Top 10 de l’art improbable

Sculptures sur fruits et légumes, art lumineux, robotique ou encore body-painting, ce sont toutes des pratiques artistiques insolites. Nous vous présentons aujourd’hui 10 d’entre elles à la frontière de l’improbable.

1-Sculpture sur fruits et légumes

La sculpture sur fruits et légumes a de quoi faire sourire. Au pire des cas, cette pratique peut être vue comme du gâchis alimentaire. Art traditionnel thaïlandais, le Kae-Sa-Luk, exercé depuis des millénaires, est aussi valorisé que les autres coutumes culturelles plus conventionnelles de Thaïlande. Et il en est de même au Japon, où on parle plutôt de Mukimono.

Bien qu’en déclin, car vu comme obsolète par les générations actuelles, cette activité continue d’inspirer dans le monde entier. Un art temporaire et minutieux, pratiqué par une poignée d’artistes reconnus comme Gaku alias Takehiro Kishomoto, un japonais adepte de la micro-sculpture. En France, certains chefs cuisiniers le mettent en pratique. C’est le cas de Frédéric Jaunault qui est le gagnant du premier championnat de sculpture sur fruits et légumes de France en 2008.

2-Street-art insolite

Le street-art nous a prouvé à plusieurs reprises qu’en plus de détourner l’espace urbain, il peut aussi être un art ludique à part entière. En témoigne le yarn-bombing qui consiste à habiller de tricots multicolores le mobilier urbain et la nature.

Désormais, on trouve aussi des panneaux de signalisation amusants occupés par des petits bonhommes représentés dans des scènes cocasses. Ceux-ci fleurissent un peu partout au grand dam des autorités. L’auteur de ces graffitis est Clet Abraham, un artiste français adepte de cet art pour le moins provocateur.

Dans la même veine, les street-artists rivalisent d’ingéniosité en créant des œuvres qui se fondent dans le paysage. Certains graffeurs détournent la végétation pour qu’elle devienne une extension de leurs œuvres en créant des graffitis végétaux plus vrais que nature. Gabriel Abreu a produit plusieurs œuvres, avec des visages graffés, sur des murs, coiffés de cheveux végétaux abondants. Nuxono Xan a fait de même en Martinique.

Certains street-artist investissent à fond l’éco street-art en collant une mousse malléable en guise de peinture. Née dans les années 2 000 cette pratique se réclame de la Gardening Guérilla, un évènement majeur des années 70, qui a permis de rénover l’espace urbain de manière écologique. Anna Garforth est la première à utiliser un mélange de mousse, de yaourt, de sirop de glucose, de sucre et de bière afin de former des graffitis et des tags végétaux qui bannissent les peintures chimiques issues des bombes aérosol des graffeurs.

3-Faire de l’art avec des déchets

Les visiteurs du Musée Beaubourg sont sûrement déjà tombés sur ces blocs informes de déchets compilés ensemble. C’est la production de l’artiste Arman, un nouveau réaliste qui est un des premiers à dénoncer le gaspillage alimentaire à travers des œuvres d’art contemporaines. Actuellement, plusieurs artistes sortent leur épingle du jeu en proposant des sculptures en déchets colorés et esthétiques.

Robert Bradford rend hommage à la culture geek et aux jeux d’enfants inutilisés. Autre artiste, cette fois-ci impliquée dans le street-art : Bordalo 2, un jeune portugais tout droit sorti des Beaux-Arts qui construit des structures en déchets autrement nommées les « Trash animals » aux quatre coins du monde.

4- Le body-painting

Le corps peut aussi être un support de choix pour l’art. La danse comme moyen d’expression est couramment utilisée dans le cadre d’une approche artistique mais on connaît beaucoup moins le body painting où l’artiste choisit de maquiller le corps entier ou certaines parties du corps d’un ou plusieurs de ses modèles pour former un tableau vivant. Cette pratique renvoie aussi aux peintures corporelles traditionnelles et naturelles du corps des populations indigènes. Les tatouages sont un autre exemple de body painting pratiqué massivement.

Lors de performances surprenantes, les modèles participent au body-painting et s’activent individuellement ou collectivement pour former différents motifs en adéquation avec leur environnement. Peindre un corps entier peut prendre une dizaine d’heures ce qui montre la précision et la dextérité nécessaires. The World Bodypainting Festival est un événement qui met en avant cette pratique à l’international. Tout comme l’émission Skin Wars, un bon booster médiatique pour cette discipline peu connue. Il s’agit de l’une des premières émissions à exposer au grand public les créations originales de body painters professionnels en compétition.

Liu Bolin et Emma Harck sont deux artistes reconnues du monde du body painting. Les modèles parviennent à se fondre dans le décor en prolongement d’un tableau comme le fait Emma ou en s’assimilant à un arrière-plan urbain tel un caméléon comme dans les œuvres de Liu.

5- L’art lumineux

Picasso, dans les années 60 va publier une série de photos de Gjon Mill où il s’exerce à l’art lumineux en utilisant une petite lumière en guise de pinceau. Il est l’un des précurseurs de cet art. En 2005, JanLeonardo met au point plusieurs performances lumineuses avec son partenaire photographe en formant LAPP-PRO. « Je trouve généralement le light painting assez terne. Mais LAPP-PRO a fait évoluer la forme en quelque chose qui génère des images assez intéressantes « .

Il utilise alors une technique moderne de capture de ces performances lumineuses avec des mouvements chorégraphiés avant la prise de vue. Autre exemple d’art lumineux ? La scénographie lumineuse qui permet aux événements musicaux et culturels de gagner en envergure. De nombreux concerts de musique électronique ont recours à la scénographie lumineuse pour rendre l’expérience des spectateurs plus vivante.

6-Les trompe l’œil en pâtisserie

Reproduire un pot de fleur ou un fruit en pâtisserie à partir d’un gâteau, c’est le défi que relève des chefs de renom. Une fois encore cet art culinaire prouve que dans la cuisine la forme est aussi importante que le fond.

Ben Churchill est un pâtissier anglais, chef cuisinier. Avec deux ans de pâtisserie à son actif, il excelle dans les pâtisseries trompe l’œil. Et il ne lésine pas sur l’insolite en créant des trompe l’œil si réalistes qu’on croirait s’apprêter à déguster des boulons ou un cendrier. 

Cédric Grolet est aussi le créateur de trompe l’œil plus vrais que nature avec une préférence pour des fruits appétissants.

Quant à Simon Pacary, chef étoilé, il dit prôner une pâtisserie élégante et raffinée. Il a réussi à créer l’illusion avec un faux tartare lors du Championnat de France du dessert. Lors de la mise en bouche une purée de fruits rouges, du citron vert et de la vanille vient dérouter le palais des curieux, rien à voir avec la saveur tranchée d’un steak tartare.

7-L’art cinétique

En parcourant Youtube, on peut tomber sur des vidéos mettant en avant des inventions scientifiques et cinétiques : un vélo muni de roues faite de baskets ou encore avec une roue arrière rampante qui n’a plus rien d’une roue ordinaire. Un des paris de l’art cinétique est justement d’y intégrer du mouvement.

C’est en 1954, que l’expression art cinétique est adoptée. Elle renvoie alors aux œuvres d’art techniques mises en mouvement par le vent, les spectateurs ou par un mécanisme motorisé. Et c’est surtout dans les années 60 qu’il se développe, à la même période où le pop art bat son plein.

Comme le souligne Victor Vasarely, célèbre artiste de l’art abstrait : « Nous possédons, et l’outil et la technique, et enfin la science pour tenter l’aventure plastique-cinétique (…) ». Ce mouvement met la technologie au cœur de son concept artistique pour mieux déconstruire le statut sacré qu’on attribue aux œuvres d’art.

A Nantes, d’énormes animaux surréalistes accueillent les spectateurs ébahis. On les nomme :  » Les machines de l’île « . Ces créatures mécaniques de François Delarozière et Pierre Orefice déambulent aux côtés des visiteurs depuis 2007.

8-L’art robotique

Dans la lignée de l’art cinétique, l’art robotique est un art technique qui met en scène des robots et automates en pleine action. On compte parmi les créations robotiques artistiques, les animatroniques. Les intelligences artificielles rivalisent tout autant d’ingéniosité. A l’heure actuelle, elles sont capables de reproduire un dessin de maître grâce à un système de caméras et de programmation abouti.

Zaven Paré est un artiste français qui s’adonne à l’art robotique après avoir eu recours à de nombreux autres supports. En 1983, il investit d’emblée l’art robotique en créant une structure bionique. En 1996, il récidive avec une marionnette électronique. Il a aussi signé le Robot Actors Project afin de développer les performances robotiques à l’international.

9-L’équilibre de pierres

Disposer des galets en équilibre, les uns sur les autres est une pratique zen qui pourrait être assimilée au yoga de pleine conscience. Cet art asiatique fait écho au Suiseki Japonais : » l’art de contempler les pierres « . Un art exercé dans un cadre naturel qui demande donc patience, adresse et une grande concentration.

SP Ranza, un Français, a remporté le championnat d’Europe d’équilibre de pierres. Il est revenu pour France Info sur la manière dont il procède pour maintenir cet équilibre précaire :  » Si on pose un objet ou quelque chose de rigide sur deux points, ça fait charnière et du coup il faut toujours un troisième point pour stabiliser l’ensemble. C’est la pierre finale qui me donne envie de faire un équilibre, de la mettre en valeur « . 

10-Claymation : faire du 7ème art avec de la pâte à modeler

La pâte à modeler n’est pas qu’un passe-temps d’enfants. Des films ayant recours au claymation comme Wallace et Gromit ont marqué le paysage audiovisuel. De l’anglais Claymation (clay pour argile et mation pour animation), cette technique a été répertoriée dès la première moitié du 20ème siècle et mise en pratique par le cinéaste Jean PainLevé dans le court métrage Barbe bleue dans les années 50.

Le claymation est une technique originale mais ardue : un long-métrage de 90 minutes peut comporter 64 800 prises de positionnement. A chaque mouvement des objets en pâte à modeler, correspond un plan. Le type de pâte à modeler varie. Ainsi, la matière utilisée par le renommé studio Aardman Animation, est de la plastiline, la matière fétiche de Nick Park, créateur de Wallace et Gromit ou encore de Shaun le mouton. Ces claymation sont malheureusement encore trop rares dans le monde du film d’animation.

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Par  Audrey Poussines,