Créée en Chine par hasard, la poudre à canon (ou poudre noire ) devint une arme redoutable au cours des siècles. Retour sur l’histoire d’une invention explosive !
Un baril de poudre, quelques étincelles… et une gigantesque explosion ! Cette scène, que l’on voit aujourd’hui au cinéma, doit tout à une invention chinoise : la poudre noire. Comment ce remède médicinal mena à la création d’armes à feu ? Direction le VIIe siècle, pour suivre son histoire le long de la Route de la Soie…
Les origines de la poudre à canon ?
La poudre noire est un mélange de salpêtre, de soufre et de charbon de bois. Elle se décompose par déflagration, sa combustion ne demandant qu’une simple mèche d’allumage. Pour être efficace, elle demande un bourrage bien tassé.
Si elle a vu le jour en Chine, les historiens hésitent sur la date de son apparition. Toutefois, la plupart l’associent à la dynastie Tang, au VIIe siècle. Elle est mise au point par des médecins alchimistes, qui cherchaient à créer un élixir d’immortalité. L’un d’entre eux, Sun Simiao, partage une recette dans l’un de ses ouvrages. Il recommande d’ailleurs de ne surtout pas y mettre le feu !
D’autres sources de la même période mentionnent l’usage de poudre dans des tubes de bambou, en guise d’arme. Aux alentours de 1044, le Wujing Zongyao, un traité militaire, rapporte aussi la fabrication de grenades. En parallèle, elle était aussi utile à la conception de feux d’artifice.
De l’Orient à l’Occident
Durant la dynastie Tang, la Route de la Soie connaît un développement florissant. Ce réseau de routes commerciales, que Marco Polo emprunta au XIIIe siècle, reliait l’Asie à l’Europe. Il traversait notamment les pays d’Orient. L’explosif emprunta vraisemblablement ce chemin : on en retrouve la technique chez les peuples arabo-perses dès le VIIIe siècle. Cinq cents ans plus tard, des documents attestent que ceux-ci s’en servaient pour lancer des projectiles à partir de sarbacanes.
C’est également au XIIIe siècle que ses recettes se répandent en Europe. La postérité retiendra celles mises au point par le moine allemand Berthold Schwarz et l’alchimiste anglais Roger Bacon. En France, la première mention de la poudre à canon date du siège de Puy-Guillaume, en 1338. Les armes à feu se développent, comme l’arquebuse, la bombarde, ou la couleuvrine. Lors de la chute de Constantinople (1453), l’armée turque emploie des canons d’artillerie projetant d’énormes boulets.
Poudre noire : des applications militaires et civiles
Par la suite, la poudre devient une munition incontournable. Elle sert dans l’élaboration de différents canons : le fauconneau, la serpentine, ou les barces, dans la Marine. Les armes à feu l’utilisent également, à l’instar des fusils et des mousquets. Elle doit alors être versée par la gueule, puis tassée, avant que la balle ne soit introduite. Elle est transportée dans des cartouches en papier, que le tireur doit déchirer avec ses dents. L’invention des cartouches métalliques en facilita la manipulation.
Dans le domaine des travaux publics, la poudre à canon permettait de dégager des roches dans les mines et les carrières. De même, ses déflagrations servaient à creuser la terre pour construire des routes. Plus divertissant, elle était toujours employée pour les feux d’artifice, particulièrement en vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles en Europe.
Le 31 août 1794, l’explosion de la poudrerie de Grenelle, près de Paris, causa environ 1 300 morts
Cette catastrophe industrielle reste la plus meurtrière de France. En plus d’être extrêmement dangereuse, la poudre était aussi particulièrement salissante et dégageait une épaisse fumée noire. C’est pourquoi elle fut progressivement remplacée par d’autres explosifs au cours du XIXe siècle, dont la nitroglycérine et la nitrocellulose.
La poudre noire est le plus ancien explosif connu. Elle est aussi l’une des inventions les plus dangereuses qui aient traversé les siècles. Saviez-vous qu’elle est toujours utilisée aujourd’hui, sous une forme sans fumée ?
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Article concocté par Gwennaelle Massart,
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