Elmer l’éléphant bariolé, Chien Bleu ou encore Max et les Maximonstres. Nous pouvons tous citer un ou plusieurs albums illustrés qui ont marqué notre enfance. Les illustrateurs et auteurs jeunesse aident les plus jeunes à grandir tout en cultivant leur monde imaginaire. Place aux livres pour les plus grands !

#1 Des Souris et des hommes, Rébecca Dautremer, 2020

En 2020, Rébecca Dautremer décide d’adapter un monument de la littérature mondiale, Des Souris et des hommes de John Steinbeck. Ce petit roman publié en 1937 se déroule pendant la Grande Dépression de la fin des années 1920 en Californie. Les amis George et Lennie rêvent d’une ferme dans laquelle élever des animaux. Pour se faire de l’argent, ils décident de travailler comme saisonniers dans un ranch. C’est l’histoire d’une grande et belle amitié entre le costaud Lennie souffrant d’un important retard mental et le bienveillant George.

L’illustratrice reste fidèle à cette œuvre majeure tout en livrant sa propre version sur plus de 400 pages. Les décors, matières, jeux de lumière et cadrages dynamiques apportent aux différentes scènes un côté très théâtral. Les compositions de Dautremer s’étendent généralement sur des doubles pages. Elle ne laisse aucune place au vide et immerge le lecteur dans un univers empruntant les codes de la photographie. Cet album est un heureux mélange de roman graphique et de livre d’images.

#2 Là où vont nos pères, Shaun Tan, 2007

Là où vont nos pères de Shaun Tan est un hommage à tous les exilés du monde. L’auteur-illustrateur traduit l’immense tristesse causée par la séparation d’un homme et de sa famille. À la frontière entre la bande dessinée et l’album illustré, Shaun Tan utilise un style graphique aux tonalités sépia. Ses dessins sont très proches de la photographie.

Cet album tout en clair-obscur a d’ailleurs remporté en 2008 le prix du meilleur album au festival d’Angoulême. L’histoire, sans aucun texte, raconte l’immigration forcée d’un homme qui rejoint un pays mystérieux rétrofuturiste où tout lui est inconnu. Un thème plus que jamais d’actualité qui fait écho à la propre biographie de l’auteur, enfant d’expatrié.

#3 Les chasseurs de loups, James Olivier Curwood et Anton Lomaev, 2019

Une centaine de pages, le Grand Nord-américain et des illustrations à couper le souffle. La recette de l’album Les chasseurs de loups semble bien maîtrisée. Il s’adresse plutôt à un public adolescent, l’histoire aux allures de western, raconte l’aventure semée d’embûches de trappeurs canadiens.

Trois jeunes gens décident d’aller chasser les loups et d’en ramener les scalps en échange d’une récompense. La beauté de la nature est représentée à la manière de grandes fresques peintes. Le livre fait la part belle aux illustrations grandioses, souvent développées sur des doubles pages.

#4 Hyacinthe et Rose, François Morel et Martin Jarrie, 2010

Quel curieux album que celui de Martin Jarrie le peintre et François Morel l’écrivain. En 2011, Hyacinthe et Rose est récompensé pour ses illustrations avec le prix Bologna Ragazzi. Ce somptueux album met à l’honneur 48 portraits de fleurs.

Sublimés par le récit d’un couple de sexagénaires que seule la passion des végétaux anime. C’est leur petit-fils qui raconte leur vie ponctuée de bonheurs, de tourments et de fantaisie. L’album se présente comme un herbier tendre et poétique duquel on pourrait presque sentir les parfums enivrants du jardin au printemps.

#5 14-18 : Une minute de silence à nos arrière-grands-pères courageux, Thierry Dedieu, 2014

Pour aborder un tel sujet, nul besoin de grands discours. Thierry Dedieu l’a bien compris, car l’album commence par quelques simples lignes. « Hélas, ma chère Adèle, il n’y a plus de mots pour décrire ce que je vis. Gustave ». La suite, ce sont les images qui la racontent. Une série de terribles illustrations sur l’horreur de la guerre 14-18 et l’enfer des tranchées. Le silence règne sur des décors dramatiques.

Il ne faut pas vraiment plus d’une minute pour parcourir l’ouvrage, tel un hommage aux soldats. Le noir et blanc domine et quelques tonalités sépia ne parviennent pas à apaiser les insoutenables fresques peintes par Dedieu. À la fin du livre, une lettre de la pauvre Adèle supplie son mari de rentrer vivant. 

#6 Les Contes macabres, Benjamin Lacombe, 2010

Illustrateur jeunesse, vraiment ? L’univers de Benjamin Lacombe n’a pourtant rien d’enfantin. L’auteur d’Esprits et Créatures du Japon se lance en 2010 dans l’illustration de sept nouvelles du romancier américain Edgar Allan Poe. L’aspect extérieur de l’ouvrage donne le ton. Un imposant volume aux allures de grimoire et à la couverture lugubre et noire. Les illustrations proposent des cadrages en forme de médaillons anciens, sublimées par une ligne fine et des couleurs évanescentes.

Dans cet univers gothique, ce sont les personnages et surtout les figures féminines de Lacombe qui intriguent. Comment ne pas penser à la célèbre artiste-peintre Margaret Keane et à ses portraits de de fillettes aux yeux surdimensionnés ? Un dessin à la Lacombe, spectral mais attachant, envoûtant mais dérangeant. Non, vraiment, ce n’est pas pour les enfants.

#7 Les Contes de Fesses, Benjamino Caldo, 2017

En apparence, un joli petit livre d’une soixantaine de pages, aux graphismes enfantins. Tout parent pourrait être tenté de le choisir comme histoire du soir pour leurs bambins. La vérité est toute autre. Benjamino Caldo se plaît à imaginer ce que serait la vie sexuelle des personnages connus de contes de fées.

Une pâte artistique coquine et loufoque décrit les joyeux ébats auxquels se livrent princesses et princes charmants. Mère-grand et le loup batifolent, Pinocchio consulte des revues porno tandis que Blanche-Neige profite des compétences de ses sept nains. Une réinterprétation originale du Kâmasûtra pour pimenter sa vie de couple !

#8 Dors et fais pas chier, Ricardo Cortés et Adam Mansbach, 2011

Encore un bel exemple de détournement de l’album jeunesse de la part d’un jeune papa, exaspéré par son nouveau-né. Dors et fais pas chier raconte le quotidien des parents épuisés de tout tenter chaque soir pour endormir leurs enfants récalcitrants.

Les comptines enfantines sont réinterprétées et intègrent parfois quelques gros mots, à ne pas répéter. Véritable best-seller aux États-Unis, ce petit album a été vendu en un temps record lors de sa sortie en 2011. On apprécie ce contraste entre les illustrations innocentes et les textes un peu obscènes.

#9 Amourons-nous, Geert de Kockere et Sabien Clément, 2003

La subtilité du langage poétique et amoureux couplé à des illustrations étonnantes et déstructurées s’adresse à un public d’adolescents. L’amour physique entre deux corps apprenant au fil des jeux à se découvrir tendrement, telle est la trame du récit.

Les images de l’illustratrice flamande sont suggestives et décrivent avec une grande sensualité l’acte de faire l’amour. Le style graphique surprenant permet au dessin de déborder du strict cadre de la page du livre. Les formes simples, quelque peu enfantines rappellent l’art naïf.

Le monde des albums illustrés est encore vaste

Le monde des albums illustrés est encore vaste. Il regorge de pépites que nous n’avons pas pu évoquer dans ce court article. Rendez-vous sur les réseaux sociaux pour discuter de vos coups de cœur littéraires !

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Article concocté par Ariane Guizard ,

Mon prénom, à la légende crétoise bien connue, m’a donné le goût pour l’art et les histoires. Petite, j’écrivais et mettais en scène des pièces de théâtre tout en dessinant mes rêves. Devenue une adulte curieuse, j’aime passer du coq à l’âne et d’une découverte à l’autre. Après des études artistiques, je suis devenue rédactrice pour raconter la vie des autres sur le web. Hypersensible, je vis chaque jour avec passion et une bonne dose de folie !

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