. La petite église de Wies, elle aussi classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est une pure merveille du genre.

Et aujourd’hui ?

Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich, PickPic.com
Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich, PickPic.com

On qualifie généralement d’époque contemporaine la période s’étendant du XIXe siècle jusqu’à nos jours, et le XIXe siècle allemand est celui du romantisme. Les artistes, écrivains comme peintres, cherchent à exprimer leurs émotions et à se rapprocher de la nature. Caspar David Friedrich est l’un des chefs de file de ce mouvement, et son célèbre tableau Le Voyageur contemplant une mer de nuages en est l’exemple parfait.

Le siècle suivant est un siècle d’énormes bouleversements politiques et esthétiques. Le régime nazi produit un art totalitaire à la gloire du Reich et d’Hitler, en conflit ouvert avec le Bauhaus. Ce mouvement a inspiré énormément d’artistes en Occident et a contribué à la naissance du design contemporain et de la performance. De nos jours, les artistes allemands continuent de faire vibrer le marché de l’art mondial. Les peintures de Gerhard Richter figurent ainsi parmi les œuvres aux prix les plus élevés. Son style très reconnaissable, qui évoque souvent des photographies floues ou abîmées, a fait de lui l’un des peintres principaux de notre siècle.

Table de Gerhard Richter, Flickr.com
Table de Gerhard Richter, Flickr.com

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Article concocté par Sarah Gouin-Béduneau ,

Sarah est historienne de l’art et s’est spécialisée dans la gestion du patrimoine culturel. Elle aime toutes les formes de création visuelle, s’intéresse énormément à la musique et au patrimoine industriel et travaille actuellement dans la conservation et la documentation des biens mobiliers.

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