Les archives, nous en produisons tous, tous les jours. Loin de la boîte de feuilles poussiéreuses que l’on s’imagine souvent, les archives prennent toutes les formes. Elles sont le produit de l’activité humaine, véritable trésor pour qui s’y intéresse. En ce 9 juin, journée internationale de l’archive, petit retour sur cet aspect méconnu et pourtant incontournable de notre vie. 

Acte de naissance, registres de mariages, photos, lettres, contrats de travail, factures, e-mails, vidéos, enregistrements audios, avis de décès… Les archives constituent la somme de nos vies. Chacune de nos actions laisse une trace quelque part. Tout document produit par une personne ou par un organisme public ou privé, dans l’exercice de son activité, est une archive. Quels que soient son support et sa nature ? Parfaitement. Concrètement, aujourd’hui, même les vidéos TikTok sont des archives, numériques en l’occurrence. Tout un programme !

Vie publique, vie privée

Pour assurer le bon fonctionnement de l’administration publique, archiver est désormais obligatoire. Il existe ainsi dans tous les départements des services spécialisés dans la gestion des archives. Leur rôle est alors d’assurer la conservation, le classement mais également l’accessibilité des documents auprès du grand public. 

Le secteur privé n’y échappe pas : nos dossiers personnels tout comme ceux d’une entreprise constituent aussi des archives. Et si vous l’ignoriez, sachez que chaque document a une durée de vie bien précise ! Les fiches de paie, par exemple, sont à conserver sans limite de durée. 

Le caractère privé des archives demeure jusqu’à ce qu’elles soient léguées, vendues ou données à un fonds public (comme un musée). A ce moment-là, leur statut changera et elles deviendront, comme les archives publiques : inaliénables, imprescriptibles et insaisissables. Nul ne pourra plus les détruire ou les céder.  

Gardiens de la mémoire, les archivistes sont spécialisés dans la conservation de ces morceaux d’histoire. Ils ne sont cependant pas les seuls intéressés par leur utilisation. Les archives jouent en effet trois rôles majeurs : juridique, scientifique et mémoriel. Pour cela, elles font l’objet d’une législation nombreuse qui a beaucoup évolué au cours du XXe siècle.  

Les Grands Dépôts des Archives nationales : des kilomètres linéaires de l'histoire de l'Etat  
© Archives nationales
Les Grands Dépôts des Archives nationales : des kilomètres linéaires de l’histoire de l’Etat
© Archives nationales

L’archive, garante du droit de la preuve

On l’oublie souvent mais la première fonction d’une archive est de servir de preuve. Lorsque le roi Philippe Auguste perd son trésor dans l’embuscade de Fréteval, en 1194, il y perd son sceau. Le sceau du roi, importante matrice de métal, authentifie les documents royaux. Les documents également contenus dans le trésor permettaient au roi de faire valoir ses droits dans un monde féodal très morcelé. Cet épisode fut suffisamment traumatisant pour conduire Philippe Auguste à centraliser une partie de ces “chartes” au Louvre. Ce besoin de sécurité est à l’origine des archives nationales. 

Dans notre monde judiciarisé, apporter la preuve irréfutable de nos droits ne peut se faire sans l’existence des archives. Le ticket de caisse, pour faire jouer la garantie d’un produit défectueux. Le bail, pour faire valoir vos droits de locataire. Dans une entreprise, les archives servent aussi de preuve de la bonne exécution des tâches. Autant célèbres que funestes, le scandale du Mediator ou le crash du Concorde imposèrent une étude approfondie des archives concernées. 

L’archive, mémoire des entreprises

Dans une entreprise, conserver les archives de l’activité est un enjeu opérationnel réel. Témoignage de l’histoire de la maison, elles constituent une base de référence qui peut être réexploitée pour de futures opérations. Preuve de leur importance, la bonne conservation de ces documents n’est pas confiée à n’importe qui ! Les grands groupes recrutent notamment des diplômés de l’Ecole nationale des Chartes pour assurer l’exploitation de leurs archives.

Autre illustration de l’utilisation des archives, l’agence BNP-Paribas du IXe arrondissement de Paris vaut le détour. Ouvert en 2010, ce concept-store porte l’ambition d’être la vitrine de la technologie d’hier et de demain. L’agence contient une exposition sur les différentes techniques d’archivage employées par les entreprises au cours du XXe siècle. Un bon moyen de dépoussiérer l’image que l’on peut avoir du sujet !

Dans un autre domaine, Hauteville House, la maison de Victor Hugo à Guernesey, a récemment été restaurée. A cette occasion, les archives de la célèbre maison de papiers peints Pierre Frey furent mises à contribution. Il fut ainsi possible de retrouver le motif choisi à l’époque par l’auteur des Misérables. Les archives des maisons de joaillerie ou de haute couture sont également de véritables trésors sur lesquels leurs gardiens veillent jalousement.  

Les photos anciennes tout comme les archives de la maison Frey permirent la restauration des décors d'Hauteville House. © Creative Commons
Les photos anciennes tout comme les archives de la maison Frey permirent la restauration des décors d’Hauteville House. © Creative Commons

L’archive, document d’utilité publique

La recherche scientifique s’appuie évidemment sur l’étude des archives. Les fonds documentaires permettent la recherche, la compréhension et la transmission de l’histoire. L’accessibilité des archives est donc une notion tout aussi importante que leur conservation. C’est le patrimoine commun d’une nation.  

Pour répondre à cet impératif d’information publique, les archives nationales sont accessibles à tous. Il suffit de s’inscrire (gratuitement) pour avoir accès aux salles de consultation. 

Objet de patrimoine, objet d’information, les archives sont omniprésentes et indispensables. Nous continuerons à exister demain grâce aux documents que nous aurons laissé à nos successeurs. La généalogie est en soi une forme d’exploitation des archives liées aux personnes. Ils seront ainsi capables d’appréhender notre mode de vie, notre identité, nos coutumes. Publiques ou privées, les archives nous aident donc à lutter contre l’oubli.  

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Par Patrick Gausserès ,

Tombé dans la marmite quand il était petit, Patrick se passionne dès son plus jeune âge pour l'archéologie et l'histoire des civilisations antiques. Ses goûts éclectiques le conduisent de l'étude de l'héraldique à l'histoire du vêtement, pour finalement se consacrer à la sauvegarde du patrimoine architectural français pendant près de 10 ans. Au bout du chemin, une seule vocation demeure : la transmission.

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