Le 10 novembre 1920, un jeune caporal choisit celui qui deviendra le Soldat Inconnu. Retour sur une cérémonie historique, emblématique de la Première Guerre mondiale et du devoir de mémoire.

La Première Guerre mondiale vient de s’achever et la France est en deuil. En signe de reconnaissance, la Nation souhaite honorer l’un de ses soldats tombés au front. Le 10 novembre 1920, le choix du Soldat Inconnu se déroule à Verdun. Revivez les moments forts de ce moment chargé de symboles.

L’histoire du Soldat Inconnu

Huit soldats. Ils sont huit soldats, dont les corps anonymes ont été acheminés jusqu’à Verdun. Ils reposent maintenant côte à côte, dans l’une des casemates de la citadelle. Autour de chaque cercueil, des drapeaux tricolores, des statues de la Vierge et des cierges.

Nous sommes le 10 novembre 1920. André Maginot, le ministre des pensions et allocations de Guerre, est arrivé à 15 h. Il a pris un moment pour se recueillir devant les dépouilles, avant de tendre un bouquet de fleurs à un jeune caporal.

Âgé de 21 ans, Auguste Thin doit choisir celui qui ira reposer sous l’Arc de Triomphe. Un autre soldat avait été pressenti pour cette mission, mais il est tombé malade. Et maintenant, le jeune homme, son bouquet à la main, fait lentement le tour de la pièce.

Comment choisir le Soldat Inconnu ?

Pourquoi l’un plutôt qu’un autre ? Le jeune homme pense à ses camarades du 132e Régiment d’Infanterie. 1, 3 et 2 : c’est donc sur le cercueil du sixième soldat que le caporal vient déposer les fleurs.

Le soldat Auguste vient de désigner le cercueil du Soldat inconnu, aux côtés de M. Maginot / ©Agence de presse Meurisse ; Bibliothèque nationale de France, consultable en ligne sur Gallica
Le soldat Auguste vient de désigner le cercueil du Soldat inconnu, aux côtés de M. Maginot / ©Agence de presse Meurisse ; Bibliothèque nationale de France, consultable en ligne sur Gallica

Les cloches de la ville sonnent maintenant à toute volée. Dans une atmosphère solennelle, le cercueil choisi est sorti de la chapelle ardente. Recouvert du drapeau français, des dizaines de soldats le suivent. Une foule d’anonymes vêtus de noir est aussi venue rendre hommage aux héros de la Nation. Une femme en deuil, le visage plein de larmes, vient même embrasser le cercueil.

Le soir même, on escorte le Soldat Inconnu à Paris, avant la cérémonie prévue le lendemain au Panthéon. Les sept autres soldats inconnus, eux, reposent au cimetière militaire du Faubourg Pavé, près de Verdun.

Un symbole de deuil et d’espoir de paix

Pour comprendre la désignation du Soldat Inconnu, il faut revenir un peu en arrière, en novembre 1916. La guerre fait alors rage et la bataille de Verdun, commencée le 21 février, a déjà fait des milliers de morts. Francis Simon, président du Souvenir Français de Rennes, est le premier à suggérer que la France rende hommage à l’un de ses soldats morts au combat en l’inhumant au Panthéon.

Deux ans plus tard, le 11 novembre 1918, on signe l’Armistice à Rethondes, dans l’Oise. Une longue période de chagrin commence. Le pays pleure ses millions de soldats morts, disparus, ou blessés. On créé des cimetières militaires et des nécropoles. Chaque commune élève un monument aux morts.

Le 8 novembre 1920, les députés votent une loi à l’unanimité. Un hommage national sera rendu à l’un des soldats non-identifiés. Depuis, le Soldat Inconnu représente symboliquement tous les Français morts au combat et l’espérance de paix.

La flamme sous l’Arc de Triomphe

À Paris, le cercueil du Soldat Inconnu arrive au Panthéon, où le président Alexandre Millerand prononce un discours. Il est ensuite veillé toute la nuit, place Denfert-Rochereau. Le 11 novembre 1920, on l’escorte jusqu’à l’Arc de Triomphe, au cours d’une cérémonie aussi solennelle qu’émouvante. Il ne sera mis en terre que le 28 janvier 1921, en présence de civils et de militaires, dont le maréchal Pétain.

Tombe du Soldat Inconnu sous l'Arc de Triomphe / ©Esdras Beleza, CC BY-NC-ND 2.0, Flickr
Tombe du Soldat Inconnu sous l’Arc de Triomphe / ©Esdras Beleza, CC BY-NC-ND 2.0, Flickr

La flamme éternelle fut installée plus tard, le 11 novembre 1923. Elle est ranimée chaque jour, à 18 h 30, pour maintenir la mémoire de ces Français qui se sont battus il y a plus d’un siècle. C’est Gabriel Boissy, journaliste de L’intransigeant, qui défendu cette idée. Cet hommage n’a jamais cessé depuis, même durant l’Occupation.

Quelque temps plus tard, en 1928, l’État français organise une nouvelle stratégie de défense. La construction de la ligne Maginot doit permettre de parer les attaques venues de l’Est. Elle se poursuivra jusqu’en 1940… et le début d’une nouvelle guerre.

Le tombeau du Soldat Inconnu reste l’un des symboles forts de la Première Guerre mondiale en France. D’autre pays ont également rendu un hommage similaire à leurs soldats, comme la Grande-Bretagne, ou au Canada.

Connaissiez-vous son histoire ?

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Par Gwennaelle Massart,

Passionnée de littérature, d’art et d’Histoire, j’ai grandi au milieu des livres avant d’entamer des études de Lettres. Depuis, je suis devenue rédactrice web SEO freelance pour vivre mes propres aventures. Dans mes articles, je voyage à travers l’espace et le temps pour partager avec vous mes découvertes culturelles. On y va ?

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