Les espèces invasives, aussi appelées espèces exotiques envahissantes, sont une réelle menace pour la biodiversité. Aujourd’hui, j’éclaire vos lanternes sur leurs origines, les conséquences de leur introduction et les moyens de lutter contre.

1/ Les espèces invasives sont allochtones

Cela signifie que ce sont des espèces exotiques qui ont été introduites, volontairement ou non, dans un écosystème. Elles représentent ainsi une menace potentielle pour la biodiversité locale. En effet, dans ce nouveau milieu, elles peuvent accaparer une part importante des ressources dont se nourrissent les espèces autochtones, voire ravager leurs populations. Cette colonisation peut donc entraîner des conséquences dramatiques sur l’environnement, l’économie et la santé publique.

L’introduction de ces espèces exogènes peut avoir différentes origines. Elles peuvent être directement et volontairement introduites par l’homme pour la culture, la chasse, ou l’élevage. Le transport aérien et maritime de biens et de personnes peut être responsable d’introductions directes involontaires. Mais il peut aussi y avoir des facteurs indirects, tels que la modification des habitats naturels ou des écosystèmes à cause de l’activité humaine. Par exemple, la création d’un canal entre deux mers facilite la propagation d’espèces étrangères. Ou encore, le développement de la monoculture et la disparition des grands prédateurs, qui entraînent une régression de la biodiversité, favorisent ainsi l’émergence d’espèces invasives.

Le transport maritime de marchandises favorise l’introduction accidentelle d’espèces exogènes
Le transport maritime de marchandises favorise l’introduction accidentelle d’espèces exogènes

2/ Une espèce introduite n’est pas forcément invasive

En effet, seulement 10 % des espèces introduites hors de leur milieu arrivent à survivre. Et parmi celles-ci, seules 10 % parviennent à se multiplier et à s’accroître de manière significative. C’est à ce moment-là que l’on parle d’espèce invasive, car sa population très dense et son taux de reproduction important vont causer des dégâts notables et affecter tout l’écosystème. Ce chiffre est néanmoins légèrement sous-estimé car certaines espèces peuvent mettre plusieurs années avant d’atteindre une population assez conséquente qui pourra se propager et avoir un impact majeur sur le milieu.

De plus, l’homme a introduit volontairement la majorité des espèces exotiques, car celles-ci lui sont bénéfiques. Lorsqu’une petite part de ces espèces parvient à s’échapper des lieux de culture ou d’élevage, elle peut se reproduire de façon autonome dans le milieu alentour. On parle alors d’espèce naturalisée. En France, de nos jours, on trouve 5 300 espèces végétales indigènes contre 700 espèces exotiques naturalisées. Et une centaine de ces espèces naturalisées sont considérées comme invasives.

3/ Une espèce invasive peut bouleverser la biodiversité

À l’échelle mondiale, la propagation d’espèces exotiques envahissantes est l’un des principaux facteurs de destruction de la biodiversité.

Un exemple bien connu en France est le frelon asiatique, ou frelon à pattes jaunes. Vespa velutina, une espèce toute droit venue d’Asie, est apparue sur notre territoire il y a quelques années seulement, mais a déjà causé de lourds dégâts. Il s’attaque particulièrement aux vergers, dévorant les fruits et anéantissant les récoltes. Il menace également les populations d’abeilles, déjà fragilisées par l’utilisation intensive de pesticides. En effet, les abeilles font partie du régime alimentaire du frelon asiatique, et sa prédation les stresse considérablement. Ceci a pour effet de restreindre leurs récoltes de pollen et de nectar, et ainsi d’affaiblir leurs réserves pour l’hiver.

Le frelon asiatique, redoutable prédateur des vergers et des abeilles
Le frelon asiatique, redoutable prédateur des vergers et des abeilles

4/ Les îles y sont particulièrement sensibles

Les îles ont une surface très réduite et sont isolées des continents, ce qui les rend intimement vulnérables face à la menace des espèces invasives. Les espèces endémiques vivant dans ces écosystèmes insulaires, étant moins habituées au contact d’espèces exotiques, sont donc moins résistantes face à ces envahisseurs.

Par exemple, à La Réunion, la liane papillon (Hiptage benghalensis), originaire du Sri Lanka, fait des ravages. Elle étouffe progressivement les arbres et arbustes en grimpant et en s’enroulant autour de leur tronc. Aujourd’hui, elle recouvre complètement la canopée (cime des arbres) des forêts semi-sèches indigènes. Et malheureusement, on n’a pas encore élaboré de solution efficace pour lutter contre cette invasion. Le manque de moyens et la difficulté d’accès à certaines zones font que l’arrachage manuel des lianes reste le principal recours.

Les milieux insulaires, territoires très vulnérables aux espèces invasives
Les milieux insulaires, territoires très vulnérables aux espèces invasives

5/ Comment lutter contre ?

Au niveau international et européen, il existe plusieurs conventions et règlements qui encadrent ce problème des espèces invasives. Ainsi, de nombreux États se sont engagés à contrôler et à limiter l’introduction d’espèces exotiques. Mais il s’agit aussi d’éradiquer les espèces envahissantes déjà présentes sur les territoires et qui représentent un danger pour l’environnement. Pour cela, depuis 2016, la Commission européenne met à disposition une liste d’espèces préoccupantes, qui est régulièrement mise à jour. Cette liste permet à chaque pays de définir les espèces à surveiller et de prioriser la lutte contre les plus redoutables.

En France, c’est l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) qui est chargée de lutter contre ce phénomène. Pour ce faire, de nombreux laboratoires répertorient les espèces invasives et en évaluent les risques associés. Les chercheurs calculent la probabilité d’introduction, d’établissement et d’expansion d’une espèce exotique, et estiment quel impact elle pourrait avoir sur l’écosystème. D’autres laboratoires sont eux, chargés de détecter les nouvelles espèces introduites qui pourraient s’avérer envahissantes.

De tout temps, les espèces vivantes se sont déplacées.

Naturellement, les végétaux disséminent leurs graines, les animaux migrent et colonisent des territoires, et tous sont soumis aux bouleversements climatiques et géologiques. Mais les activités humaines et la mondialisation ont considérablement intensifié les flux transitoires (échanges commerciaux, tourisme…) à travers le monde. Ceci a eu pour effet de décupler le risque d’introduction d’espèces exotiques envahissantes. Dans les années à venir, la lutte contre ces espèces, déjà sous haute surveillance, va constituer un enjeu majeur pour la préservation de la biodiversité et notamment des espèces déjà menacées. D’autant que ce phénomène risque de s’amplifier à cause du dérèglement climatique que nous subissons…

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Article concocté par Elena Memmi

Nomade, passionnée d'écriture et touche à tout, je parcours la France et l'Europe pour vivre sobrement et être proche de la nature. J'écris aussi bien des articles que des fictions, je travaille dans des fermes et je suis bénévole pour des associations qui me tiennent à cœur. Mon sujet de cœur est l'écologie mais je m'intéresse tout autant aux sciences et à l'art.

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