De la conquête des territoires à l’unification du royaume de France, Clovis reste encore aujourd’hui comme l’un des plus illustres rois de France. Mais, comment un vase brisé lors de la conquête de Soissons a marqué un tournant dans l’histoire de France ?
D’un chef de tribu au premier roi des Francs
À seulement 15 ans, Clovis succède à son père Childéric Ier. À la mort de ce dernier en décembre 481, il devient roi des Francs Saliens. Mais il n’est pas possible de donner une chronologie exacte. Tout vient de Grégoire de Tours, évêque de Tours, généalogiste de talent et historien de l’Eglise et des Francs.
À la fin du Ve siècle, le jeune Clovis s’appelait en réalité Chlodowich ou Chlodovechus et signifie “Célèbre pour ses combats”. Il hérite d’un territoire réduit, dont la capitale est Tournai, au nord de la Gaule – la Belgique actuelle.
Le roi, issu de la dynastie des Mérovingiens, bénéficie de l’œuvre de son père. Il hérite aussi d’une administration fiscale judiciaire léguée par Rome. En quelques années seulement, Clovis étend son pouvoir et réussit à réunir les tribus avoisinantes, grâce à ses talents militaires.
La conquête du royaume de Syagrius
Le jeune roi étend tout aussi vite son royaume vers le sud. Clovis choisit notamment de s’emparer du royaume de Syagrius dès 486.
En effet, en 484 les Wisigoths au Sud, qui forment le peuple le plus puissant, ont un nouveau roi, Alaric. Le roi des Francs sait pertinemment qu’ils vont très vite chercher à s’étendre.
Clovis décide d’attaquer Soissons, la capitale de l’état gallo-romain. Le jeune roi rassemble les tribus franques et décide de faire alliance avec les francs rhénans, ainsi que ceux de Cambrai. Le roi des Francs réunit alors une puissante armée. Cette dernière n’a aucun mal à se défaire des troupes de Syagrius lors de la bataille de Soissons en 486. Par ailleurs, le roi vaincu cherche à se réfugier à Toulouse. Mais les Wisigoths le renvoient aussitôt à Clovis, qui ordonne son exécution.
La Bataille de Soissons est l’un des plus célèbres épisodes du puissant roi des Francs. À la fois pour sa victoire face à Syagrius, que pour le pillage de la ville.
Le légendaire vase brisé de Soissons
La prise du vase de Soissons est l’un des événements les plus marquants du règne de Clovis. Sans doute même de l’histoire de France.
Comme selon la tradition, après une victoire les guerriers francs se partagent le butin dont ils se sont emparés. C’est lors de ce partage que le chef païen reconnaît le magnifique vase comme étant celui de Rémi, l’évêque de Reims.
À la demande de celui-ci, Clovis ordonne à ses soldats de le garder et de le lui restituer. Ce qui suscite la colère d’un des guerriers. Il s’énerve, jette le vase et le brise d’un coup d’épée en criant : “Tu n’auras rien ici que ce que le sort t’attribuera vraiment”. Cet affront provoque la colère du roi.
La vengeance d’un roi aussi impitoyable que rancunier
Réputé pour être chef de guerre impitoyable, synonyme de puissance et de respect, Clovis avait aussi la rancune tenace. Il promet alors de se venger.
C’est un an plus tard que le futur roi Chrétien met ses menaces à exécution. En inspectant ses hommes, Clovis prend le prétexte que les armes du guerrier qui avait provoqué sa colère n’étaient pas en bon état. Il le frappe avec sa hache en lui déclamant : “C’est ainsi ce que tu as fait au vase de Soissons”.
Cet épisode n’est pas un acte de faiblesse, bien au contraire. Cela montre la nature du pouvoir des Mérovingiens, certes fondé sur le respect des coutumes ancestrales. Clovis se montre redoutable et impose son respect. Il impose son autorité par la terreur. Le roi est aussi celui qui se fait craindre de ses guerriers. Il possède le pouvoir de vie ou de mort sur eux.
Un roi païen devenu allié de l’Eglise
Dès son avènement, les évêques de la Gaule du Nord, dont Rémi l’évêque de Reims, reconnaissent son ascendant territorial. En effet, même s’il est d’abord un roi païen, Clovis a déjà un rapport particulier avec le christianisme. L’épisode du vase de Soissons a un double enseignement, politique et religieux. Cela montre son adhésion à l’épiscopat.
Clovis se rapproche ainsi de plus en plus de la religion. D’ailleurs son mariage avec Clotilde en 493, la nièce du roi des Burgondes, lui attire la grâce des Catholiques. Mais ce ralliement ne peut se faire si vite car les Francs sont encore très attachés au paganisme.
Le roi se ne se convertit donc que tardivement à la Chrétienté. Il ne se fait baptisé qu’en 498 par… l’évêque de Reims, Remi (futur saint Remi), le jour de Noël. En remerciement de sa victoire 2 ans plus tôt contre les Alamans à Tolbiac. Cela montre aussi qu’il comprend là tout l’intérêt de ce rapprochement avec l’Église.
En 20 ans seulement, Clovis va bâtir un royaume des Francs qui deviendra le royaume de France
C’est aussi le roi qui va se rallier à l’Eglise et le premier à se convertir au Christianisme.
L’histoire de Clovis et du vase brisé de Soissons, mort vers 511, est étroitement liée à la construction du Royaume de France. Elle montre l’importance et la complexité de l’un des plus grands personnages dans cet épisode marquant de l’histoire de France.
À noter que le nom de Clovis a évolué phonétiquement en Ludovicus puis Lhodoys. Jusqu’à sa forme actuelle de Louis et Ludovic. Il n’a donc pas seulement construit un royaume, mais a aussi donné son prénom à l’histoire de France.
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Par Vincent Bouin ,
