Devenus adultes, nous pouvons tous citer quelques-unes de nos histoires préférées. Ce sont celles que nous lisaient nos parents lorsque nous étions enfants. Les albums illustrés nous ont aidé à grandir ensemble, à nous donner le goût de la découverte et les clés pour mieux comprendre le monde qui nous entoure. Mais que serait un album jeunesse sans de belles illustrations ? Que serait un album jeunesse sans l’univers des illustrateurs ?
Certains artistes, aujourd’hui bien connus, ont su créer personnages et univers singuliers. Comme un roman de Roald Dahl ne peut pas se passer des images de Quentin Blake, il est difficile d’imaginer une aventure du Prince de Motordu sans le drôle de coup de crayon de Pef. À tous les grands bambins nostalgiques de leurs premières années, venez découvrir ou redécouvrir quelques grands noms qui ont marqué de leur talent l’illustration jeunesse. Il s’agit bien entendu d’une liste non-exhaustive car il serait impossible de rendre hommage à tous ces artistes dans un seul article !
1. Philippe Corentin : des dessins pleins d’humour pour faire rire les enfants
Philippe Le Saux, alias Philippe Corentin est un artiste complet. À la fois auteur et illustrateur, il fait du dessin humoristique sa marque de fabrique. Il se plaît d’ailleurs à déclarer « Moi je fais des livres guili-guili ». Telle est la mission que se donne cet autodidacte, faire rire les enfants à travers des histoires loufoques et un trait de crayon désopilant.
C’est l’absurde qui règne en maître sur chacun de ses albums. L’auteur offre alors plusieurs niveaux de lecture aux petits comme aux grands. Les adultes, sensibles à la caricature se laissent facilement amuser par ces personnages mi-humains, mi-animaux aux traits physiques exagérés. Dans les scénarios de Corentin, tout commence dans un univers plutôt classique. Le comique de situation fait alors irruption sous forme de scènes sans queue ni tête. Dans Machin Chouette, un chien idiot, récemment adopté par une famille, s’installe confortablement dans le fauteuil du salon. Le chat engage alors une conversation tantôt sérieuse, tantôt conflictuelle avec le nouvel arrivant. Les deux animaux adoptent un argumentaire quasi humain, le tout se déroulant dans un huit clos : une grande réussite !
2. Tomi Ungerer : le publicitaire satirique reconverti
Auteur, illustrateur, affichiste, publicitaire ou collectionneur, Tomi Ungerer a marqué durablement la littérature jeunesse. Le musée qui lui est dédié à Strasbourg met à l’honneur toutes ses créations, du croquis le plus innocent aux dessins les plus érotiques. Cet éternel enfant dans l’âme a fait don de sa collection de jouets au Musée de Strasbourg et a reçu le prix Nobel de Littérature en 1998.
Vous connaissez sans doute Jean de la Lune, adapté au cinéma ou encore Les Trois Brigands. Dans ce dernier album, Tiffany, une petite orpheline fait la rencontre de trois malfrats qu’elle persuade finalement de faire le bien. Ungerer se plaît à délaisser la bien-pensance, ne souhaitant pas épargner les enfants des travers de ce monde. Ses personnages empruntent quelques codes graphiques à la carricature, ce qui n’empêche pas le dessinateur d’illustrer de sombres thèmes. Dans Otto – Autobiographie d’un ours en peluche, c’est la seconde guerre mondiale et la déportation des juifs que choisit de raconter Ungerer aux jeunes lecteurs.
3. Claude Ponti : vous ne verrez plus jamais un poussin de la même manière !
De son enfance déçue, Claude Ponti en a fait une force créatrice sans pareil. Ses parents s’étant toujours opposés à sa carrière artistique, l’artiste a longtemps cultivé un côté pessimiste. Ce n’est qu’à la naissance de sa fille Adèle qu’il se lance dans l’illustration jeunesse. Ponti se forge alors un univers pour le moins singulier, loufoque et symbolique. Un monde féérique où les détails graphiques et narratifs colonisent les pages entières.
Son héro préféré est un petit poussin nommé Blaise, toujours masqué, à qui il dédie trois albums. Tous ces poussins se retrouvent dans d’autres ouvrages, parfois figurants, parfois acteurs. Ils viennent d’ailleurs en aide au personnage principal dans Pétronille et ses 120 petits. Dans les histoires de Ponti, plusieurs récits se croisent par le biais des images. Une sorte de mise en abîme, habillement maniée par l’illustrateur et invitant le jeune lecteur à la plus grande observation. Les jeux de mots sont légion dans ces aventures où la fiction côtoie le réel.
4. Rébecca Dautremer : des illustrations oniriques qui dépassent les frontières de la littérature jeunesse
Difficile d’ignorer le phénomène Rébecca Dautremer alors que ses magnifiques illustrations envahissent nos librairies. Comme Benjamin Lacombe et son univers fantasmagorique, celui de cette autrice-illustratrice dépasse les frontières de la littérature jeunesse. Dautremer s’inspire de la photographie pour proposer des compositions d’une beauté saisissante. Cadrage, couleurs, jeux d’ombres et de lumières, rien n’est laissé au hasard. Comme Claude Ponti, elle crée des images avec plusieurs niveaux de lecture, s’adressant aussi bien aux enfants qu’à leurs parents.
La plupart de ses œuvres-illustrations sont réalisées au crayon et à la gouache dont elle maîtrise les effets et subtilités à la perfection. La jeune femme aime illustrer de célèbres récits comme Cyrano, d’après l’œuvre d’Edmond Rostand. Dans cet album, très peu de texte mais de grandes fresques transposant l’histoire dans un univers japonisant. La technique du clair-obscur illustre parfaitement l’ambiance dramatique de l’œuvre originale. Les personnages semblent flotter dans ce décor mi-réaliste, mi-fantastique. Pour les grands enfants, Dautremer a récemment illustré le célèbre roman de Steinbeck, Des Souris et des hommes.
5. Pef : papa du célèbre prince de Motordu
Pierre Elie Ferrier, alias Pef, est un véritable touche-à-tout. De journaliste à vendeur en passant par illustrateur jeunesse, on peut dire que l’artiste n’a pas chômé. Pourtant, ce n’est qu’à 38 ans qu’il commence à raconter des histoires. Bien vite, le célèbre personnage du Prince de Motordu voit le jour. La passion de Pef pour la langue française et ses jeux de mots l’amène à collaborer avec le milieu de l’éducation.
La belle lisse poire du prince de Motordu, publié en 1980 a connu un véritable succès. Ce drôle de personnage, pourtant marié à la Princesse Dézécolles, ne cesse de déformer les mots et expressions pour le plus grand plaisir des enfants. Au lieu de parler de son « château », le prince évoque son « chapeau ».
Quant aux illustrations, elles sont à l’image de leur créateur, loufoques et tendres. Les traits physiques des personnages sont exagérés et les couleurs franches et joyeuses.
6. Marcelino Truong : des illustrations chaudes et rayonnantes pour voyager
Pour finir ce court hommage à quelques célèbres illustrateurs jeunesse, nous ne pouvions pas omettre de vous présenter Marcelino Truong. Cet auteur-illustrateur porte le prénom d’une rue de Manille où il a vu le jour. Après des études à Sciences-Po Paris et une agrégation d’anglais, c’est finalement le dessin que choisit l’artiste autodidacte. L’œuvre de Truong est chaude, douce et lumineuse.
Le Vietnam, pays d’origine de son père, est au cœur de ses compositions. Son univers dépeint des ambiances quotidiennes, l’intimité des familles asiatiques et l’agitation relative des rues. Dans Fleur d’eau, l’artiste raconte le Vietnam d’autrefois. Une jeune femme et son compagnon, ne pouvant avoir d’enfants, s’attachent à un oiseau. Le style graphique bien reconnaissable de Truong fait honneur aux contes et légendes orientales, empreintes d’un doux lyrisme. Un plaisir pour les yeux.
Un album jeunesse est la première rencontre de l’enfant avec la littérature. L’illustration joue un rôle prépondérant et offre un premier niveau de lecture aux petits comme aux grands. Petit à petit, les albums laissent place aux premiers récits. Dans Les Contes de la rue Broca, les images ont laissé place à la seule imagination. C’est Antoine de Saint Exupéry lui-même qui a réalisé les dessins si célèbres de son personnage du Petit Prince.
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Article concocté par Ariane Guizard ,
