Le MMA (Mixed Martial Art) est un art martial complet. C’est l’alliance de plusieurs sports de combats comme la boxe pied-poing dont la boxe thaïlandaise, la boxe anglaise, de sports de préhension comme la lutte, le judo et du ju-jitsu brésilien. Longtemps interdite en France en partie à cause de la défiance de certaines fédérations, la discipline n’est légale que depuis 2020. Malgré des débuts houleux, le MMA est de plus en plus pratiqué à travers le monde.

Le premier gala de MMA a eu lieu au Palais des sports Maurice-Thorez de Vitry-sur-Seine. Un événement, comme tant d’autres à travers le monde, à l’image de tout l’engouement autour de la discipline. Le MMA rentre peu à peu dans l’histoire : il s’agirait d’un des sports les plus pratiqués au monde. Malgré des débuts difficiles en France, ces arts martiaux mixtes attirent de nombreux pratiquants. Lorsqu’ils étaient encore interdits, les professionnels français devaient alors voyager à travers le monde pour affronter d’autres champions.

Le MMA, selon ses détracteurs, serait une discipline ultra violente où tous les coups seraient permis

Une idée préconçue relayée par certains médias. Un frein selon Florian Rousseau, 28 ans préparateur physique et directeur du MMA Fight Club Academy de Tours. Un combattant professionnel avec 13 combats à son actif. Après un an de Ju-jitsu, il est passé au MMA et a exercé un peu partout dans le monde. En Suisse, en Angleterre, en Belgique et en Allemagne quand la discipline était encore interdite :

La réputation du MMA commence à changer. Il y a quelques années les gens pensaient que tout était permis mais ce n’est pas vrai. 100 coups sont interdits en MMA. On est bien protégé et l’arbitre dans l’octogone est toujours là pour veiller à la sécurité des combattants .

Florian Rousseau parmi ses acolytes au MMA Fight Club de Tours
Florian Rousseau parmi ses acolytes au MMA Fight Club de Tours

POINT DE RENCONTRE DE PLUSIEURS DISCIPLINES MONDIALES D’ARTS MARTIAUX

Mohamed Temmar, 45 ans, est un ancien combattant, coach et promoteur. Il est l’une des figures majeures à l’origine de la structuration du MMA. Il a organisé de nombreux évènements comme « les MMA Awards » en 2013 au niveau national. Depuis sa première compétition en 1993, quelques mois avant la création de l’UFC, il a pu être témoin de nombreuses évolutions. Il a aussi pratiqué de nombreux sports de combats qui ont été pour lui un atout majeur :

Mes premiers combats étaient en mode free fight. J’ai participé à un premier contest de Kenpokan/Ninjutsu au Gymnase Japy, un lieu mythique des sports de combats, au début des années 90. J’en suis venu au MMA par le biais de cette discipline et du film Blood Sport de Jean Claude Van Damme. Dans ce film, JCVD participe à des combats clandestins organisés au Japon en Kumité.

Extrait du film Blood Sport avec Jean-Claude Van Damme
Extrait du film Blood Sport avec Jean-Claude Van Damme

Avant 2007, les événements opens étaient des lieux de rencontre

Tous les styles de sports de combats où des judokas affrontaient des taekwondoïstes, des karatékas luttaient même contre des boxeurs thai. Un lieu de rencontre où tout le monde venait pour prouver la supériorité de son art.

MMA dans ta ville, projet mis en place avec Mohamed
MMA dans ta ville, projet mis en place avec Mohamed

De nombreuses disciplines sont donc affiliées au MMA telles que le Kenpō

En bref, du MMA avec un kimono. Un sport de combat qu’a également pratiqué Mohamed, ou encore le Sambo, une discipline apparentée au MMA, développée en Russie. Les combats de MMA associés au Kick boxing amassent toujours autant de monde. C’est le cas pour des événements comme le Bellator et le One FC (rencontre du Muay thai et du MMA). Au début, Mohamed pouvait rencontrer toutes les catégories de poids, la partie technique était alors primordiale pour faire pencher la balance face à des adversaires deux fois plus lourds. Une technique qu’il a aiguisée en pratiquant plusieurs sports de combat. Les premiers combattants de MMA étaient souvent des lutteurs avec une grosse carrière professionnelle. Ils se mettaient au MMA en complétant leur style avec de la boxe. 

Le Sambo, un sport de combat russe
Le Sambo, un sport de combat russe

La partie Ju-jitsu brésilien du MMA est la plus incontournable

A l’image de la famille brésilienne Gracie, célèbre dans le monde entier. Elle est à l’origine de la création de l’UFC. Les membres de cette famille avaient déjà pour habitude de combattre librement en pratiquant de manière assidue le Vale tudo. A l’époque, il y avait également une grosse opposition entre la Luta livre et le Ju-jitsu brésilien. Pour Mohamed, ce n’est qu’après 2010, que l’art martial commence à devenir une discipline à part entière. Depuis sa légalisation, d’autres fédérations que la Fédération de boxe ont compris tout l’intérêt du MMA et développent leur propre discipline sous un nom différent : la Fédération de Karaté promeut par exemple du Karaté mixte pendant que la FFKMDA (Fédération Française de Kick Boxing, Muaythaï et Disciplines Associées) pratique elle, le pancrace.

Ju-Jitsu Brésilien
Ju-Jitsu Brésilien

RENCONTRE DANS UN OCTOGONE

Un combat de MMA est une rencontre explosive qui se déroule le plus souvent en trois rounds de cinq minutes ou parfois cinq rounds de cinq minutes lors d’un championnat. Les combattants évoluent dans la cage grillagée de forme octogonale, symbole fort de la discipline. Florian signale que cette cage, en plus d’être pour beaucoup dans la dimension spectaculaire du MMA, est principalement là par souci de sécurité : « pour éviter qu’on passe à travers comme ça pouvait être le cas des combats en France dans des rings. Le danger, au vu des récurrents amenés au sol, c’est que le combattant soit projeté hors de la zone de combat ».

Plusieurs façons de gagner sont alors envisageables : KO, KO technique : quand l’arbitre décide d’arrêter le combat, soumission ou encore jet de l’éponge : quand le combattant décide d’arrêter le combat. A la fin des rounds, le jury comptabilise tous les points en fonction de critères de notation multiples. 

L'octogone dédié à la pratique du MMA
L’octogone dédié à la pratique du MMA

La pratique du MMA repose sur des valeurs fortes et des qualités à la fois mentales et physiques

La majorité des combattants d’arts martiaux mixtes ont pratiqué de nombreux autres sports comme Florian : « Je suis quelqu’un de très sportif. J’ai fait cinq ans de foot. J’ai essayé le Ju-jitsu qui m’a plu mais ce n’était pas assez complet. Dans le MMA, on travaille toutes les disciplines ». « Complet », c’est aussi l’adjectif qui caractérise le mieux le MMA d’après Mathieu Nicourt, 48 ans, coach et promoteur de MMA, l’un des premiers champions français de la discipline, gestionnaire de la salle de sport : Free Fight Academy :

Le MMA est le sport de combat le plus complet. Il nécessite un entraînement rigoureux, tant au niveau de la condition physique, de la technique que du mental. Le combattant doit cumuler des qualités d’endurance, de résistance et d’explosivité.

Mathieu Nicourt
Mathieu Nicourt

Florian dévoile les qualités et compétences que la pratique du MMA permet de développer

Quand il fait des cours à la carte pour un public jeune et adulte chaque soir de la semaine, il observe des progrès considérables chez tout le monde : « Les enfants hyperactifs vont se calmer un peu et au contraire les enfants introvertis peuvent s’ouvrir aux autres. Pour les adultes, ça peut réparer. Notre base pour les arts martiaux, c’est la confiance en soi ». Un sport individuel mais pas que…

D’après lui, à travers le combat contre l’adversaire, c’est un combat contre soi-même. Quand on s’entraîne, on le fait avec les autres et le coach ». Et pour assurer l’entraînement des compétiteurs, tout un staff autour du sportif professionnel est mobilisé : kinés, ostéos, chiropracteurs et naturopathes. En plus du cardio, la technique est capitale avec une partie au sol complexe à appréhender ce qui fait du MMA, un sport de répétition bien plus stratégique qu’on ne le pense :

On essaie d’avoir deux, trois coups d’avance pour que le combattant commette une erreur et aille sur une partie ou l’on veut agir.

Et Mohamed ajoute : « C’est presque un jeu d’échecs. C’est donc aussi énormément de mental ». Mathieu Nicourt cite le Brésilien Royce Gracie gagnant du premier UFC, comme référence en MMA ainsi que le franco–canadien Georges St Pierre qui est aussi pour Florian, un modèle : « un très bon combattant humble et déterminé ». Mohamed Temmar, lui, nous annonce qu’il est inspiré par des combattants comme Randy Couture, parti à la retraite à 50 ans et Cheick Kongo. Des jeunes comme Salahdine Parnasse surnommé le Mbappé du MMA et Morgane Charrière sont eux aussi des talents prometteurs.

Salahdine Parnasse
Salahdine Parnasse

« SHOW MUST GO ON »

Même si Benoît « God of War » Saint-Denis et Cédric Doumbé remportent tous les suffrages et l’attention aujourd’hui en France, d’autres professionnels internationaux comme Michael Page aka Venom ou encore les frères Nick Diaz défraient la chronique à l’international. Ces figures mondiales ont grandement bénéficié de la dimension spectaculaire de la pratique professionnelle de MMA. Une facette du MMA relayée à grande échelle parfois au détriment de la cause de la discipline.

Ariel Wizman a traité de manière sensationnelle la question du MMA par le biais du reportage Les nouveaux gladiateurs. Bien qu’informatif, ce documentaire aurait causé du tort à la discipline en se focalisant majoritairement sur l’existence de combats clandestins.

L’aspect spectaculaire est tout de même une pierre angulaire du MMA : « L’aspect show est proche de celui de la boxe anglaise professionnelle. Il fait partie du jeu, puisque à haut niveau, le MMA est un sport professionnel qui nécessite donc d’attirer les spectateurs » signale Florian. Les galas et rencontres mondiales sont aussi très importants pour la diffusion du sport. Mathieu a une révélation quand il regarde les images du premier UFC (Ultimate Fighting Championship), la plus grosse ligue internationale américaine de MMA actuelle : « J’ai alors changé complètement ma façon de m’entraîner et j’ai pratiqué le grappling (ensemble des techniques de contrôle, projection, immobilisation et soumission d’un adversaire debout ou au sol), la lutte et la boxe ».

Cette part spectaculaire est donc incontournable selon Mohamed

C’est un gros avantage mais aussi un gros défaut. Les règles ont été étudiées pour que ce soit un sport spectacle. En 2001, j’ai organisé un DKM. Il n’y avait presque que des couples qui attendaient des combats de classe A et du sang. Du coup, quand les combattants de MMA sont sélectionnés, c’est en fonction du nombre de KO qu’ils font. Les personnes qui font le show comme les frappeurs vont être privilégiés au détriment des personnes techniques. Avant 2001, c’était beaucoup plus technique et justement c’était presque ennuyeux pour ceux qui ne suivaient pas le MMA

ENVOL DE LA PRATIQUE AMATEUR

Pratique amateure dans un club de MMA
Pratique amateure dans un club de MMA

Florian Rousseau surenchérit sur la distinction à faire entre pratique amateure et professionnelle : « Pendant ces matchs, ce sont des athlètes accomplis et des pros donc ce n’est pas le même sport que celui pratiqué par les amateurs. Certes ça parait violent et les coups sont appuyés mais c’est leur boulot ». Les combats de MMA professionnels sont donc plus violents que la pratique amateure.

Et pourtant, il s’agit majoritairement de ces combats-là qui sont relayés dans le monde entier. D’où la diffusion massive de combats brutaux où la résistance des combattants est mise à rude épreuve. Un sport qui, pratiquée en amateur, reste tout public : « La pratique amateure est en train de se développer. Il y a des femmes et des enfants qui en font. Dans ce cas, c’est surtout pour apprendre à se défendre et à se défouler et gagner en confiance » souligne Florian. 

Quant à l’extrême dangerosité du sport, il n’est pas du tout de cet avis : « Ce n’est pas vraiment un sport dangereux : en dix ans je n’ai pas eu de grosses blessures. Pas comme la boxe anglaise avec 80 % des coups qui sont reçus sur la tête. Sans compter que les gants de MMA sont plus fins qu’en boxe. On peut souvent gagner le combat sans frapper lors d’une soumission ou d’un amené au sol ».

Depuis la légalisation de la discipline, de plus en plus de femmes pratiquent le MMA pour se défendre

Mohammed assure qu’au travers des événements, on peut voir cette considération croissante des femmes, avec la mise en place de catégories féminines, auparavant inexistantes. Les femmes gagnent alors en confiance et en force grâce à la pratique du MMA qui peut leur permettre de se défendre au cas où elles seraient confrontées à une agression. Actuellement les femmes combattantes sont une minorité mais elles rivalisent déjà avec les plus grands.

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Article concocté par Audrey Poussines, 

Journaliste web et print passionnée par les faits de société, la culture, l'environnement, le sport et bien d'autres rubriques. En matière de sport, je suis très intéressée par les sports extrêmes. Je suis aussi une fan d'art urbain et d'art moderne, de gastronomie du terroir et exotique, captivée par tout moyen d'expression : danse, littérature, musique...

1 Comment

  1. MME LAVALLETTE BRIGITTE Répondre

    Je ne connaissais pas ce sport à l’air impressionnant merci pour le reportage

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