La légende d’Osiris incarne l’un des plus importants récits fondateurs de l’Égypte antique. Surtout, elle nous plonge au cœur des mystères de l’âme humaine.

Des siècles nous séparent de ses origines. Pourtant, aujourd’hui encore la mythologie égyptienne fascine. Les passionnés d’Histoire se délectent de ses récits. Les mordus d’écran se passionnent pour les énigmes qu’elle distille dans de nombreux films et jeux vidéo. Bien avant l’ère chrétienne, le mythe d’Osiris en particulier revêtait un intérêt majeur pour toute une civilisation polythéiste. Mais comment s’est-il construit ? Quel grand secret tentait-il de percer ?

Les pyramides d’Égypte, tombeaux des pharaons. Source : Pixabay
Les pyramides d’Égypte, tombeaux des pharaons dont la Grand pyramide de Khéops, dernière des 7 merveilles du monde antique visible. Source : Pixabay

Un dieu emblématique de la mythologie égyptienne

Fils de Geb (dieu de la terre) et de Nout (déesse du ciel), Osiris appartient à la cosmogonie d’Héliopolis. Il est l’aîné de 3 autres enfants :

  • Seth ;
  • Isis ;
  • Nephtys.

Les unions au sein d’une même famille constituent à l’époque une pratique courante pour préserver la pureté d’une lignée. Ainsi, Osiris épouse Isis et devient le pharaon d’Égypte. Seth se marie quant à lui avec Nephtys. Il hérite de terres hostiles et désertiques.

Les sources concernant le mythe d’Osiris proviennent essentiellement des anciens Textes des Pyramides, puis du récit tardif de Plutarque, vers 100 apr. J.-C.

Le dieu pharaon Osiris reçoit des offrandes. Source : Vikidia
Le dieu pharaon Osiris reçoit des offrandes. Source : Vikidia

Osiris est généralement représenté coiffé de la couronne Atef et paré des attributs royaux. Sa peau, tantôt verte comme le végétal, tantôt noire comme le limon fertile, symbolise sa fonction initiale de dieu agraire, pourvoyeur de céréales nourricières.

Il poursuit durant les 28 années de son règne une œuvre civilisatrice. Outre l’agriculture, il inculque en effet à son peuple des lois et des principes moraux. Bienveillant et juste, il est aimé de tous. Ou presque.

La jalousie de Seth

Son frère envie sa réussite. D’autant plus que sa femme donne naissance à Anubis après sa liaison avec Osiris. Furieux, Seth élabore un stratagème pour évincer son rival. Il l’enferme dans un sarcophage, qu’il jette dans le Nil. Il dérive sur la Méditerranée jusqu’à Byblos.

Le mythe d’Osiris raconte que la dévouée Isis se met à sa recherche, refusant ainsi le caractère inéluctable de la mort. Elle récupère le corps et le cache dans les marais. Mais Seth l’apprend. Fou de rage, il le retrouve et le découpe en plusieurs morceaux qu’il disperse aux quatre coins de l’Égypte.

Illustration du dieu Seth
Illustration du dieu Seth

Pourtant, et c’est bien connu, rien n’arrête une femme déterminée. Surtout pas Isis, qui possède plus d’un tour dans son sac. Avec l’aide de Nephtys, elle rassemble les restes de son mari. Ce qui n’est pas une mince affaire. D’autant plus que son phallus a servi d’en-cas à un poisson-oxyrhynque.

Grâce à sa magie, Isis lui rend sa vitalité. Elle conçoit Horus, sans procréation physique, comme un certain Jésus-Christ plus tard. Elle joue par conséquent un rôle majeur dans la création d’une trinité. L’article Isis, la Grande Mère divine, publié par Le Temps en 2007, commence d’ailleurs ainsi :

Pour la grande égyptologue française Christiane Desroches-Noblecourt, c’est la religion égyptienne qui a pavé la voie au christianisme

Le mythe d’Osiris ou le secret de la vie après la mort

Anubis ne chôme pas non plus dans cette histoire. Il fabrique la toute première momie. Revenu à la vie, Osiris choisit de rejoindre le monde des défunts, dont il devient le souverain. Il garantit aussi l’harmonie cosmique de la déesse Maât.

Loin des créatures vengeresses qui envahiront plus tard les écrans de nos salles obscures, les momies matérialisent la croyance égyptienne en l’immortalité. Le culte d’Osiris connaît d’ailleurs une popularité croissante à partir de 2 400 av. J.-C. On le vénère partout dans le pays et en particulier à Abydos.

Pour les Égyptiens, tout dans la vie obéit à des cycles. Ils constatent par exemple que le soleil disparaît chaque soir à l’horizon pour réapparaître le lendemain. Le Nil lui-même se gonfle avant de se tarir à nouveau.

Par extension, le mythe d’Osiris étaye le concept de la résurrection, après la gestation symbolique dans les eaux du Nil. Il dévoile deux faces complémentaires d’une destinée exceptionnelle, en tissant le lien entre les hommes et les dieux.

La mort est-elle un tabou ? En tout cas, les Égyptiens ne voient en elle qu’une étape. Ils différencient le djet (l’enveloppe charnelle) du ka (l’énergie vitale). Selon leur conception, l’âme du défunt bénéficie d’un second souffle avant de renaître dans l’au-delà. À condition de respecter quelques formalités…

La momification : le sésame pour la vie éternelle

Vers 3 400 ans avant notre ère, on enterre encore l’aristocratie égyptienne dans des tombeaux en surface. Pourtant, la volonté de mieux préserver les corps se précise. Elle aboutit un millénaire plus tard au rituel funéraire évoqué dans le mythe d’Osiris.

Décrit dans les anciens Textes des Pyramides, ce procédé est en théorie accessible à tous. Mais dans les faits, il reste réservé aux plus aisés. En effet, embaumer et momifier un cadavre nécessite des ingrédients onéreux.

Mais mettons-nous un instant dans l’ambiance. Des volutes d’encens virevoltent dans l’air, tandis que l’on extrait le cerveau du défunt par sa cavité nasale. Ses viscères sont ensuite prélevés et disposés dans des vases appelés canopes. Enfin, des prêtres enveloppent le corps dans des bandelettes de lin, au rythme de diverses incantations.

Plusieurs versions existent dans la mythologie égyptienne. Toutes convergent néanmoins vers la notion d’épreuve. Le chapitre 125 du Livre des Morts mentionne notamment la pesée du cœur (psychostasie).

Osiris préside au jugement de l’âme. Source : Wikimedia Commons
Osiris préside au jugement de l’âme. Source : Wikimedia Commons

La plume de la déesse Maât sert de contrepoids sur une balance. Si le cœur du défunt pèse plus lourd qu’elle, la créature Ammout le dévore. Game over. Si elle rend un verdict favorable, il accède en revanche au royaume de la vie éternelle.

Au fil des siècles, la mythologie tisse l’histoire de la civilisation égyptienne pharaonique. Elle légitime les pouvoirs politiques et offre des éléments de réponses aux mystères de l’Univers. Comme une invitation à plonger en nous-mêmes, elle nous entraîne dans une quête initiatique, entre le monde visible que l’on pense maîtriser et l’invisible qui se dérobe à notre condition de simples mortels.

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Par  Sandra Dall’Acqua,

Diplômée en Histoire, Sandra a pris le virage du digital pour cultiver son amour des mots et mettre en lumière l'expertise de ses clients. C'est en freelance depuis La Réunion qu'elle exerce son activité de rédactrice web SEO. Une île intense, qu'elle a d'ailleurs à cœur de valoriser et de préserver. Sa plume agile aime explorer une grande variété de sujets. Surtout s'ils sortent des sentiers battus !

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