En 1285, un petit village nommé Chauvency-le-Château est le théâtre de l’un des plus grands tournois du Moyen-Age. Retour à l’époque des chevaliers, des troubadours et des joutes !

Octobre 1285, comté de Chiny, à la frontière entre le royaume de France et l’empire germanique

Le comte Louis V de Looz organise, pendant six jours, un gigantesque tournoi où plus de 500 chevaliers s’affrontent. Ce tournoi, auquel assiste plusieurs milliers de personnes, est devenu célèbre. Notamment grâce au récit qu’en a fait le trouvère Jacques Bretel (ou Bretex). Son poème de 4500 vers intitulé Le Tournoi de Chauvency détail les six jours de fêtes données par le comte de Chiny. Il permet également d’avoir un aperçu de la vie menée par la noblesse du XIIIe siècle. Il nous donne des informations précises sur les us et coutumes lors des tournois de chevalerie.

Le tournoi de Chauvency, histoire d’un poème

Miniature du Tournoi de Chauvency
Miniature du Tournoi de Chauvency

Poème, document littéraire et source historique, Le Tournoi de Chauvency est tout ça à la fois. Qualifié de chef d’œuvre de la littérature médiévale, il est également d’un grand intérêt historique. Il offre en effet une description exacte des tournois et des fêtes telles qu’on pouvait les voir au XIIIe siècle. L’auteur livre presque un travail journalistique en décrivant jour par jour et heure par heure ce qui se déroule sous ses yeux. Plusieurs exemplaires de ce poème écrit en vieux français sont encore conservés. Mais la version la plus complète se trouve dans la bibliothèque de l’Université d’Oxford.

La noblesse au XIIIe siècle

L’un des points forts du Tournoi de Chauvency est le portrait qui nous est fait de la noblesse du XIIIe siècle. Brétel y décrit les mœurs chevaleresques et courtoises de la haute société Lorraine. Le tournoi est l’occasion pour les seigneurs et dames de se montrer sous leurs plus beaux atours. Avec plus de 5000 personnes, les festivités sont grandioses !

Ainsi, chaque soir, les participants mangent, boivent et jouent au son de la musique, qui occupe une place importante dans le récit. On chante en effet beaucoup lors de ce tournoi : en rentrant du château, pendant les repas, etc. Dans la majorité des cas, les seigneurs qui poussent la chansonnette le font dans un but précis : charmer. Brétel nous donne ici un aperçu de l’amour courtois, comme le montre cet extrait d’un chevalier essayant de charmer sa promise :

Mais, pour Dieu ! Douce et noble dame,

Ne croyez pas que ma prière,

Aille jusqu’à réclamer votre amour,

Ni que je vous prie autrement,

Que de me donner tout entier

Et m’autoriser à vous faire plaisir.

Et par amour ne soyez pas chagrinée

Si je déplore ma maladie

Auprès de vous qui êtes ma santé ! 

Enluminure médiévale
Enluminure médiévale

Joutes et tournois

Quand les mots « tournois » et « Moyen Age » sont associés, nous avons tout de suite en tête des chevaliers qui s’entretuent en mode Game of Thrones. Cette image, popularisée par les récits, films et séries TV, si elle est en partie vraie, nécessite d’être clarifiée. C’est ici que l’œuvre de Jacques Bretel révèle son importance. Il montre en effet l’évolution du tournoi et de la société chevaleresque.

D’une cohue guerrière se déroulant en plein champ, le tournoi se transforme en un spectacle règlementé pratiqué dans un espace délimité. À Chauvency, les deux premiers jours sont dédiés aux joutes, ces duels opposants deux chevaliers lances à la main. Contrairement aux idées reçues, le but n’est pas de faire tomber son adversaire mais de briser le plus de lance possible. Dans son poème, Bretel évoque par exemple une joute opposant Ferry de Sierck à Millet de Thil. Après 28 passages et 16 lances cassées, les chevaliers se quittent avec une victoire de Millet de Thil.

Lors des tournois, les combattants ne s’affrontent pas uniquement à cheval. Ils peuvent également se battre à pied avec épées et haches lors des mêlées. Enfin, si certains duels sont plus violents que d’autres, celle-ci reste minoritaire et les blessures graves peu nombreuses. 

Reconstitution d’une joute médiévale
Reconstitution d’une joute médiévale

À travers la description de l’un des plus grands tournois de chevalerie du Moyen-Âge, Jacques Brétel nous livre un témoignage précieux de ce qu’était la noblesse du XIIIe siècle

Aujourd’hui encore, cette période médiévale est l’objet de passion, que ça soit avec des reconstitutions historiques, des spectacles de chevalerie ou des tournois de béhourd !

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Par  Pierre-Luc Fourny ,

Originaire d’une petite bourgade de Loire-Atlantique, je suis diplômé d’un master en valorisation du patrimoine culturel. Amoureux de football et d’Histoire (qui a dit que les deux ne vont pas ensemble ?), j’aime transmettre cette passion aux personnes qui m’entourent. Travaillant aujourd’hui dans la médiation culturelle, je suis prêt à vous faire voyager à travers le temps !

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